Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Définitivement
Publicité
Définitivement
Archives
24 décembre 2022

Fragments des principaux textes que je devrais

Fragments des principaux textes que je devrais écrire

– Comment savoir si ce que je suis en train de faire lui plaît ? Je ne me souviens plus précisément de ce que c'est, c'est sans doute des petites caresses, c'est d'ailleurs comme ça que j'avais commencé sans qu'elle me repousse, mais à présent c'est différent car elle est allongée sur le côté, je m'allonge aussi, je... Il faudrait quand même que je sache si j'ai le droit de... Comment être sûr qu'elle apprécie, qu'elle souhaite même que je continue mes... enfin je ne sais plus, mes petites caresses, mes trucs comme ça ? Quel est l'indice imparable qui pourrait me dire, de source sûre...? 
Et là je vois son pouls. Son pouls sur son cou. Qui bat la chamade. Ça a l'air de tambouriner, là-dedans, c'est donc que ça ne la laisse pas indifférente, que ça ne lui est pas égal si je continue ou si je continue pas, que ça a l'air de lui plaire, en tout cas que ça plaît à son pouls, à son cou. Du coup j'y plonge ardemment, dans son cou. C'est un appel à y faire progresser mes lèvres. C'est son cou qui a confirmé, c'est donc son cou qui m'appelle, qui m'obnubile présentement. Puis ce sera tout le reste et ce sera encore plus confirmé, elle me dira que je lui aurai "retourné le cerveau". 

– Cela devrait d'emblée être la seule preuve d'emblée que je suis aussi une femme en moi. Dès le début, dès que je l'ai su morte, je me suis dit qu'elle vivrait en moi. Que je la porterai, que je continuerai les sensibilités qu'elle m'avait tracé, les chants, les relations affectées quant aux choses qui affectent, qui sont sensibles au point de faire perdre le nord d'emblée chez les gens comme nous, comme elle, comme moi. Je l'ai mise en moi, ou plutôt non, ce n'était pas une action de ma volonté, cela ne pouvait que s'acter ainsi, elle s'est placée en moi, au cœur de ma voix, de mon regard. J'ai pourtant fait quelques choses honteuses, comme tout le monde, et cela ne m'empêche aucunement par ailleurs d'être, dans un autre domaine de la vie que l'on appelle la "sexualité", attiré.e par les "filles", qui semblent alors me percevoir (comme dans une sorte de raisonnement logique, mais quelle logique ?) comme un "mec". Certes, j'ai choisi de ne pas en perdre tous les atours, et il se trouve que dans ce domaine de "l'attirance", je suis "porté.e vers le féminin", mais cela n'a rien à voir avec ce dont je parle ici. Ce dont je parle ici, c'est que j'ai reçu sa voix en héritage quand elle est morte. Elle est en moi et c'est ainsi, je préfère qu'il en soit ainsi plutôt que d'essayer de la "projeter" au dehors, à l'extérieur, sur d'autres personnes qui ne sauraient pas quoi en faire (avec raison). Je la porte avec moi. Il faut que ça se sache. Quand vous vous adressez à moi, vous vous adressez aussi à elle. Rien que ça devrait vous rassurer sur certains points, ou vous rendre peut-être plus précautionneux sur d'autres, mais ce n'est vraiment pas la peine d'en faire un plat, il y a quasiment trente ans que je la porte en moi. Elle a survécu à tous les malentendus (survivre en moi, c'était nécessairement survivre aux côtés de malentendus). Je crois toujours bien recevoir les messages quand il y en a de sa part (il n'y en a pas toujours, ce n'est pas Dieu non plus).

– J'ai de la souffrance pour deux, je te rassure. De plus, elle n'est que physique car je ne parle que de ma douleur présente. Je n'ai plus de passé car avoir un passé supposerait de le mettre à l'extérieur alors qu'il a été placé en moi. Je ne souffre pas de lui, il témoigne à sa façon de ce que quelqu'un "comme moi" (à peu près "comme moi", selon les époques) a pu être. Je ne souffrirai jamais de ce que tu pourras me dire, me faire, tant que tu me diras pourquoi tu as choisi d'être là à mes côtés ou pourquoi ce n'est pas possible. On ne peut pas souffrir pour quelqu'un comme moi, non seulement parce que je n'en vaux pas la peine (argument classique car je ne suis pas le seul), mais aussi et surtout car la souffrance est déjà là, en moi, avant toute chose et juste dans mon corps. Circonscrite en lui. Pouvant possiblement me faire perdre pied d'année en année, mais si tu choisis d'être là parfois, durant ces années, il y en aura sûrement moins, beaucoup moins. Et je ne vois pas pourquoi elle t'atteindrait puisqu'alors elle diminuerait. Il y aurait alors de la souffrance pour... un et demi, mettons. Et ça ira déjà beaucoup mieux et j'espère que si tu auras choisi de m'aimer alors que j'en avais pour deux, tu choisiras de continuer de m'aimer quand j'en aurai pour un et demi. On aura fait le plus dur. J'ai envie de t'embrasser. 

Publicité
Publicité
Commentaires
D
C'est juste magnifique, mon ami.
Répondre
Publicité