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30 août 2018

Quand je Déjà, quand je démarre un texte par

Quand je 

Déjà, quand je démarre un texte par "quand je", il y a toujours un goût poisseux ; pourtant je n'arrive pas à concevoir autre chose que l'autoportrait comme exposition. Je me souviens pourtant de cet ami qui me disait "l'écriture porte à autre chose" (et quand j'ai écrit la phrase précédente je ne me rappelais plus qu'il avait employé "autre chose", je suis allé vérifier : quelle coïncidence !). Mais pour ma part, si je continue c'est juste parce que l'autoportrait n'est pas encore parvenu à son terme. 

Je disais donc : quand je pense aux autres, quand je m'imagine être avec eux, je les trouve beaux et attirants. Mais bien souvent, en vrai, ils m'assignent et je m'assigne. Je prends une toute petite voix et ils me considèrent comme débile.

Double mouvement, cercle vicieux (comme d'hab) : je n'ai connu à peu près que des autres qui n'écoutaient pas, qui étaient « dans leur monde » (comme on dit), ce qui n'a jamais été mon cas, contrairement à ce que raconte le récit officiel : ce qui a fait croire ça, c'est la peur vis-à-vis de tous ceux-là qui n'écoutent pas, la crainte-de-les-voir-encore-plus-se-renfrogner-alors-pour-la-peine-je-me-renfrogne-moi-même-d'avance. 

À chaque seconde je pense à eux.

Depuis quelques temps, curieusement, je rencontre enfin des autres qui ne me considèrent pas comme débile. Je n'en reviens pas : ils n'ont pas rien à faire de ce que j'apporte comme parole ! Une fois que j'ai dit quelque chose, ils se montrent enclins à développer, creuser, renchérir, ils cherchent des précisions quant à ce que j'ai pu esquisser. Sont-ils bien de cette planète ? Ils ne semblent pas m'assigner ; face à eux, je ne m'assigne pas. 

Expérience incroyable l'autre jour : je dis quelque chose, ses yeux me regardent, ses yeux écoutent et répondent à mon propos avec un sourire intéressé ! Jamais arrivé jusqu'à présent !

Et l'autre jour aussi : je dis quelque chose d'un peu incomplet et l'autre demande des précisions en ayant l'air de ne pas me considérer comme débile ! C'est possible, ça ?

Du coup j'ai moins une petite voix.

Mission : il faudra que je m'habitue à ce qu'on n'ait pas forcément rien à faire de moi. Quand je réponds, je le fais sur un ton d'emblée nonchalant puisque « de toutes façons ils n'en ont rien à faire », or avec ces nouveaux autres ça ne marche pas : ça ne les empêche pas de me considérer comme un être humain ! Saisissant ! Par conséquent : développer une assise. C'est en cours.

(Et de nouveau, hier, après avoir écrit ce texte : je la reconnais, l'accoste et on dirait qu'elle est contente que je parle ! Je ne sais pas quoi dire et ce que je dis je le dis comme ça en passant mais elle a l'air, malgré ce pauvre tableau, d'en attendre davantage avec un sourire et des yeux ! Mais alors, puis-je être digne ? C'est comme si elle pensait que je pouvais correspondre à une parole à entendre ! On me l'avait jamais fait comprendre jusqu'à présent ! Et je la connais à peine mais justement c'est encore plus dingue !)

 

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16 août 2018

Je peux dire à la fois ceci... : – Comme certains

Je peux dire à la fois ceci... :

– Comme certains mystiques se sentent tellement proches de Dieu qu'ils n'ont plus besoin du dogme (ni même parfois de Dieu), je me sens respirer tellement fort ce que l'on pourrait pompeusement appeler « le sentiment d'art dans la vie » que dans ma pratique (de l'art) je ne cherche plus à en faire. Tellement d'art qu'il n'y en a plus. Quand on voudrait trop en faire, on retrouverait le propos, le discours, seul moyen de faire passer ce que... non, bien plus qu'un moyen, une fin en soi : c'est tellement fort ce qu'on veut faire qu'il faut le dire. Non pas qu'on en soit « réduit » à ça, comme un certain surmoi esthète culpabilisateur voudrait nous le faire croire ; au contraire, on est augmenté. On en vient enfin à ce pour quoi on est là, on cesse de faire diversion.

...et cela :

– Au départ, je veux dire. Ça veut parler, proposer, tisser du propos. Mais la façon de dire ces dires est toujours un casse-tête : c'est ainsi que se présentent les énigmes langagières qui prendront un tour artistique. C'est par les impasses du discours, par la mise en œuvre toujours délicate d'une rationalité insaisissable que je vais me mettre à faire le styliste. Je vais profiter de mon incapacité à expliquer et à exprimer (ces deux mots tabous du surmoi esthète culpabilisateur) pour « investir le langage pur », pour faire un « saut dans la confrontation des fragments d'agencements d'intuitions » (auto-citation d'un texte précédent). Ça perd souvent l'idée de départ mais ça y gagne justement bien plus qu'une simple idée : la complexité de ce que je suis.

Où l'on voit que l'inversion de causalité est un salutaire moyen de s'émanciper d'une première inversion de causalité devenue trop encombrante de par son hypocrisie, et ainsi de suite... Appuyer sur l'autre pôle, tordre le bâton dans l'autre sens, c'est révéler ce que le monde a trop longtemps déguisé, et ainsi de suite... Binarité, circularité = liberté sans cesse à recommencer. 

15 août 2018

Plus j'en connais, plus je me dis que les éclopés

Plus j'en connais, plus je me dis que les éclopés sommes les plus clairvoyants. Nous devrions gouverner la terre si nous n'étions pas justement les moins capables (par la force des choses) de nous acquitter de cette tâche (par définition).

Le problème des autres, c'est qu'ils ont quand même souvent du mal à faire des liens, ils restent arc-boutés (comme qui dirait ; et je vous jure que je voyais l'image du type à la fois appuyé et surélévé avant même de me remémorer le sens figuré). Leur position appuie leur propos (« j'ai cette vision-là de lui alors je vais tenir cet angle concernant son cas »). Ils s'y perdent. Comment donc expliquer leurs mouvements si convaincants, si attachants ? C'est parce qu'il nous faut bien Eux pour nous soutenir, nous les éclopés, mais ce sont nous qui devrions soutenir leur gaucherie, leur prêter notre voix qui sonne tout de même bien mieux.

14 août 2018

Ça y est, j'ai saisi le déplacement ! Cet auteur

Ça y est, j'ai saisi le déplacement ! Cet auteur me donnait envie d'écrire, puis je me suis vu écrire et ce n'était pas fameux, vraiment emprunté, puis j'ai relu une phrase et je me suis dit « ce n'est donc que ça ma vie, approuver des phrases ? », et par ce mouvement je me mettais à dériver vers « cet auteur n'est donc que des phrases, je ne suis donc que des phrases ? » (l'auteur et moi c'est souvent la même chose), avec, vous l'aurez compris, un certain goût amer, comme on dit. J'ai saisi la confusion à l'œuvre et je vais tenter de ne plus la reproduire : je prends mes faiblesses pour des jugements ; mon incapacité à me saisir de l'énergie d'autrui se transforme en déconsidération du tableau auquel j'assiste (moi me nourrissant de l'énergie, autrui produisant cette énergie : dans cet ordre-là, car ce sont mes propres limites qui inspirent les limites que j'imagine ensuite concernant l'acte). Les trois degrés de l'épuisement s'expriment ainsi : 1) Sensation physique brute, 2) Extrapolation concernant mon cerveau (« Je ne crois donc plus à cela ? », alors que c'est complètement faux, je crois perpétuellement à tout, je n'en ai simplement pas les moyens), 3) Extrapolation concernant le monde (« Ils sont sûrement aussi incroyants que moi, pardi ! », alors que non, ils sont souvent plein de détermination, pour le meilleur et pour le pire, en tout cas de quelle flamboyance ils font preuve !).

13 août 2018

D'accord, j'ai sans doute ignoré les autres

D'accord, j'ai sans doute ignoré les autres pendant longtemps, mais maintenant que je les ai découverts, quel émerveillement ! Certes, le solipsisme fait perdre quelques années, mais la contrepartie vaut vraiment le coup : le moindre geste d'Eux nous semble à tomber par terre, inestimable intensité que l'on n'aurait jamais vécue si nous les avions d'emblée reconnus.

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12 août 2018

Vraiment, il ne faut pas confondre : ce n'est pas

Vraiment, il ne faut pas confondre : ce n'est pas l'exotisme qui intéresse les hommes totaux, improprement appelés « citoyens du monde » et ainsi mis dans le même monde que celui des néo-coloniaux ! Quand j'écoute ces sonorités, quand je goûte ces parfums, je ne cherche aucune étrangeté, je mets simplement en œuvre un moi augmenté, correspondant enfin à l'entièreté de mon innervation. Il faut que ce soit quelqu'un qui me dise que « cela n'est pas européen » ; je ne m'en serais pas rendu compte tout seul. 

Mais le deuxième temps constitué par cette information (« cela vient de là ») est néanmoins essentiel : il me permet d'être moins centré sur mon auto-création. Il y a donc des autres tout aussi totaux que moi, et c'est même grâce à eux que je le suis à ce point.

11 août 2018

(La psychanalyse me dirait peut-être que si mon

(La psychanalyse me dirait peut-être que si mon désir de transparence sociale se fait jour à ce moment, c'est parce que ma pulsion libertine détermine ma pulsion libertaire. Mais tel Sartre disant que le plaisir de l'enfouissement précède le plaisir coïtal et non l'inverse, je réponds que c'est le monde social dont je rêve qui rendrait possible la pratique affective afférente, et qu'inverser la causalité conduirait à un hédonisme oppressif.)

10 août 2018

Je reviens un instant sur le rôle du médecin : on

Je reviens un instant sur le rôle du médecin : on sent de plus en plus une certaine négligence, une familiarité. Serait-ce à dire que l'enduit se dégrade ? Ou bien cela a t-il toujours été sa marque, rendue possible par le fait qu'il connaisse notre corps ? Quoi qu'il en soit, dans le cadre de la relation telle qu'elle est établie, cela ne peut manquer de nous faire violence. 

« Mais y'a paaaas de herniiiie, lààà ! »

« Allez, pissez tant qu'vous pouvez ! » 

« J'vois vraiment pas c'que ça peut être votre truc »

Je ne crois pas qu'on puisse imaginer un quelconque employé du « monde des activités » s'exprimer avec une telle nonchalance, ou alors c'est quand le craquement du vernis ne laisse apparaître que la haine envers l'ordre des choses, ce qui est déjà un pas, même si on préférerait tous que cela commence par se brancher sur l'humain tout aussi plein de refus qu'il a en face de lui et qui n'a donc pas plus de raison que lui-même d'être traité comme un « objet à traiter ». 

9 août 2018

Toujours hésité quant au sourire adressé : est-ce

Toujours hésité quant au sourire adressé : est-ce le commencement de tout ce que l'on souhaite (la fin des rôles sociaux), non seulement le commencement mais la potentialité pleine et entière, l'effectuation de la tendresse universelle qui sommeille, l'actualisation de ce qui nous pousse vers l'être de l'autre, ou bien son inverse, le masque, la peur panique du dévoilement ? Répondre « soit l'un soit l'autre, suivant les personnes », tel un moraliste du XVIIème siècle, ne m'a jamais convaincu. Comme d'habitude, je choisis la synthèse : les deux en même temps ; car de façon fort compréhensible en période pré-révolutionnaire, les deux mouvements sont présents en chacun de nous ; et de manière tout aussi évidente, l'appréhension d'être apprécié sous toutes les coutures témoigne de l'importance plus grande que tout que nous accordons à la chose : ce n'est pas tant que les autres doivent nous mériter, c'est surtout que nous devons mériter les autres, dont la richesse inégalable ne peut manquer de nous intimider.  

8 août 2018

Je suis allé voir un médecin : il tenait son rôle

Je suis allé voir un médecin : il tenait son rôle ; on sent sacrément l'emprise qu'on ne peut défaire sans honte ni risque, sans risque honteux. Ça s'entend dans le ton qu'il prend.

Je suis entré dans un magasin, dans un service, dans un magasin de services : là aussi ça tient le rôle ; pour le coup, c'est l'enrôlé qui est crispé, qui semble craindre la moindre frasque langagière de sa part. Il ne relâche jamais sa peau. 

Que ce soit dans ce « monde des activités » ou plus généralement dans le « monde social régi par le monde des activités, même ses à-côtés », ce n'est jamais facile de forcer la transparence. Non seulement nous sommes tétanisés par ceux qui nous détiennent, mais de plus nous ne voudrions pas passer pour de petits dictateurs libertaires qui iraient promener la main sous la jupe de ceux qui préservent encore leur distance dans leurs sourires.

Peut-être qu'après tout il doit y avoir préservation tant que nous ne sommes pas à l'unisson... Mais on ne m'ôtera pas de l'idée qu'un tout est présent dans chaque propension à déchirer ses vêtements, que ce n'est pas simplement une étape temporelle mais carrément une preuve de la perversion en acte des rôles.

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