Mais en fait à chaque fois je pleure avec cette chimie, enfin j'veux dire l'autre fois ça a failli et cette fois-ci ça l'a fait proprement dit : tout retombe ("la pression" de la douleur) et du coup on se dit "ah mais oui c'est vraiment triste à en pleurer quand on constate à tête désencastrée la situation". Cette fois-ci, la douleur à la lumière persiste bel et bien mais le cerveau se sent comme qui dirait désencastré (comme si à défaut d'effet perceptif, se faisait tout de même sentir un effet euphorique).
Il faut dire que tu avais également pleuré plus tôt dans la journée en écoutant cette chanson et cet album jadis écoutés en état de douleur (physique) : tu pleurais parce que tu te souvenais qu'il annonçait – et représentait semble-t-il de façon récurrente – le cerveau qui s'accroche malgré tout à ces mélodies dignes de ce nom, qu'elles seules valent la peine s'il s'agit de continuer d'avoir affaire à des éclats dans le crâne.
Tu te rappelles de ce vieux monsieur (relativement vieux, pas vieillard mais vieilli par la douleur) – qui t'annonçait ou te représentait ? – qui avait déclaré lors de la conférence d'information « ah oui et puis quand on vient de faire claquer la vaisselle et que du coup ça nous lance dans l'oreille on se dit "ah mais mince, j'suis négligent, maudit sois-je, j'aurais dû faire attention", on se culpabilise toujours de s'être fait mal à cause du bruit qu'on semble s'infliger à tort » : oui, tel est le lot de vous, c'était tellement toi quand il a dit ça. Toujours à se dire qu'on y est pour quelque chose dans la douleur qui arrive. Depuis que tu sais que tu n'y peux plus rien, curieusement, tu vas mieux.
Tu voudrais même qu'on t'envie, que tout le monde sache qu'au moins quand on est ainsi on atteint une sorte de détachement que les autres feraient bien de nous envier au lieu de nous plaindre. Ce n'est pas donné à tout le monde.
J'ai gagné la compréhension. Par conséquent je serai toujours bien. Vous aurez beau me voir toujours mal (et le fait est que je serai toujours mal), secrètement sachez que je possède depuis plusieurs années une illumination quant à mon état et quant au monde, le moindre instant étant à replacer dans le contexte qui le permet et le fait être unique en son genre, empêchant certes certaines potentialités de s'actualiser mais en permettant d'autres qui constitueront toujours une forme d'apport décisif ou tout du moins cumulatif, se présentant en écho à d'incarnés moments passés et se colorant donc d'eux aux dépends de son éventuelle univocité (qui advient nécessairement d'une façon ou d'une autre dans une journée, même riche).