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Définitivement
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28 octobre 2014

Je vais vous donner les clés définitives pour

Je vais vous donner les clés définitives pour comprendre Lucas Taïeb : c'est bien simple, il y a une courte période de sa vie où il s'est senti légitime de s'exprimer parce que c'était plus fort que lui (quand l'idée de ne pas faire quelque chose nous révulse, c'est qu'on a le droit de la faire) ; ça s'est assez vite dissipé, par lassitude et manque de matériel : son besoin de tout écrire avait construit sa propre prison, la vie devenait impossible. Il s'efforcera par conséquent, à partir de ce moment, de ne plus créer, afin d'essayer de comprendre le monde qui lui échappe. C'est encore vrai aujourd'hui. Les rares fois où il s'immisce de-ci de-là dans l'art, c'est justement pour tenter de mettre à jour les raisons qui le font s'accrocher à ce récif qui l'isole. Le sens du support devient l'objet même de la volonté de tracer. Il ne peut donc parler que de lui.

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24 octobre 2014

«Non, on peut quand même pas dire que c'est

«Non, on peut quand même pas dire que c'est pareil, moi je veux me suicider mais c'est par sentiment d'incapacité, de peur, alors que lui, bon d'accord il a tenté de se pendre mais après il a tué des enfants donc c'est pas le même topo, c'est qu'il devait se sentir au-dessus de tout. L'incapacité et la peur c'est moi, c'est pas lui. Faut pas mélanger. Lui il est hors de la pensée, alors que moi faut me comprendre.»

23 octobre 2014

Souvenir qui s'est répété jusqu'à ce que je

Souvenir qui s'est répété jusqu'à ce que je décide qu'il fallait que ça cesse : dans la file d'attente de la salle de concert où va jouer ce groupe que j'écoute en me forçant un peu – parce qu'il faut bien s'intéresser aux choses que connaissent les gens normaux de notre pays – je m'aperçois que ces gens sont tellement sociaux que c'en est écoeurant. Je ne voulais plus revivre ça. La musique comme activité conviviale n'est plus musique du tout (la seule dimension initiatique du pogo est d'apprivoiser la sueur et les contacts corporels ; ça peut servir mais des automates gorgés d'eau s'en acquitteraient très bien). À partir de maintenant j'écouterai seulement des choses qui me parlent pour elles-mêmes et non pas pour ce qu'elles représentent comme mises en scène ou communautés. La musique c'est la chambre intérieure. À partir de maintenant je chercherai la chambre intérieure. Je ferai même exprès de me concentrer intensément sur la tonalité sensitive des ambiances de la chambre intérieure. C'est comme ça que tout a commencé, il ne fallait pas dévier. 

Ni stagnation de nos maladresses ni imitation des lubies des autres : écouter de la musique c'est aller toujours plus profondément vers ce qu'on cherchait depuis le départ mais pour lequel on se contentait de fort peu faute de mieux. Maintenant, autant aimer vraiment.

(En littérature : obligé d'être guidé, je peux pas autrement. Je me place, je me situe. Seuls les sons ne sont pas de la pose.)

17 octobre 2014

J'ai longtemps cru que tout était une mise en

J'ai longtemps cru que tout était une mise en scène. Alors bien sûr, je ne suis pas le seul, on est ici dans l'antienne rabâchée (par exemple, il est forcément apparu à tout le monde que les rituels de l'école étaient une vaste blague, que la garante de l'autorité finirait par nous dire qu'on allait pouvoir crier (primaire) / baiser (secondaire) tant qu'on voulait, que c'était la seule raison d'être réunis là), mais cela a pris chez moi des variantes sûrement peu communes, comme celle-ci :

Mon meilleur ami m'avait invité pour son anniversaire qui prenait la forme d'un festival humoristique. On allait faire des jeux et inventer des langages, déjà. À notre échelle bien sûr, mais en bonne marche, notamment grâce au concours précieux et enthousiaste de son grand frère. Tout avait été préparé et écrit sur des feuilles : les étapes, les rubriques. Ayant peu l'habitude d'une telle organisation, je crus que celle-ci avait envahi l'appartement entier – que leurs parents n'avaient pas trouvé nécessaire de déserter pendant l'après-midi. Si le papa s'approche de la bibliothèque avec un air pensif et la main sur le menton, cela fait donc partie du programme, me suis-je dit. J'étais fasciné. C'était plus fort que ce que j'avais jamais imaginé. Quel concept poussé jusqu'au bout !

"Et quand ton père est passé dans le salon pour chercher un livre, c'était prévu ?" ; je ne sais plus ce qu'il m'a répondu.

16 octobre 2014

Ce qui me fait arrêter l'art ainsi que d'autres

Ce qui me fait arrêter l'art ainsi que d'autres manies durant certaines périodes, c'est le sentiment d'être ridicule. Je me vois mener la chose avant de la commencer et je m'apparais comme pitoyable. Non pas exactement "nul", comme on dit, mais ridicule. J'aimerais qu'on saisisse la nuance. Il n'est pas question de ne trouver aucune "qualité" à telle action, il y en a toujours, il s'agit d'insister sur le tableau aliénant que celle-ci me renvoie : un fait fermé sur lui-même qui reproduit les mêmes connexions, un cadre fixe qui ne déborde pas sur les autres vies. (C'est pour ça que je comprends très bien qu'on veuille être une star.)

Ce n'est pas la première fois de ma vie que je perds toute confiance en "l'acte créatif" et je ne vois pas pourquoi je ne devrais pas faire de rapprochement entre ces passages, quand bien même ils peuvent être éloignés entre eux de plus de quinze ans, quand bien même j'étais à cette époque un enfant et je suis désormais un adulte. Les problématiques restent à peu près identiques (la preuve, c'est à partir de cet âge-là que je me suis mis à utiliser le mot "pitoyable" qui apparaît dans la deuxième phrase de ce texte). De nouveaux regards intérieurs m'avaient permis d'en sortir, je sens qu'ils arrivent aussi en ce moment, mais c'est lent.

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15 octobre 2014

Il finit toujours par y avoir un sentiment de

Il finit toujours par y avoir un sentiment de malaise quand on écrit sur ce que l'on aime, qu'on cherche à le "défendre" (rien que la présence de ce mot louche devrait nous faire réfléchir). On se dilue dans les égarements de ceux qui n'y comprennent rien, on perd les raisons qui nous font vraiment fusionner avec l'oeuvre. On s'est éloigné du sentiment et ça laisse un sale goût dans la bouche. Bien souvent l'on radote.

À l'inverse, c'est en écrivant sur ce que l'on n'aime pas qu'on invente des formes. On fait la part belle à nos intuitions les plus fortes, on va chercher loin, on creuse l'indicible. Apparaissent des structures de pensée que l'on ne connaissait pas, des vérités qui tranchent agréablement. On en sort enchanté, on a gravi des monts intimidants.

Tentative à ne surtout pas mener à l'oral. La dépréciation y sombre dans un brouhaha d'approximations qui lui enlèvent toute évidence. On agresse inutilement. À l'oral, se consacrer aux enthousiasmes. Là où ils semblent niais à l'écrit, ils brillent de leur plus bel éclat quand la langue est sans filet.

11 octobre 2014

Il m'emmena dans un recoin de la salle et me

Il m'emmena dans un recoin de la salle et me confia la chose en ces termes : "Bien sûr que l'art tout entier est une supercherie. Nous sommes une vaste organisation qui faisons croire à la crédibilité de nos manifestes. Dans chaque acte créatif il y a un canular, as-tu vraiment cru à ces justifications ampoulées auxquelles personne ne pipe rien ?". À peine eu-je le temps d'admettre qu'en effet, je trouvais bien souvent leurs textes emphatiques, qu'une trappe s'ouvrit sous mes pieds. Long tuyau puis atterrissage sur un matelas de gymnase. Tous en cagoule devant moi. Tous les artistes. Ils m'attendaient pour m'enrôler dans leur confrérie, maintenant que je connaissais le secret. J'allais devoir moi aussi jouer les gens convaincus de ce qu'ils font. Je me préparais moi aussi à dire des choses comme "mon art à responsabilité éthique invente du possible et contient l'audace de penser la beauté injustifiable de la perte et la mise à l'épreuve toujours renouvelée des sources de potentialités fécondes du pacte créatif à réinventer". Ça y est, je faisais partie du club.

10 octobre 2014

Je vous jure que je pense toujours que les autres

Je vous jure que je pense toujours que les autres ont raison, qu'il faut faire pareil qu'eux. Et comme les autres sont souvent cons, je choisis de devenir con. Ce n'est pas plus compliqué que ça. (Il y a aussi le fait que la pire chose au monde, ce pourquoi je n'aime pas vraiment la vie, c'est qu'on doive toujours être soi. Emprunter successivement différentes sortes de connerie permet donc de se changer les idées.)

7 octobre 2014

J'ai enfin trouvé la raison qui m'empêche d'avoir

J'ai enfin trouvé la raison qui m'empêche d'avoir envie de faire de l'art sérieusement : je n'ai pas l'ego placé au bon endroit. En fait, ce qui me porte c'est de me dire que la pensée parlera. Qu'importe qui se la réapproprie, qu'importe qu'on ne retienne pas d'où elle vienne, je serai content de savoir que les fruits ont germé. Autant bosser dans le social, non ? Un artiste normal rigolera de tout ça, dira qu'il n'a pas d'autre prétention que celle de plaire à lui-même comme aux siens, que d'amener sa voix. Personnellement, mon moi-même me suffit dans mon cerveau et en plus je ne l'aime pas toujours, alors construire ma vie sur cette mission qui n'en est pas une ne me sied guère. Ce serait à la fois trop m'écouter et ne pas assez m'entendre. Tergiverser, c'est le juste milieu que j'ai trouvé.

6 octobre 2014

Encore pire qu'un "système" : une "mythologie".

Encore pire qu'un "système" : une "mythologie". Ils disent "je vais essayer de trouver du sens dans ce que j'aime car tout est lié". C'est la même volonté dictatoriale d'ordre et de grille, c'est comme insulter les autres visions. J'aurai beau leur révéler que la pop anglaise est toute ma vie, ils me crieront que ce n'est pas vrai, que cela ne se voit pas du tout dans ce que je fais et que je n'ai rien à répliquer. Ou alors ils me feront remarquer que si c'est vraiment la pop anglaise que je cherche, j'échoue cruellement à la représenter. Il n'y a rien à leur répondre car je ne me situe pas sur ce plan : que les choses correspondent ou pas à quelque chose ne me semble pas être une raison d'être ou de ne pas être. Je ne sais même pas ce que je cherche. Si ça tombe bien tant mieux, si ça tombe mal tant mieux aussi car personne d'autre n'est jamais tombé mal de cette façon.

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