Avant l'été (2002), je semblais comprendre de
Avant l'été (2002), je semblais comprendre de quoi il retournait, trop comprendre. Non pas que l'arbitraire ne m'apparaissait pas (ça m'oppressait), mais on aurait dit que je faisais partie du dessus du lot. Tiens, lui il cherche à me faire dire des choses intéressantes (il est sympa même s'il embête tout le monde) mais tiens, ça ricane quand il pose des questions en classe. Alors j'aurais dû ricaner moi aussi ? La pop : elle est passée où ? Les filles : je les vois pas.
Après l'été (2002), ah c'est donc comme ça que la pop sonne quand elle est punk, ah c'est donc comme ça que les filles ont l'air d'être, ça s'est ouvert tout seul en moi sans qu'il ne se soit rien passé, et surtout : où sont passés les arabes ? Au collège il y en avait, au lycée il n'y en a plus. C'était donc pour ça qu'il fallait ricaner, parce qu'on savait que de toutes façons ils n'allaient pas passer la barrière, que c'était déjà tracé dans le cahier de la vie ? Cette fois-ci c'est de moi qu'on ricane car je ne sais plus comprendre. Maintenant faut faire ça dans les formes. Du coup pour la peine je serre la main aux quelques non-blancs et je sais que c'est eux qui sont dans le vrai (je me rappelle quand je disais à cet ami « je suis admiratif de ce type qui a le culot d'arrêter les cours » et qu'il ne comprenait pas pourquoi il fallait être admiratif et que moi je ne comprenais pas pourquoi il ne comprenait pas, pourtant c'était évident que vu comment c'était barré, qu'on ne voulait plus de ceux qui n'étaient pas dans les formes, il valait mieux se barrer).
Du coup, forcément, à la fin : à la fois anarchiste et islamo-gauchiste. Pas autrement. Comprends pas comment autrement. Car en considérant bien le malaise dans toutes ses déterminations, on ne peut pas en rester au désir de briser l'oppression, c'est le simple fait de l'hypocrisie des autoproclamés pontes de l'universel qui est glaçant. C'est l'instruction en soi qu'il faut caractériser telle qu'elle est : de mauvaise foi (et pas seulement engoncée).
Tout a germé en même temps, ce soi-disant tempérament artiste cœur d'artichaut ne pouvant que rencontrer la critique de la modernité, comme à toutes les époques. Car c'est la plus grosse supercherie actuelle d'oublier que les émancipateurs de l'esprit (j'ai enfin lu les manifestes surréalistes la semaine dernière) ont toujours ferraillé avec l'état actuel du progrès. C'est le principe même. Faire croire que la gauche est progressiste, c'est plutôt rappeler qu'elle ne s'est pas toujours prémunie contre l'évolutionnisme bourgeois.
Quand on s'essaie au soi-disant tempérament social (nous les soi-disant tempéraments artistes), on s'y perd un peu parfois, certains s'y sont carrément perdus mais c'était l'époque. Maintenant on peut quand même savoir de quoi il retourne concernant les positions structurelles de chacun + dire que ça tient à rien (ce qui revient au même car « parler de l'idéologie comme d'une chose, c'est déjà la dépasser en partie », j'ai trouvé ça chez Sartre).
Avec les tempéraments sociaux, on doit faire semblant qu'on tient au fameux clivage, Saint-Graal de l'Occident, les c'était mieux avant contre les ce sera mieux après, oh oui acceptez-moi parmi le bon camp, ô Saint-Temps, je me conduis vers toi, l'individu collectif que nous sommes nous conduisons vers l'après à bâtir par-delà les ténèbres de ceux qui n'avaient rien compris, qui n'avaient fait qu'opiner !
Alors oui d'accord, plein de choses encore à explorer et point la peine de déplorer dans le vide, mais justement, tout en fait partie, tout doit être repris à la racine, même le fait de reprendre, histoire de ne pas singer.