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24 novembre 2014

Tout comme j'étais déjà là dans les numéros "la

Tout comme j'étais déjà là dans les numéros "la perruque", "le dessert" et "l"oreille", je suis présent avec un beau texte dans le nouveau numéro du fanzine La Cacahuète (éditions du Flan), qui s'appelle "le renard". C'est un texte sur la xénophobie. J'avais d'abord tenté de faire quelque chose de plus intime mais je n'y suis pas arrivé, comme en témoignent les quatre jalons que je vous dévoile ci-dessous.

 

1. Tiens mais qui voilà ? - saynète

«Tiens, c'est quoi ce mammifère quadrupède roux là-bas, qui passe dans le pré des vaches ?»

Je savais d'avance que c'était un renard, ou plutôt je l'espérais ardemment, n'en ayant jamais vu en vrai.

«Oh, c'est juste un gros chat... me répondit-elle avant de courir chercher son appareil photo.»

Elle put l'actionner à temps puis, joie du numérique, se rendre compte en zoomant sur l'écran que c'était bien un renard, tandis que le sujet du cliché s'en était déjà allé.

C'est fou comme avec la position qu'il avait il faisait trop renard, avec la tête retournée de trois-quarts du genre «je regarde derrière moi, je suis prudent, on est le matin, je n'ai rien à faire là, je ne suis pas dupe».

Puis, quelques mois plus tard, au zoo : il fait la sieste tout ébouriffé comme un carnivore car on est l'après-midi donc on peut à peine le voir donc trop frustrant également.

 

2. allez hop vite - fil descriptif

le renard étant un animal nocturne comme tous les carnivores c'est dur d'en voir un en vrai voici donc comment je pourrais résumer les deux fois où ça a failli :

- tiens c'est quoi ce mammifère roux là-bas dans le pré des vaches ? elle va chercher appareil photo à toute vitesse pour pas le louper, moi j'espère que c'est un renard et pas seulement un gros chat, appareil photo s'enclenche, cliché numérique s'affiche, zoom : il a bien une bouille de renard avec son museau trop chou

- roh comme on est l'aprèm et que c'est un carnivore il risque de dormir (lieu : parc animalier), en effet on voit juste son pelage de beau canidé endormi, à peine sa tête dans le coltard

 

3. Comment ça fait renard ! - concordance d'insaisissabilité

La seule fois où j'ai vu un renard sur un cliché de pré matinal avec effet zoom sur petit animal furtif carnivore nocturne qui n'a rien à faire là, j'ai trouvé qu'il se la jouait renard à fond et que ma foi c'était une démarche à saluer. Rien que sa façon de se retourner de trois-quarts tout en étant appuyé sur quatre pattes (un quart ne se retournant donc pas) lui permettait d'exprimer le renard, que l'on pourrait traduire par : «On me la fait pas à moi, je regarde par-ci par-là histoire de, mais on me la fait pas». Est-ce qu'il avait conscience de faire renard à ce point ?

De nos jours, nous, nous faisons assez peu hommes. Nous accomplissons, nous nous comportons, mais nous saisissons moyennement notre essence. Même si celle-ci n'existe pas, nous nous devons au moins de la mimer comme des dératés avec un air passionné, comme ce canidé évoqué dont la signification du regard était pointée toute entière vers ce cri : «Comment je fais renard dans ta gueule !»

Presque un an plus tard, ce sera le même effet mais derrière une grille (c'était forcément le même car un animal est tous les animaux).

 

4. Comment faire renard  [plutôt qu'homme] – étude empirique

Quand tu zoomes et que par miracle tu vois apparaître la face d'un renard à l’œil furtif qui zieute au loin, tu lis tout ça dans son expression :

«Je regarde quelque part car il faut que ça se fasse. Il faut que ça se fasse mais il ne fallait pas forcément que ça se fasse [instant plutôt que destin]. Il faut que ça se fasse mais on me la fait pas [nuance], je ne suis pas dupe, on est le matin donc je n'ai rien à faire là, je suis carnivore donc nocturne donc je me dépêche de sortir du cadre.»

Oui, ça s'est passé comme ça et j'ai trouvé qu'il incarnait bien son rôle. Personne n'aurait pu le tenir à sa place car chaque individu a ses qualités propres (comme ceux qu'on voit toujours faire la sieste aux heures où l'on est de visite au zoo : eux c'est leur truc de faire renard de cette façon-là).

Ajoutons à cela une démarche correspondant en tous points à son intention [au lieu d'un comportement en vue de l'accomplissement d'une valeur n'ayant plus grand chose à voir avec l'idée de départ] et une façon de se retourner de trois-quarts [attentif à l'avant comme à l'arrière] qui indiquaient pleinement qu'il était là dans un espace à percevoir comme allant de soi [au lieu d'un lieu consciemment investi dans le but de le maîtriser].

C'est à méditer si l'on souhaite migrer d'espèce. C'est à notre portée si l'on y réfléchit un tant soit peu.

 

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