Différentes preuves concernant la pop (2) Dans la
Différentes preuves concernant la pop (2)
Dans la pop, c'est vraiment l'ensemble qui fait sens. L'ensemble de la chanson, l'ensemble de l'album, l'ensemble de la carrière. Chaque moment ne pourrait pas être là sans l'autre (différence radicale avec l'impression de hasard que laisse la musique improvisée). Chaque touche éclaire l'autre. Et chacune est présente dans chacune (la meilleure pop est Une, « compacte » : on ne reconnaît pas d'où viennent les différents apports, tout a la force de l'évidence). Ainsi, quand j'écoute ce disque “gothique”, sa tendance à la fois sobre et rugueuse annonce déjà la douceur et la spiritualité de la tournure suivante de ce chanteur (qui embrassera le soufisme) ; ceux qui ont le moins compris quoi que ce soit à la pop, ce sont ceux qui jugeront cette étape comme un “virage” ou une “trahison”, ceux-là sont irrécupérables, n'ont plus qu'à aller écouter du rock. La pop c'est suivre ce que nous intime notre chemin de vie. Bien plus qu'elle n'évoque, la pop habite. Et ça marche dans les deux sens : les disques les plus mélodiques de ce chanteur sont bel et bien entremêlés de ses rugosités passées et futures, car oui, comme souvent, il bouclera la boucle en revenant se frotter à sa sorte de détresse plus inquiétante (mais tout aussi délicate). Tout est relié à tout : énergie créatrice, puis élan vital venant corriger les possibles risques de la première énergie, puis éternel retour, nostalgie des origines. (Je connais un essayiste qui tient à revendiquer la mélancolie aux dépends de la nostalgie, j'aime pour ma part cette impureté de la nostalgie, qui convient bien à la pop.)