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Définitivement
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5 août 2022

Est-ce possible que je ne m'en sois encore jamais

Est-ce possible que je ne m'en sois encore jamais rendu compte ? Oui, c'est le principe du temps zéro. Cela n'arrive que maintenant, que réellement maintenant : son absence m'est insupportable, je veux dire au sens plein du terme, je ne la conçois pas, je ne peux concevoir qu'elle soit absente. Elle ne peut qu'être là, sinon c'est la fin. Ou alors le temps zéro, mais ce qui revient au même, n'ayant aucune idée de ce sur quoi il peut bien déboucher (la folie ? l'éternel retour ? un temps avant même le temps zéro, un temps "moins un" où je revivrai toute l'émotion – que j'aurais dû ressentir plus tôt – comme en plein délire – le délire ne venant pas du fait que je la ressente mais que je ne la ressente à ce point que seulement aujourd'hui ?).

Il faut dire que dès nos premières séparations, celles qui étaient provisoires, je pleurais. J'avais déjà peur, à chaque fois, que ce soit pour toujours. Comme une épée planant sans arrêt au-dessus de moi et nécessitant, comme dans une affliction préparatoire, que je ressente l'imminence de son arrivée dans mon cœur pour me creuser le trou qu'il semblait mériter. Toujours déjà eu un trou, avant même que ce soit pour toujours. Pour cela que je pleurais déjà. Je sentais arriver le trou.

Je ne sais pas si elle aurait pu à quelque moment que ce soit m'assurer du contraire, mais le fait est que c'est arrivé. Et que pour ma part je ne suis pas arrivé à lui faire comprendre à quel point son individualité était placée tout au-dessus, bien tout au-dessus de ce que je ne pourrai jamais exprimer, reconnaître, manifester. Je crois me souvenir qu'elle reconnut de "mauvaises interprétations", et peut-être que la perpétuelle sensation d'imminence d'arrivée de l'épée dans mon cœur me faisait parfois m'éloigner par peur, par peur d'elle. Je crois lui avoir dit qu'à une période elle me faisait peur (mais ça n'a pas toujours été le cas ; pas au début, mais pas non plus maintenant, quand bien même elle a frappé le coup ultime, car c'est comme si, alors, elle avait confirmé mes craintes et ne restait, alors, toute crainte suspendue, devenue inutile, que mon amour pour son individualité, et son absence inconcevable). Il faut croire que j'avais prévu le trou, ce qui ne le rend pas plus vivable pour autant, maintenant qu'il est bien creusé.

Le temps zéro, c'est peut-être tous les temps-zéros à la fois ; il y en eut trop, des temps-zéros, et je ne ferais qu'en revivre sans cesse de nouveaux, chacun représentant tous ses prédécesseurs, toute l'intensité et la violence de tous les temps-zéros, celui d'aujourd'hui ayant pour seule particularité d'avoir lieu pour toujours, tant que j'ai cette vie-là, tant qu'elle n'y est pas, tant que chaque objet la fait être auprès de moi (chacun encourageant une réplique qu'elle aurait formulé ou qu'elle a bel et bien formulé jadis concernant tel ou tel fait, geste, voix, nom... et ne pouvant que m'en souvenir encore et encore, ne pouvant rien concevoir à la place de ce trou qu'elle a laissé en ne faisant plus entendre auprès de moi sa réplique, sa voix, son geste...), tant que sans elle je ne suis plus qu'un trou. Un trou zéro.

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Commentaires
D
Je compatis, bien que n'étant qu'au temps -1 pour ma part.<br /> <br /> <br /> <br /> Le temps 0 a l'air terrible, j'espère ne jamais le vivre.<br /> <br /> <br /> <br /> J'espère qu'il va céder bientôt la place à un temps 1, celui du renouveau.
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