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Définitivement

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16 juillet 2014

Mon malheur a été de ne pas être de ceux qui

Mon malheur a été de ne pas être de ceux qui lisent quand ils vont mal, c'est comme ça que je me serais fait des amis. Il m'est impossible de lire quand trop de choses me trottent en tête, que ce soit des choses que l'on appelle "positives" ou "négatives". Je rectifie donc : la plupart du temps, quelque soit mon état, je ne peux pas lire. C'est ce qui explique mon retard. Cela ne m'empêche pas d'aimer les livres et de vouloir m'en acoquiner. J'ai ainsi pu vivre le summum de l'absurde : j'ai voulu exercer des métiers en rapport avec le livre pour pouvoir échapper à la lecture ; sauf que bien sûr, le regard narquois de ma bibliothèque était remplacé par celui du lieu de travail, qui m'enjoignait encore plus violemment à plonger ma tête dans des livres malgré mon incapacité à. Aujourd'hui, la meilleure manière de ne surtout pas lire me semble être d'écrire.

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22 juin 2014

Plusieurs raisons pour lesquelles j'ai choisi de

Plusieurs raisons pour lesquelles j'ai choisi de dire des mots plutôt qu'autre chose :

1) Parce que même si on est emporté par eux, on peut trouver des raisons en cours qui nous font nous expliquer à nous-même pourquoi on cède, ce qu'il y a de bien et de moins bien à céder. On s'en tient à distance tout en étant en eux, on se préserve.

2) Parce qu'on a l'impression qu'on trouvera autant de plaisir à les maîtriser qu'à s'y perdre, qu'on pourra même s'y perdre en les maîtrisant et les maîtriser en s'y perdant. Ça se fait en un rythme animal donc pur et insatiable, c'est juste l'affaire d'un même centre d'organes. Le défaut de la musique, par exemple, c'est de trop déléguer aux extrêmités éloignées.

3) Parce que j'avais trouvé une raison grandiose la semaine dernière mais que je l'ai perdue faute de l'avoir notée : les mots ils sont comme ça, fuyants, on a sans cesse tout à découvrir d'eux.

21 juin 2014

Balancer spontanément son ignorance aux yeux du

Balancer spontanément son ignorance aux yeux du monde, ça ne veut pas dire la "revendiquer" (arrêtons ces mots, vraiment), ni "se débarrasser d'un poids pour se jeter dans l'arène" (vraiment arrêter ce genre d'expressions), c'est juste se dire qu'elle est prégnante en nous et que l'on peut choisir de la transmettre voire de l'exagérer pour meubler. Les gens qui existent comme cela m'ont toujours paru plus sympathiques que ceux qui veulent tout savoir, tout prouver. Encore faut-il se préparer au fait que l'on risque de connaître demain ce dont on parle aujourd'hui à tort. Si notre ignorance nous fait honte après coup, ce n'est pas tant pour elle-même que parce qu'elle change sans cesse d'objet : on souhaiterait être permanent.

14 juin 2014

Le système de diffusion-distribution que je

Le système de diffusion-distribution que je conçois pour mes livres, c'est en un seul exemplaire original – le vrai original où j'ai tracé mes lignes, pas une copie – que je transmets à un ami puis qui le transmet à un autre et ainsi de suite. Et je le récupère quelques mois ou années après, le délai étant fixé selon l'intérêt, la disponibilité et la localisation géographique des personnes concernées. C'est le seul échange culturel évident et soutenable. Cela convient tout autant à la honte que j'ai de ce que je fais – je n'aurai plus mes méfaits sous la main durant une période suffisamment longue pour qu'en les revoyant je m'aperçoive que je les aie oubliés et les redécouvre donc avec affection – qu'à ma conception de la seule échelle artistique qui vaille : le territoire amical – qui n'a certes pas de frontières mais une histoire, un vécu communs.

11 juin 2014

C'est au Pôle Emploi de Caen que j'ai découvert

C'est au Pôle Emploi de Caen que j'ai découvert Nathalie Sarraute. Dès les premières pages j'ai su qu'elle m'avait attendu, qu'elle écrivait pour moi. Les anguilles qui frétillaient dans la salle étaient d'un autre monde, celui où l'on veut avoir un poste, "poste" étant un mot que l'on trouverait difficilement chez Sarraute.

Je venais de si loin pour un entretien. L'employeuse au sourire commercial qui m'a reçu me parlait de choses n'ayant rien à voir avec Nathalie Sarraute. J'ai essayé de faire bonne figure mais je ne comprenais pas pourquoi j'étais là. Néanmoins je ne lui ai pas tellement déplu, comme on le verra.

Dans le train j'ai pleuré en lisant Nathalie Sarraute car elle disait tout ce que j'avais toujours voulu dire. Je pleurais peut-être aussi à cause de tous ces kilomètres faits en vue d'un projet niant l'existence de Nathalie Sarraute. Je n'avais plus pleuré depuis ce lit à Annecy qui avait été fait juste pour mon amoureuse et moi et dans lequel on avait osé jouir. J'avais peut-être aussi pleuré intérieurement le jour où j'avais enfin rencontré à Paris tous ces gens de la bande dessinée qui obnubilaient mon cerveau au point de m'empêcher de découvrir Nathalie Sarraute (je m'étais débarrassé d'un poids, "ça, c'est fait").

Je reviens à Lyon et le patron d'une librairie rebelle et cynique que je fréquentais me fait une proposition. Je ne vois pas quel rapport il peut avoir avec Sarraute mais je vais essayer.

Une fois sur place je me demande comment j'ai pu croire tant d'années à cette gaudriole, comment elle a pu me masquer Sarraute. Je fais comme si je ne tendais pas vers Sarraute, comme si j'étais toujours le même con, et ça marche si bien qu'on me juge trop con pour le poste, je veux dire pour le poste de Lyon car la dame commerciale anti-Sarraute de Caen m'avait rappelé mais j'avais décliné à cause de l'offre du rebelle cynique anti-Sarraute de Lyon, croyant que ce serait moins pire.

Aujourd'hui ça fait un an que je vis avec Sarraute. Encore hier soir elle m'a dicté des mots qui se sont bien sûr perdus dans les limbes de ma mémoire anti-mots (c'était pourtant éclairant, il devait être question du fil de l'écriture abstraite que l'on tire et qui peut nous mener à tout, contrairement au concret qui nous cache le vrai), du coup à défaut d'être écrivain j'ai écrit ce texte où je dis que j'aime Sarraute.

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8 juin 2014

Si je peux vouloir m'intéresser aux sciences

Si je peux vouloir m'intéresser aux sciences humaines c'est pour y trouver des raisons qui prouvent que le monde est inique et que ce sera compliqué d'inverser la tendance, c'est donc mortifère comme centre d'intérêt, ça sert juste à refuser de vivre. C'est prendre l'excuse d'une envie de réel pour le fuir encore plus. À l'inverse, le besoin de littérature, de langage pur, d'univers textuel qui n'a d'autre fin que lui-même, c'est pour m'aider à mieux percevoir les choses qu'il y a en moi et autour. C'est s'échapper pour mieux revenir.

2 juin 2014

Lire est toujours une défaite car on le fait

Lire est toujours une défaite car on le fait assis ou couché. L'acte qui nous emporte le plus, dont le souffle et l'intensité ne sont plus à démontrer, est aussi celui où notre corps est le plus absent. L'intelligence remportera le monde le jour où l'on trouvera le moyen de lire en vivant.

30 mai 2014

Du mal avec les traductions car une langue ce

Du mal avec les traductions car une langue ce n'est pas seulement des mots à comprendre, c'est aussi et surtout un rythme à prendre. Par la force des choses je ne peux aimer que la littérature française : je saisis ses respirations, il n'y a pas de mots plaqués pour "correspondre". Par la force des choses je ne peux aimer que la pop anglaise : le feeling est authentique, elle seule fait naître de telles mélodies au lieu de "faire comme si". (À ce propos, suis-je la seule personne qui arrive à goûter une journée par la simple présence d'une suite de notes dans sa tête ?)

29 mai 2014

La lecture fascisante du monde prend plaisir à

La lecture fascisante du monde prend plaisir à être à chaque fois l'inverse du bon sens. Là où il faut avoir conscience que le pouvoir est tout simplement entre les mains de gens souhaitant le conserver, d'agrégats d'êtres humains intéressés, on nous parle de complots méchamment compliqués à échelle gigantesque. Là où il faut avoir conscience du poids de l'organisation sociale et économique des structures, on attaque la victime ou la marionnette comme mauvaise individuellement. C'est faire exprès de biaiser.

28 mai 2014

Je me rends compte qu'écrire, c'est avoir envie

Je me rends compte qu'écrire, c'est avoir envie de faire sortir des choses de manière à la fois rassurante (pour que ça parle) et inattendue (pour que ça change), que c'est essayer des voix haut perchées pour faire style mais dont la faiblesse de timbre apparaît bien vite, que c'est arriver après bien des embûches, voies pentues et escarpées à notre propre voix pour finir par se rendre compte qu'on n'a fait que dire ce qu'on avait déjà dit mille fois et que c'est mieux comme ça.

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