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11 avril 2014

Trois autres paragraphes autobiographiques (+ un

Trois autres paragraphes autobiographiques (+ un entre parenthèses qui prend beaucoup de place car il veut démontrer)

Concernant "mon petit travail" (pour reprendre une belle expression de Robert Pinget), je suis tiraillé entre deux extrêmismes dont je dois me débarrasser : celui qui dit que tout a été dit, qu'il n'y a rien à rajouter ; celui qui dit que rien n'a été dit, qu'il y a tout à explorer. Les deux sont des illusions. Oui, j'ai déjà dit un certain nombre de choses importantes et peut-être que "tout est déjà en germe", comme on dit, mais il faut que je trouve une nouvelle manière de les dire ; et c'est cette nouvelle manière qui me permettra sûrement d'en dire d'autres.

Comme je n'avais encore rien lu jusqu'à il y a peu, je ne pouvais rien écrire qui soit de l'écriture. C'est arrivé quand ça pouvait arriver, quand les connexions ont pu se faire. Ce n'est pas forcément bien quand cela arrive trop tôt : les écrivains qui se vantent d'avoir connu les grands auteurs dès l'âge de douze ans sont bien souvent ceux qui ont le style le plus anodin, comme si monter dans le train dès le départ condamnait à devenir imitateur à chaque gare ; il faut plutôt guetter le bon wagon, à mon sens.

(De plus, ça me paraît être la pire chose que de lire ce dont on ne peut saisir le sel à aucun degré ; certes, ça peut interloquer mais ça peut aussi dégoûter. On sait très bien que la plupart des romans étudiés au collège et au lycée seront perdus, gâchés, qu'ils ne parleront à personne puisqu'ils demandent d'avoir vécu. À l'inverse, on sait très bien aussi qu'on philosophe depuis la maternelle, mais on continue à attendre le dernier moment. Cette primauté de la littérature et cette venue tardive de la philosophie m'ont toujours été incompréhensibles et ont en grande partie généré mon rejet des "histoires". Car quel autre argument que ce besoin supposé "d'histoires qui se tiennent" sert à justifier la présence littéraire massive de tous ces réalismes d'adultes ? Et qui peut encore croire que la littérature est forcément le meilleur vecteur "d'histoires" ? Faire découvrir qu'elle sert surtout à autre chose pourrait enfin lui donner une raison d'être auprès de notre génération gavée de médias narratifs en tous genres.)

Le risque que j'avais d'écrire, c'était la perte de confort, hier et aujourd'hui. Au lycée j'étais une star grâce à ma débilité autodidacte (applaudissements sincères dans les salles et les couloirs) : au sein de l'ignorance je me distingue par une certaine finesse. Par contre, au sein de la finesse je suis parmi les plus balourds. Apprendre la bonne respiration c'est toute une histoire pour ma maladresse ; ça lui suffit comme mission, comme fiction. Cela ne peut que mener à l'anonymat et à l'indifférence, mais soit.

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