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Définitivement
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7 novembre 2015

Il me paraissait évident que tout le monde était

Il me paraissait évident que tout le monde était pour détruire le capitalisme. Depuis tout petit, je regardais ces visages autour de moi, d'adultes ou d'enfants, qui n'étaient pas dupes, ces bras et ces jambes qui s'activaient faute de mieux dans des structures à dynamiter. Si peu de monde y parvenait, quasiment personne à vrai dire, ce n'était pas de leur faute ; l'intention était là, mais le mouvement général, les tâches énormes, insurmontables à mener étaient plus fortes que tout. C'était le déterminisme.

J'étais même indulgent avec les socialistes à cravates de la télé. Ma grand-mère me prévenait pourtant que c'était des faux jetons, mais je trouvais leur stratégie ni pire ni meilleure qu'une autre : l'essentiel était de vouloir détruire le capitalisme. C'est ce qu'ils voulaient forcément, c'était évident. Comme tous les copains autour de moi, comme tous les camarades d'école ou simples connaissances lancés dans cette grande course subtile et hypocrite où l'on faisait croire qu'on était insouciants alors qu'on savait tout, qu'on se destinait forcément à ça : détruire le capitalisme.

Mais depuis peu, depuis quelques années déjà mais je n'en reviens encore pas, je découvre que le monde m'a menti. Tous ces sourires malicieux avec qui je montais les escaliers du collège puis du lycée, sourires d'innocence malfaisante, d'espoir impertinent, prêts à détruire le capitalisme, c'était certain, renseignent désormais sur leurs réseaux professionnels qu'ils sont pour le capitalisme, ça ne semble pas les déranger d'avoir des métiers en rapport direct avec la continuation du capitalisme, c'est comme ça, ils arborent les mêmes sourires mignons qu'au temps des escaliers sauf que maintenant c'est pour dire qu'ils ont concédé au capitalisme.  

Et les encravatés des écrans en fait ils l'aiment vraiment le capitalisme, mais ça à la rigueur j'aurais pu m'en douter, ce n'est pas le plus grave dans l'histoire, eux sont nés encravatés, pas comme les miens. Les miens, j'ai vraiment cru qu'ils ne voudraient jamais se conduire comme des voitures, prendre certaines tournures, que c'était forcément trop con pour eux, pour nous, pour nos rires, pour nos shorts pourraves et blagues poétiques. Oui, toi quand tu t'esclaffais, que tu chahutais, que nos regards narquois se croisaient, tu voulais détruire le capitalisme, n'est-ce pas ? C'était forcément pour ça, non ? Pour quoi d'autre, sinon ? Hein ? 

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