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23 mai 2020

Rien ne m'angoisse tant que la pensée d'une

Rien ne m'angoisse tant que la pensée d'une séance chez un psy. Son attente, mon devoir de sens et de sincérité. Je préférerais braver toutes mes autres peurs, habiter au 7ème étage et devoir ouvrir ou fermer la fenêtre, développer séance tenante un discours théorique suffisamment construit sur un sujet encore inconnu quelques secondes avant mais aux enjeux brûlants, affronter le vent sans écharpe... Tout plutôt que le regard posé sur moi d'un praticien de l'âme. Il faut donc remédier à un tel blocage : prendre rendez-vous chez un psy afin de soigner mon anxiété à aller voir un psy. Mais ce psy, devrai-je donc me tenir face à lui aussi ? (Ou dans son dos, mais c'est kif-kif.) Vais-je réellement devoir lui exposer mes intenses réticences à la psy' ? Je ne crains rien autant que ce moment. Je préférerais que l'on me lance d'une poussée sèche le long du descente en ski, que l'on me fasse chanter en public cette mélopée contre laquelle ma voix de tête bute et se perd, que l'on m'oblige à tenir sur un vélo tant que je n'ai pas trouvé la stabilité requise. Tout plutôt qu'avouer dans le détail le malaise que je ressens à me confesser auprès d'un psy. Ce n'est pas très glorieux, je sais. Il faut remédier à cela. Seule solution : un psy spécialisé dans les gens qui rechignent à aller voir le psy qui leur permettrait de prendre conscience de leur problème avec le fait d'aller voir un psy. Cherché dans l'annuaire, trouvé. Numéro composé, mais vite raccroché (de mon côté ; du sien, pas eu le temps de quoi que ce soit). Car rien n'est aussi effrayant pour moi que ce tableau-là. Un obstacle insurmontable. Tout plutôt que ça. Plutôt un bain de lombrics, plutôt dix ans sans amour, plutôt dix ans de salariat, plutôt réparer un lave-linge que mettre les pieds chez quelqu'un qui attendrait de moi que je lui parle de mon trouble profondément ancré, de ma quasi-phobie (possiblement avérée, mais je ne le saurai jamais), de ma panique ultra-circonscrite, ne portant que sur une seule action (mais quelle action décisive !) : celle qui consisterait (j'en tremble rien qu'en l'écrivant) à aller raconter ce qui caractérise mon refus buté de consulter un psy compétent concernant la pathologie se manifestant par le symptôme unique d'effroi envers l'idée de parler à un psy formé aux questions de terreur envers le fait possible de devoir, plutôt que n'importe quoi d'autre dans la vie (même le mal de mer, même un moniteur autoritaire de nage), aller dire des mots à un psy. 

Mais il faudra régler ça, c'est sûr. Peut-être qu'un psy...

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