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Définitivement

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Définitivement
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31 juillet 2019

« Mais termine tes phrases ! », me dit-il, comme

« Mais termine tes phrases ! », me dit-il, comme me disait déjà cet autre patron artistique ; dès qu'il faut faire croire que je suis artiste, je ne pense qu'à me cacher, je patauge. Puis à un moment il faut développer des idées concernant du savoir, et alors là je sens que ma voix devient plus grave, plus assurée, ce qui a l'air de l'étonner. Comme ça depuis toujours : dès qu'il faut dire des trucs sur des trucs, je me sens légitime, par contre dès qu'il faut me présenter comme un être répondant de sa situation, croyant en les agissements qu'il va commettre (pourquoi eux plutôt que d'autres ?), il n'y a plus personne. 

(Souvenez-vous de ma liste de « métiers que je pourrais faire » de septembre 2013, tout y est déjà.)

Déjà pu noter que l'anxiété a lieu non pas tant par crainte de ce que je vais faire mais par crainte du jugement des autres concernant ce que je vais faire, d'où le fait que cela atteint aussi les dires qui m'engagent, ou plutôt non, c'est l'inverse, je dis "qui m'engagent" pour reprendre leurs critères mais ce sont plutôt les dires qui ne m'engagent pas (à mon sens) puisqu'ils sont contingents, à savoir qu'ils concernent tout ce que j'aurais pu faire autrement (des actes, des volontés...). En revanche, le Savoir, quand ça traite du Savoir, de ce que je sais que je le sais, de ce que je sais qui Existe, là elle disparaît. 

Notons enfin l'ironie glaçante (pouvant expliquer mon statut d'aigri) : le refuge dans l'art était une façon de compenser l'anxiété puisque je me mettais ainsi en moi ; or, quand il a fallu concevoir ce refuge comme un choix, il est devenu la plus grosse source de malaise possible, de crainte quant à ma justification, puisque qui étais-je pour avoir choisi ça plutôt qu'autre chose ? Rien du tout, vous l'aurez compris !

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30 juillet 2019

Quand je repense aux drôles d'artistes auxquels

Quand je repense aux drôles d'artistes auxquels j'ai eu affaire (que ce soit en tant que fan ou en tant que collègue), tous plus mentalement atteints les uns que les autres (l'un d'entre eux m'enverra par la poste "fous-moi la paix" puis se suicidera quelques années plus tard), je ne pouvais pas ne pas devenir sociologue. Mon constat est le même que celui d'Erving Goffman étudiant les asiles : c'est surtout le cadre qui rend fou. Nette sensation que je suis plutôt normal à la base, mais qu'en devant me consacrer à ce type d'art (puisqu'il paraît qu'il faut bien choisir quelque chose) je ne pouvais qu'imiter les affres de ce champ socio-mental. Et le fait est qu'en analysant chaque réaction ou jugement qui m'a blessé (particulièrement blessé étant donné ma seule réelle maladie connue, ce que l'on nomme l'hypersensibilité, désormais expliquée ou tout du moins illustrée métaboliquement), avec la relative assurance qui est désormais la mienne, je ne peux que constater qu'il s'agissait d'un florilège de délires réhaussant le mien (la nature dépressive de plusieurs de ces intervenants sera par ailleurs confirmée), car en me disant que quelque chose clochait chez moi je ne faisais que m'enfoncer dans d'autres façons de clocher, les leurs venant désormais colorer la mienne qui par conséquent s'aggravait. Et comme progressivement je suis devenu non viable, même en étant intellectuellement sorti de ces inextricables errements esthético-comportementaux se croyant plus importants que tout, me revoici à ma table comme au début car m'étant construit dans ces plis je n'ai encore rien pu édifier d'autre malgré mes velléités ; me revoici donc dans cette histoire de fous et croyez-moi que je ne m'en réjouis pas.

(Heureusement que ma discipline m'avait préparé à la découverte que l'on ne se défait jamais – ou difficilement – de son premier champ de jeu, de ses premiers jeux de champ, de camp.)

(En relisant ce texte, je me dis : mon premier texte vraiment aigri, il fallait bien que ça arrive ! Puis je pars dans un rire donc ce n'est pas dit que ça continuera, car si déjà je suis capable d'en rire c'est que quelque chose n'est pas tout à fait atteint.)

29 juillet 2019

Il disait « c'est dans leur culture, c'est

Il disait « c'est dans leur culture, c'est charmant », ce qui la fit s'écrier vivement « mais pas du tout, elles sont opprimées, faudrait qu'on puisse les sortir de là ! » ; s'ensuivit du verbe haut. Les deux faces d'une même pièce : l'hédonisme culturaliste (l'éternel orientalisme) face à la mission civilisatrice. On ne sait pas où se placer, le fait est qu'on ne le peut nulle part : spontanément, on est tellement dégoûté de l'injonction universaliste ambiante que l'on voudrait se mettre du côté du premier, mais l'on s'aperçoit que ce serait puéril puisqu'il n'est qu'une sorte de vieille disposition paternaliste dont le fond est sûrement bien plus rance que celui de la néo-justicière lui répondant. En réalité, c'est d'elle dont nous sommes le plus proche sociologiquement, mais c'est justement l'impossibilité que l'on a de s'accrocher à un quelconque de ses dires, tous aussi eurocentrés les uns que les autres, qui nous signale la cruelle perte des nôtres. Nous ne serons décidément jamais un Blanc. Repas de famille (éloignée) il y a quelques années.

28 juillet 2019

Indémêlable circularité : l'impression qu'à la

Indémêlable circularité : l'impression qu'à la base je voulais tout, il y avait une envie de tout ; et que c'est la faiblesse et la façon qu'ont les autres de la regarder qui fait reculer, sélectionner, discriminer arbitrairement (par exemple, dessiner plutôt qu'autre chose alors que c'était bien le dernier de mes goûts). Comme je le disais souvent, et je continue à penser que les choses doivent s'exprimer ainsi : dire qu'il y a un “manque de confiance en soi” est faux, car à la base je sais que je peux tout, que je veux tout (peut-être trop alors, mais c'est un autre problème) ; alors ensuite il y a ma faiblesse, mes atteintes, mais ce ne sont pas elles en elles-mêmes qui me posent problème, c'est le regard porté sur elles par les autres, qui détermine ensuite ma perception sur elles et par conséquent mes décisions, mes bifurcations (on dirait que ça leur pose vraiment problème, que ce n'est pas possible pour eux que je sois comme ça, alors que ce n'est qu'une donnée à prendre en compte). Mais second sens possible de la dialectique (qui revient au même, bien qu'il faille l'exprimer à son tour pour en saisir le sel) : à la base, en premier, il y a ma faiblesse, le fait que je ne tienne pas debout ; mais loin d'être un quelconque obstacle à la perception des données en jeu, ce sont ces incapacités, m'empêchant de pouvoir m'investir dans quoi que ce soit à long terme en tant que carrière, qui me permettent de ne pas me limiter à mes propres vues, de ne pas faire de nécessité vertu et de vouloir tout

27 juillet 2019

Ceux qui m'interloquent, ce sont ceux qui pensent

Ceux qui m'interloquent, ce sont ceux qui pensent en tant qu'ils sont devenus ce qu'ils sont devenus, ceux qui considèrent les choses uniquement selon ce qu'ils sont devenus, comme si ça les définissait réellement et entièrement : artistes, scientifiques, travailleurs divers... À savoir que l'on peut ramener chacune de leur position à leur position, à leurs paysages respectifs. On dirait qu'ils nous disent « j'étais comme ça, alors je suis devenu ce que je suis devenu », alors qu'on sait bien que c'est l'inverse, que c'est parce qu'ils sont devenus comme ça qu'ils peuvent dire qu'ils le sont, qu'ils parlent et conçoivent les choses de la façon dont ils sont devenus. 

Mais sans doute (distinction que j'avais déjà faite jadis) qu'ils font partie de ceux qui se pensent comme un moi devant les autres, qu'ils perçoivent leurs directions comme consciemment prises, tandis que je me sens personnellement comme répondant aux occasions, propositions ou injonctions des autres devant moi ; je saisis des balles au bond, des envols possibles, je m'y immisce voire je les investis, mais pourquoi devrais-je penser à travers ces voies ? Ma voix n'est pas réductible à ces voies. Ce n'est pas parce que j'ai voulu être artiste que je dois me mettre à penser comme un artiste. Ce qu'il me paraît au contraire urgent, c'est d'avoir conscience des vérités qui me dépassent, qui sont irréductibles à une quelconque mythologie particulière. Visons donc plutôt la singularité de chacun, saisissons ses conduites par ce qu'elles font transparaître d'immensément plus profond qu'une carrière, qu'un devenir réifié : c'est ce dernier qui le ventriloque pour l'instant, évidemment, mais dessous il y a peut-être autre chose qu'un agent qui ne vise que ses vues.

(Les vrais ennemis sont peut-être après tout ceux qui savent tout ça mais continuent à ne témoigner que selon leur complexion d'agent non-réflexif, et parmi eux les plus inquiétants font partie de la classe intellectuelle puisqu'ils assurent disposer de l'assurance d'une objectivité qu'ils piétinent pourtant régulièrement. Il nous reste soit l'humour pour mettre au jour ces hypocrisies, soit des entreprises plus sérieuses de transparence sociale à définir...)

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26 juillet 2019

Afin de lui faire comprendre tout doucement,

Afin de lui faire comprendre tout doucement, timidement, modestement, mais aussi stratégiquement, que j'adhère à cette cause qu'il rejette voire insulte, je pousse sa position jusqu'au bout en lui disant que si on dénie ceci alors il faut aussi dénier cela qui est à la base de cette attitude qu'il réprouve. Or, là, non, on ne peut pas dire ça, on est obligé d'avoir cela sinon on n'a plus rien, on ne peut plus rien faire ni dire. Hé hé, en effet mais j'ai fait exprès de pousser, pour qu'il puisse peut-être se rendre compte de son intenable pusillanimité superstitieuse.

25 juillet 2019

Comme je n'arrive pas à accepter que je puisse

Comme je n'arrive pas à accepter que je puisse être convaincu par quoi que ce soit, lorsque j'adhère je me dis que c'est parce que je n'ai pas encore été convaincu par l'argument inverse (« je ne sais pas si elle est pertinente, en tout cas je n'ai jamais entendu quiconque être contre elle de façon pertinente ! »). Pour certains domaines d'idées, ça dure depuis de nombreuses années, il va donc falloir que je me fasse une raison : je suis cela.

24 juillet 2019

Je tente ce nom. Non, c'est une œuvre qui ne lui

Je tente ce nom. Non, c'est une œuvre qui ne lui convient pas non plus. Du coup ça m'étonnerait qu'il aime celui-ci… Et pourtant, si, apparemment ! Ça il aime bien, par contre ! La logique des goûts m'est apparue comme une énigme insondable ; il m'apparaissait qu'il était question d'univers mentaux inconciliables, incommensurables. Tout compte fait, il m'apparaît (désormais) qu'il est davantage question de “narcissisme des petites différences”, comme dirait l'autre ; on s'aperçoit de cela lorsqu'on explore les goûts au carré, à savoir les goûts de cet artiste goûté par cette personne. Le plus souvent, je découvre que tel intervenant décrié possède énormément de goûts communs avec celui qui le décrie, comme si l'on jugeait avant tout le scandale que représente cette similarité ; ce qui scandalise, serait-ce donc cette gémellité en soi ou le fait que celle-ci ne se traduise pas par une communion de sensibilités et de dispositions ? Ce que l'on ne supporte pas, est-ce le fait que le jumeau soit un ennemi ou que l'ennemi soit un jumeau ? Quoi qu'il en soit, ce que l'on conteste, c'est l'autre voie prise par celui qui s'est nourri au même biberon. Par définition, cette voie non-prise c'est tout ce qu'on a le plus refusé ; considérée un temps puis rejetée, donc rejetée pour toujours.

23 juillet 2019

L'été dernier, souvenez-vous, je rêvais de

L'été dernier, souvenez-vous, je rêvais de transparence sociale. Cette année, d'autres lectures ont fait sentir leur influence (tout aussi persistante que celle de l'autre versant) : je me dis qu'après tout, l'hypocrisie entretenue est un secret de Polichinelle, personne n'est dupe, tout le monde connaît la vérité des pratiques et c'est peut-être cette entente tacite, ce clin d'œil malicieux qui contient potentiellement l'excitation de la révolution. Peut-être qu'on continuera à faire semblant et que c'est justement l'habitude de cette comédie qui nous conduira bon an mal an (au bas mot) à entériner sans bruit (car point besoin d'éclat quand on a l'aisance) une transgression qui est déjà en nous à tout instant, dans nos fameux sourires troublants. On fera croire que tout est encore comme avant alors que tout sera comme maintenant ; si l'on sauvegardera les apparences, ce sera seulement pour ne pas se faire prendre. Protégeons la richesse bigarrée de nos culs en ne payant pas de mine.

22 juillet 2019

Il semble vouloir que la réalité soit comme

Il semble vouloir que la réalité soit comme lui-même, c'est son type de violence : il maudit toutes les autres nuances possibles qu'il renvoie au même magma informe. Sa distinction consiste à pester contre une indistinction supposée. S'il ne perçoit pas les différences, c'est parce qu'il ne replace pas les positions de ses interlocuteurs et opposants potentiels dans l'espace qu'ils forment tous ensemble ; c'est l'absence de goût pour la contemplation de cette forme aux mille atours – chacun unique, irremplaçable, cohérent dans sa présence à cette place précise, qu'aucun autre ne pourrait adopter, par conséquent précieux, salutaire – qui l'empêche de s'enthousiasmer pour la multiplicité des contradictions voire des confusions. C'est aussi cette incapacité à être correctement attentif au champ des possibles qui lui fait prêter à certaines personnes des positions qui leur sont pourtant sociologiquement impossibles une fois qu'on a appris à les situer. Souhaiterait-il avant toute chose perdurer dans son être, en dépit des nombreux autres regards rencontrés ? Pour ma part, je suis bien trop dégoûté de moi-même, bien trop perpétuellement honteux (« honte » qu'il décrit comme un défaut, quelle idée !) pour pouvoir être aveugle au déploiement sous mes yeux de l'achalandage riche en couleurs que je ne possède pas et ne possèderai jamais (tant mieux pour mon appétit permanent !).

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