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Définitivement
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8 septembre 2022

Quand j’y repense, c’était impensable que tu

Quand j’y repense, c’était impensable que tu veuilles bien m’aimer. Et c’est pas seulement que j’y repense, c’est que c’est exactement ce que je me disais en même temps que je le vivais : « c’est impensable ce que je suis en train de vivre, ça rend si léger d’y penser en le vivant et c’est pas normal que je puisse être léger, je croyais qu’on me l’avait interdit ». C’était tellement impensable d’y penser, je veux dire de le vivre tout en se disant que c’était impensable, que ça m’avertissait de la possible fin.
Mais en fait, non, pas du tout, ça ne m’avertissait de rien, au contraire, puisque l’impensabilité de la situation rendait encore plus impensable une autre qui la nierait. C’est comme si la fin, loin de rejoindre une quelconque normalité, augmentait le taux d’impensabilité. Une impensabilité au carré.
Si si, c’est logique, quand on y pense : c’était tellement impensable que tu m’aimes, l’impensabilité créant ainsi une sorte d’intensité particulièrement singulière, que ne plus m’aimer ne peut être que tout aussi impensable puisque cet acte suppose dans le même temps de prendre acte d’une intensité (d’une impensabilité) tout en la niant ou du moins en la déclarant obsolète. Dire « c’est fini l’impensable » concernant une situation, rend encore plus impensable la situation passée aussi bien que la solitude présente.
Le sentiment d’irréalité est alors total, je pleure en me demandant pourquoi ne plus m’aimer puisque m’aimer a jadis été impensable et a donc existé. Pourquoi ne plus exister, pourquoi rendre encore plus impensable, et désagréablement cette fois-ci, l’impensabilité de ce que je vis comme de ce que j’ai vécu. Plus rien ne devient compréhensible, même si tout continue à s’éclairer d’une beauté comme d’une intensité irréparables (que je ne demande qu’à voir en face tant que j’en suis au temps-zéro : il n’y a que ça qui a existé, que cette impensabilité-là, celle de quand tu étais avec moi).

Je me rappelle qu’au tout début de quand tu m’as quitté, je tentais la discussion irréelle : on se disait déjà, je me rappelle de ce soir avec l’étrangeté absolue de la « chambre à part » (qui dépassait largement l’étrangeté absolue du rapprochement des débuts de nous ensemble, preuve de l’impensabilité accrue), je me rappelle qu’on se rappelait déjà des souvenirs alors que ça faisait sûrement à peine deux semaines, « ahlala, on était jeunes », je faisais mine d’accepter que c’était fini, qu’il y avait quelque chose qui n’avait pas « marché » (registre de langage que je persiste à trouver décalé lorsqu’il est question d’amour), je ne sais pas ce qui nous avait pris à tenter d’être comme ça si tôt. De mon côté c’était bien sûr absurde, mais même du tien je trouvais aussi qu’il y avait comme une impensabilité mal placée : cette situation de parler de nous au passé avait cela de grotesque qu’on ne peut et ne pouvait être à la fois spectateurs et acteurs de nous-mêmes. Il faudrait bien sûr qu’on en rie, et je souhaite encore aujourd’hui qu’on en rie, que l’on rie de moi même en cet instant où il n’y a que moi qui t’aime de cette façon, il y aurait matière à de beaux langages souriants d’impensabilité. Mais ça demanderait de se rejoindre dans l’acceptabilité de ce temps-zéro, ce qui n’est sûrement pas ce dont tu aurais rêvé pour nous deux (si tu rêves encore de quoi que ce soit, je veux dire si tu continues malgré tout à penser à mon individualité d’une façon particulièrement différente qu’à celle des autres, ce qui serait une impensabilité dont mon cœur te saurait gré à tout jamais, même s’il n’a rien à te demander, pas plus aujourd’hui qu’hier tellement tout est trop impensable pour lui).

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