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Définitivement

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20 janvier 2019

Avant l'été (2002), je semblais comprendre de

Avant l'été (2002), je semblais comprendre de quoi il retournait, trop comprendre. Non pas que l'arbitraire ne m'apparaissait pas (ça m'oppressait), mais on aurait dit que je faisais partie du dessus du lot. Tiens, lui il cherche à me faire dire des choses intéressantes (il est sympa même s'il embête tout le monde) mais tiens, ça ricane quand il pose des questions en classe. Alors j'aurais dû ricaner moi aussi ? La pop : elle est passée où ? Les filles : je les vois pas.

Après l'été (2002), ah c'est donc comme ça que la pop sonne quand elle est punk, ah c'est donc comme ça que les filles ont l'air d'être, ça s'est ouvert tout seul en moi sans qu'il ne se soit rien passé, et surtout : où sont passés les arabes ? Au collège il y en avait, au lycée il n'y en a plus. C'était donc pour ça qu'il fallait ricaner, parce qu'on savait que de toutes façons ils n'allaient pas passer la barrière, que c'était déjà tracé dans le cahier de la vie ? Cette fois-ci c'est de moi qu'on ricane car je ne sais plus comprendre. Maintenant faut faire ça dans les formes. Du coup pour la peine je serre la main aux quelques non-blancs et je sais que c'est eux qui sont dans le vrai (je me rappelle quand je disais à cet ami « je suis admiratif de ce type qui a le culot d'arrêter les cours » et qu'il ne comprenait pas pourquoi il fallait être admiratif et que moi je ne comprenais pas pourquoi il ne comprenait pas, pourtant c'était évident que vu comment c'était barré, qu'on ne voulait plus de ceux qui n'étaient pas dans les formes, il valait mieux se barrer).

Du coup, forcément, à la fin : à la fois anarchiste et islamo-gauchiste. Pas autrement. Comprends pas comment autrement. Car en considérant bien le malaise dans toutes ses déterminations, on ne peut pas en rester au désir de briser l'oppression, c'est le simple fait de l'hypocrisie des autoproclamés pontes de l'universel qui est glaçant. C'est l'instruction en soi qu'il faut caractériser telle qu'elle est : de mauvaise foi (et pas seulement engoncée). 

Tout a germé en même temps, ce soi-disant tempérament artiste cœur d'artichaut ne pouvant que rencontrer la critique de la modernité, comme à toutes les époques. Car c'est la plus grosse supercherie actuelle d'oublier que les émancipateurs de l'esprit (j'ai enfin lu les manifestes surréalistes la semaine dernière) ont toujours ferraillé avec l'état actuel du progrès. C'est le principe même. Faire croire que la gauche est progressiste, c'est plutôt rappeler qu'elle ne s'est pas toujours prémunie contre l'évolutionnisme bourgeois. 

Quand on s'essaie au soi-disant tempérament social (nous les soi-disant tempéraments artistes), on s'y perd un peu parfois, certains s'y sont carrément perdus mais c'était l'époque. Maintenant on peut quand même savoir de quoi il retourne concernant les positions structurelles de chacun + dire que ça tient à rien (ce qui revient au même car « parler de l'idéologie comme d'une chose, c'est déjà la dépasser en partie », j'ai trouvé ça chez Sartre).

Avec les tempéraments sociaux, on doit faire semblant qu'on tient au fameux clivage, Saint-Graal de l'Occident, les c'était mieux avant contre les ce sera mieux après, oh oui acceptez-moi parmi le bon camp, ô Saint-Temps, je me conduis vers toi, l'individu collectif que nous sommes nous conduisons vers l'après à bâtir par-delà les ténèbres de ceux qui n'avaient rien compris, qui n'avaient fait qu'opiner ! 

Alors oui d'accord, plein de choses encore à explorer et point la peine de déplorer dans le vide, mais justement, tout en fait partie, tout doit être repris à la racine, même le fait de reprendre, histoire de ne pas singer.

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7 janvier 2019

Vous savez où est passée la brit-pop 90's ? J'ai

Vous savez où est passée la brit-pop 90's ? J'ai cherché, j'ai pas trouvé. J'suis allé demandé dans la rue à des gens, je leur ai dit « et la brit-pop 90's, alors ? vous en faites quoi ? », ils m'ont rien répondu, m'ont à peine regardé, ont fait demi-tour en écoutant leur électro-pop 2010's surproduite dans les oreilles.

Je dis pas que j'ai déjà trouvé jadis la brit-pop 90's. Jamais vraiment eu accès. M'apparaissait trop propre. Quelque chose de perdu par rapport à ce à quoi j'étais formé (le post-punk fin 70's-début 80's).

Mais tout de même, ces guitares, cet art mélancolico-mélodique, où sont-ils passés ? Il fallait persévérer, se persuader qu'il y avait quelque chose derrière les quelques façons de faire trop blanches-mornes-classe moyenne.

Il faut pas s'en foutre de la brit-pop 90's. Qui ne s'en fout pas aujourd'hui ?

Et puis vous avez entendu ces albums fin 80's-début 90's qui font la jonction entre la pop dançante d'avant et la pop à guitares d'après ? C'est si aéré, cristallin, si chaud et si frais à la fois ! Quelle jonction ! L'art de la jonction. On parle peu de cette jonction (c'est le grunge qui a gagné).

Autre jonction à laquelle j'étais formé : la power-pop qui eut lieu pendant le post-punk, à la fois énergique et minimalisto-mignonne (entre 70's et 80's, donc).

Je n'ai donc pas cessé de tenter de l'approcher, la brit-pop 90's. D'une manière ou d'une autre. J'en ai trouvé des réminiscences dans un groupe psyché-post-prog 90's-2000's dirigé par un génie (à vous de trouver lequel). C'est ça qui m'a rappelé que je l'avais cherchée durant des années (la brit-pop 90's) et que pour la trouver, pour trouver sa froideur déchirante, son attachement forcené à certaines bases de l'émotion (incroyable, il y a des guitares avec des sonorités touchantes et des voix avec des mélodies chantées et une batterie avec un être humain, impensable en 2019 !), il fallait se pencher ailleurs, vers ce qui en a respiré l'air sans en reproduire l'étouffement. Quelque chose qui entre autres en a, mais qui est heureusement bien plus que ça.

Mais n'empêche que elle est où ? 

4 janvier 2019

C'est dingue, ça fait dix ans qu'on s'est pas vus

C'est dingue, ça fait dix ans qu'on s'est pas vus et ça reste la personne qui semble avoir le mieux compris cette facette de moi-même ! Quant à cette autre facette, c'est vrai que c'est plutôt cette personne-là qui l'avait apparemment saisie, tout en passant complètement à côté de cette facette-ci ainsi que d'une autre encore qui, elle, a pleinement été explorée par cette autre personne dont je n'avais pas encore parlé.

Je fais pas exprès, tout est bien moi, c'est compact, uni, pas dissocié. Je trouve que ça va bien ensemble (même si tout ne serait pas à prendre pour quelqu'un qui voudrait par exemple être le Christ). Pourquoi vous voulez pas tout savoir ? Pourquoi chacun se cantonne à un coin ? C'est quoi qui vous cache quoi ? Je montre tout, pourtant ! 

Seul un compartiment (ou à la rigueur plusieurs tiroirs mais qui relèvent du même rangement) semble intéresser chacun autant qu'il est quelqu'un. C'est peut-être ça le problème, c'est que vous êtes quelqu'un tout comme moi, que je ne peux donc m'empêcher de voir comme un certain quelqu'un qui est “un” en croyant que “un” signifie univocité, tout comme vous ne retenez que ce que vous voulez bien voir, tout comme je ne retiens moi aussi que ce que vous semblez retenir de moi !

AH JE VOUS Y PRENDS !

2 janvier 2019

Ça a sûrement déjà été écrit dans tous les

Ça a sûrement déjà été écrit dans tous les journaux intimes du monde, mais je le tente quand même : « et si la meilleure preuve d'amour c'était de se dire “de toutes façons j'aurais été un vermisseau à traîner pour elle, pour elles, donc si je l'aime, si je les aime, je dois définitivement la, les préserver de moi” ? ». Ainsi, je rayonne. 

Du coup c'est malin, ça se complexifie encore (concernant la pop) : à cause que je l'ai revue l'autre jour, cet album me fera à tout jamais penser à elle, alors que c'est l'artiste que j'avais édifié pour elle (l'autre, celle d'après) ! Du coup je me suis mis à pleurer mais je ne savais plus si c'était à cause d'elle ou à cause d'elle, c'est vraiment malin, vraiment pas malin. C'était à cause de tout ça à la fois, à cause de la distance de l'amour en général. À cause que mes bras ne peuvent s'ouvrir que de loin (on dirait, c'est pas que je le veuille mais ça fait toujours ça), que c'est « ok, alors tout compte fait ce sera encore pas moi cette fois-ci, ce sera un autre, comme toujours, mais vous faites bien car je n'aurais pas fait l'affaire, je ne surjoue pas je le sais très bien, t'inquiète, vous inquiète, enfin vous inquiétez pas, je rayonne d'amour à distance, tel est mon rôle il faut croire ».

9 décembre 2018

Faut faire gaffe à la pop, mais quand même pas

Faut faire gaffe à la pop, mais quand même pas trop (pas plus que de raison, pas que ça te masque tout).

2009 : Je fais écouter ce morceau parfaitement pop à cette amie et elle semble ne rien comprendre. Comment lui expliquer ? Je vois bien que ça veut dire que ça colle pas (en effet, ça rompra). Comme hier avec ce mec : « ça ronronne, non ? », qu'il me dit. Alors que je commençais enfin à entrer dedans, justement parce que ça commençait enfin à creuser la pure suspension mélodique ! Chez un non-comprenant de la pop, tu as toujours l'impression qu'il ne comprend pas ce qu'il se passe, que rien ne se passe pour lui. C'est justement parce qu'enfin rien ne se passe qu'on entre enfin dans ce qui nous intéresse (nous) : ça a trouvé à quoi s'accrocher, qu'il y avait une tournure qui révélait quelque chose de la vie que toutes les variations chaloupées ne faisaient que masquer. (Pour un béotien du jazz, tous les morceaux semblent se ressembler ; pour un béotien de la pop, cela semble être pareil ; il faudrait pouvoir expliquer qu'on s'entend sur ça, se rejoindre dans l'incompréhension couplée.)

2017 : Tiens, je suis en train de découvrir cet artiste pop contemporain qui aurait pu m'effrayer il y a quelques années mais qui me touche aujourd'hui. Il faut me laisser le temps de m'y plonger, mais je sens le potentiel de partage amoureux : ma dulcinée aimerait et moi aussi, on se rejoindra dessus. Ce sera notre nouvelle B.O., nous repartirons de bon pied. Laissez-moi quelques semaines et je soigne l'ambiance et l'état d'esprit. Ça se mariera (je vous vois venir, je n'ai pas dit « on se mariera » même si j'ai prononcé l'expression par inadvertance et que ça l'a fait rigoler, qu'elle semblait flattée). Je vais mettre les p'tits plats, etc. Je vous dis que ça !... Sauf qu'en fait elle me quitte. J'avais pas vu venir. J'avais pourtant préparé tous les CD, c'était tellement nous, tellement phénix vibrant renaissant. Mais on me la fait pas à moi : il y a une réalité parallèle où l'on est repartis grâce à lui, grâce à la pop, où c'est notre nouveau fond. On a même fait l'amour dessus une fois (j'y arrive parfois maintenant). Si si, ça a existé dans une autre voie possible de l'existence. Là j'ai juste chopé la mauvaise, mais vous verrez qu'en me réveillant de ma prochaine anesthésie, je reprendrai les bonnes chaussures (il faut bien, je suis en train de faire la collection des disques).

Donc ouais, des fois ça masque et des fois ça révèle, mais même quand ça masque ça révèle déjà le fait que ça masque alors que ça devrait révéler. Il faut tendre à ce que ça révèle. C'est étudié pour.

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11 octobre 2018

J'ai fait le compte, ou plutôt l'inventaire :

J'ai fait le compte, ou plutôt l'inventaire : toutes les personnes que j'ai récemment eu l'occasion d'apprécier en pleine connaissance de cause (les fréquenter pleinement dans la ville où je réside) ont un trouble dont je suis également atteint. Lui, c'est fatigue permanente. Elle, c'est intestin délicat. Lui, c'est oreilles échauffées. Elle, c'est tremblements de fringale. Lui, c'est tensions et vulnérabilité. Elle, c'est sommeil précoce.

C'est comme cela que nous nous reconnaissons. C'est pour cela que l'on s'entend.

Si j'ai tout ça à la fois, ce n'est pas forcément avec les mêmes atours (je disais l'autre jour à "fatigue permanente" : « c'est marrant parce qu'on dirait que toi c'est par le cerveau que tu sens que tu n'peux plus lire, que c'est trop pour toi, alors que moi c'est purement corporel, oculaire : mes yeux ne tiennent plus la route, et bien plus que mes yeux, toute ma poitrine également, enfin je sais pas comment dire », « ah non moi je sens que je pourrais continuer si ma tête y était, mais je comprends plus rien, tout s'affale, tombe », « moi de mon côté je me suis jamais reconnu dans “tomber de sommeil”, c'est pas que je tombe, c'est que je suis crucifié en l'air par la faiblesse, loin de tout »). Mais il est clair que j'additionne les corvées. Ce serait certes immodeste de dire que je les contiens (mes camarades), car ils ont autant à m'apprendre que j'ai à leur apprendre (sur la douleur), mais disons que c'est la cumulativité qui fait que je bénéficie d'une telle sympathique bande d'éclopés.

1 octobre 2018

« C'est du lard ou du cochon ? ». C'est à peu

« C'est du lard ou du cochon ? ». C'est à peu près ce que m'évoque toute écriture qui se pense comme telle. Il faut croire que c'est ce qui fait sa force (j'ai même tellement tendance à le croire que j'en rajoute parfois dans la confusion, n'est-ce pas). Mais on a malgré tout envie de secouer l'auteur par les jambes pour lui faire dire ce qu'il ressent vraiment, hormis des mots. 

En musique, cela gêne moins qu'il y ait le lard et le cochon, cela s'assemble compactement, on ne les distingue tellement plus que la vie nous apparaît. (Par exemple : je chante et par ailleurs j'aime les filles et la douceur, donc ça me paraît être la moindre des choses de faire advenir mon intérieur "féminin" doux quand je chante, ça vient sans calcul ; simultanément, l'énergie vocale est une réponse à ma tension saccadée, donc apparaît également nettement une certaine théâtralité brusquement non-douce, aidée par la dimension de violente incarnation inhérente à la pop ; on comprend tout de suite que ça vient ensemble, pas de « phrase à soupeser pour qu'elle produise son effet », pas de « recherche d'équilibre », nous ne sommes plus dans une « alternance de sensations à ordonner », nous sommes directement à l'écoute de ce qu'il faut faire pour être.)

Pourquoi mes meilleurs textes sont-ils écrits quand je reviens d'un hôpital où l'on s'est occupé de moi ? Peut-être parce qu'enfin je ne suis que ce que je suis : je ne cherche plus à appeler qui que ce soit en particulier puisqu'on vient de me considérer comme quelqu'un de digne d'attention. C'est juste un bonus d'incarnation que j'offre, pour remercier le monde de m'avoir permis d'être pris en compte. Merci de votre attention.

28 septembre 2018

Vous montrer les mélodies que j'aime, c'est me

Vous montrer les mélodies que j'aime, c'est me mettre tout nu. Écouter mes disques en la présence de quelqu'un d'autre m'a toujours semblé être comme m'exhiber sans pudeur. Je pense sincèrement qu'à partir du moment où quelqu'un sait que ce qui me représente le plus c'est (par exemple) l'album Condition Blue de The Jazz Butcher (toutes les chansons, leur succession, leurs contrastes, leur cœur, leurs tournures), pas la peine de faire l'amour avec moi, c'est déjà tout comme. 

(Je m'en rappelle, je n'arrivais pas à me concentrer quand elle voulait qu'on mette de la musique pendant qu'on le faisait ; j'étais tout entier dans la musique. Chez moi c'est soit l'un, soit l'autre.)

Cette nuit, rêve : j'écoute un disque en la présence de quelqu'un qui n'a pas les mêmes goûts que moi et qui avais l'habitude de multiplier les remarques désobligeantes sur mes choix ; maintenant qu'on est tous les deux matures, je me dis que je pourrai lui faire prendre comprendre ce que je trouve aux différentes sortes de mélodies qui se succèdent : « tu vois, ça c'est telle sorte de mélodie, là maintenant c'est telle autre, tu entends, on la reconnaît par telles caractéristiques, et ensuite on passe à une tournure qui est plutôt de cette sorte-ci, déchirant n'est-ce pas, et puis maintenant forcément c'est un peu plus enjoué, c'est ça la vie ». Il faut expliquer la pop. (Dans le rêve, il a l'air à la fois perplexe et respectueux ; je ne sais pas ce qu'il en serait dans la réalité.)

Hier, retour de l'hôpital : une amie m'envoie un live de ce groupe et de cette chanson qui m'évoquent tant. Que rajouter d'autre ? Je revois une période où j'avais déjà raison, où je sentais bien que j'étais malade mais que ce n'était pas pour ça qu'il ne fallait pas prendre tout ce qu'il y avait à prendre comme intensité possible. Une chanson lente comme ce que je suis devenu et qui contient tout ce que j'aurais pu devenir (et que je suis bel et bien devenu dans la mesure où ce devenir possible m'a porté tout du long). Tout se trouve justifié par un diagnostic : c'était donc bien ça, la pop me l'avait bien dit ! Elle m'avait bien fait comprendre qu'elle était ma béquille, on peut donc tout reprendre au début dans notre tête, refaire le tour des circonstances sans qu'il n'y ait plus de passé, présent ou futur, mais une simple justification perpétuelle, plus sensée que la douleur.

(Et se dire que si on a un jour quelque chose d'intensément grave, prouvé comme tel, on sera consolé par le fait que la pop nous l'avait montré d'avance, du coup on s'y prépare sans s'y préparer – à savoir en y pensant / mais sans que cela vienne gâcher la beauté / puisque cela en fait partie / mais qu'elle est bien plus que cela / mais elle est aussi cela / etc. Si cela arrive, ce sera la preuve que la pop est triste. Si cela n'arrive pas, ce sera la preuve que la pop est belle. Dans les deux cas, elle est ce qu'elle est, elle a raison d'être ce qu'elle est, elle est tout ça.)

22 septembre 2018

« Tout ou rien », chez moi, ça vient de là : «

« Tout ou rien », chez moi, ça vient de là : « allez, même si tout nous déborde, on va s'efforcer de mener des actions du mieux que l'on peut, mais là oh ! On nous dit qu'on n'a pas fait comme il faut, oh, ok ! Alors ensuite, on va faire sans bruit, de façon réticente, en s'attendant à ce que l'on nous tombe dessus pour le moindre truc, et en fait oh, tiens ! On nous dit rien du tout à ce moment-là, alors que pourtant on croyait qu'ils nous engueulaient pour tout ! Faut-il donc faire tout ou rien ? Si je fais tout, je suis toujours déçu qu'on n'ait pas compris les raisons de tel ou tel embranchement, alors du coup je m'attends à ce que l'on me reproche ce que je n'ai pas fait, du coup tant qu'à faire je ne le fais pas ! En fait, faudrait soit que vous accueilliez tout de moi, soit que vous alliez jusqu'au bout de vos exigences morigénantes, je saurais ainsi mieux me préparer à vous ! »

C'est le problème de l'intention. Qui l'a vraiment traité ? Je ne connais pas bien la philosophie alors s'il vous plaît, indiquez-moi qui a réglé le problème de l'intention (sans en faire une théorie de l'action qui, par définition, fait dégringoler au second plan ce qui nous intéresse ici, l'intention). Je suis rarement d'accord avec les défauts et les qualités que l'on me prête. En gros, ça fait ça : « tu dis que j'ai cette faute-là à mon compte ? Pourtant, si tu savais comme je m'efforce du contraire ! C'est pas comme cette soi-disant beauté que tu me prêtes et qui n'est que calcul en catimini ! Vraiment, tu as tout faux, je suis à la fois bien plus attentionné et bien plus pervers que tu ne le penses ! ». On dirait qu'ils font exprès d'inverser. Mais si l'on perçait l'intention, l'on franchirait les limites de l'opacité et l'on comprendrait alors que dans les élans, ils, nous faisons toujours preuve de grâce, avec ou sans intérêt.  

7 septembre 2018

Détruire ou subvertir ? Le sentiment de gêne que

Détruire ou subvertir ?

Le sentiment de gêne que j'ai toujours ressenti face à la poésie (se pensant comme destruction du langage) ressemble à ma capacité à ne savoir écouter que de la pop (se pensant comme subversion de l'art mélodique).

Oui, "capacité" car assez de se cacher ! La pop est la plus belle stratégie !

Écrire ici, faire croire que je fais des phrases, simuler le discours pour faire naître autre chose (ce que d'aucuns appelaient l'art du détournement) me paraît bien plus adéquat pour ce qui est de la violence langagière à perpétrer.

La pop intelligente décoiffe davantage qu'une non-pop irréfléchie. Le fait que si peu d'esthètes savent l'apprécier m'étonnera toujours.

Comme le disait ma dulcinée qui n'est plus ma dulcinée, en parlant de l'une de mes icônes, « il a vraiment une bonne tête ». Et s'il s'agissait tout simplement d'aimer les artistes pour ce qu'ils sont ? De bons gars. Je ne vois pas ce qu'il y a à opposer à ça. Est-ce vraiment si fréquent ?

Je ne crois pas que j'arriverai à épuiser l'étude des différents tours que peut prendre une bonne mélodie faite par de bons gars qui ont une bonne tête. C'est toute une vie pour la/les saisir. C'est s'arrêter profondément sur un langage, ne pas le contourner trop vite. 

Contourner, c'est faire de grands gestes ridicules. C'est détruire pour rien. 

Subvertir les formes acquises, c'est vraiment montrer le monde et ainsi le dépasser. 

Plonger dans la quintessence pour aller au-delà. Comme faire des phrases qui semblent avoir un projet (plutôt que faire croire que l'on pourrait d'emblée se situer hors de toute causalité, dans une proclamation abstraite et lyrique, risible).

On voit ainsi ce qu'il y a à respecter ou pas dans le souffle transmis. Il restera le meilleur de l'homme : le bon gars et sa mélodie qui est tout ce qu'il y a à savoir. On sent dans leurs voix qu'ils cherchent juste la justesse de la couleur. Ça te suit partout. On est dans leurs voix, dans leurs lignes. Comme ici où j'espère qu'on sent que mon récital se proposait de respecter ma douceur transmuée en maladresse, et vice-versa.

Les anti-pop ne daignent même pas reconnaître que la pop est une chose. Alors qu'au moins, en en faisant, on met les mains dans le cambouis et on la fait accéder au statut qu'on a toujours voulu qu'elle ait. 

Il s'agissait ici autant de prendre pour argent comptant l'image que les autres me renvoyaient de moi que d'aller tellement au bout de ce tableau que cette image se retournerait comme un gant et qu'au final je maîtriserais cette violence et montrerais qu'il n'y a aucune raison que je sois ceci plutôt que cela.

C'est comme la pop : la pop la plus pop dépasse la simple pop (Cocteau Twins, XTC, Scritti Politti...).

Après avoir écrit ces lignes, sort un essai intitulé Dialectique de la pop (Agnès Gayraud, La Découverte, 2018) dont certaines tournures semblent rejoindre mes considérations (la pop est indémêlable de l'anti-pop, la pop est incarnée par des bonnes têtes) mais dont d'autres se situent à l'opposé de mes conceptions (ce qui est peut-être bien une preuve de cette fameuse dialectique) : ainsi, la forme de la pop serait une union utopique des succès quantitatif (populaire) et qualitatif (artistique), tandis que pour ma part je situe l'utopie dans le fait qu'une pureté mélodique puisse se contenter d'être ainsi pour être imparable, indépendamment de ce qu'en pensent les juges du monde, qu'ils soient magnats, prélats ou plèbe. Pour ça que la sobriété souvent souterraine du songwriting a davantage de chances de s'approcher de ce qu'est une mélodie pop en soi que les stars dont tout le monde, cet essai y compris, nous rebat les oreilles.

Pour ça que je milite pour une ontologie de la pop qui traiterait de la mélodie et non de la mythologie. La mythologie est construite par les dominants, l'agrégation, l'idiosyncrasie nationale qui ne retient que ce qu'elle entend (rien de plus ennuyeux que les références alignées par une essayiste française !). Pénétrer les mélodies pourrait être le titre de ma tentative à moi.

Il y a une façon de se trouver dans le fait d'évoluer pop : les groupes que j'aime cheminent en ne laissant pas tomber leur détermination à plonger dans une pureté sans concessions. Prenons Always The Sun (Stranglers) : est-ce vraiment un hymne ? Essayez de chanter le couplet, pour voir ! C'est ça la pop, toujours plus anti-pop donc toujours plus pop donc toujours plus elle-même (je disais l'autre jour à mon meilleur ami : si je préfère la religion à la psychanalyse, c'est parce qu'elle nous dit « trouve-toi » plutôt que « transforme-toi »).

Après l'hyperacousie, j'ai découvert l'hypoglycémie. Parfois les deux en même temps, parfois indépendamment. L'accomplissement de la pop en moi se produit donc sous un certain jour affolé, innervé. Mon cœur s'accélère souvent : l'autre jour, en vibrant sur le plus beau live qui soit, j'ai cru que j'allais vivre le rêve morbide de la crise cardiaque faite sur le groupe qu'on préfère. Mais l'aurait-on su ? Il faudrait que ça se sache pour que ça ait du goût.

Ça prouverait que quand je dis mélodie je dis aussi rythme, que tout concourt pour que ça s'affole et produise de l'intense. Si j'y survis, je le dirai à tout le monde.

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