Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Définitivement
Publicité
Définitivement
Archives
10 juin 2015

Il y a des fois où des choses – des suppléments

Il y a des fois où des choses – des suppléments d'âme, des vécus exprimés – veulent sortir de ma bouche mais tout compte fait je choisis de les murmurer (ça se fait en une fraction de seconde mais c'est quand même un choix) car je les ai trop dites donc il y en a marre. Je sens que mon côté social pousse, pousse, pousse, mais le corps ne suit pas : ça vaut pas le coup de faire croire que je peux avoir envie de les dire, ce serait comme redevenir un jeune Taïeb qui voulait se montrer, alors que c'est bon, on a compris, on sait.

(Eh non, les autres n'ont pas forcément compris, les autres ne savent pas encore, car ils ne te connaissent pas tous. Mais comment peut-on ne pas connaître Lucas Taïeb ?)

Ce qui est drôle (façon de parler), c'est que je joue un rôle quoi qu'il arrive. Faire croire que je suis un murmureur alors que ma nature est de chanter à tue-tête, c'est une belle supercherie. Mais ce serait tout autant de la performance d'acteur si je mimais la passion insouciante pour les signaux de simplicité et autres récits de sympathie.

Quand j'essaie vraiment de dire de nouvelles choses, celles-ci s'avèrent souvent choquantes (même moi je le reconnais) de par leur caractère impensable. Alors les autres crient à la confusion, au manque de logique, de rigueur. Mais c'est justement parce que c'est impossible de penser comme cela que je préfère le dire ! Dire, c'est une expérience en soi. Il faut tenter.

Publicité
Publicité
9 juin 2015

Je sais que je suis là, comme ça, dans l’herbe,

Je sais que je suis là, comme ça, dans l’herbe, en périphérie de tout. Mon baladeur CD joue une musique que j’aurais envie de faire résonner dans le champ tout entier, mais pour ça il faudrait de l’électricité. Donc rêve d’une musique acoustique qui aurait la densité et la profondeur des vibrations saturées : c’est un peu tout ce que je cherche pour ressentir encore plus l’écorce de qui-vous-savez (les espèces de grands échalas présents depuis bien plus longtemps que nous). Donc on n’se refait pas, on a vraiment besoin de béquilles esthétiques pour que ça jaillisse.

8 juin 2015

Deux clubs 1. Nous allons bien nous entendre ce

Deux clubs

 

1. Nous allons bien nous entendre ce soir, on va se réunir en se tenant la main. 

C’est le programme.

J’entre et comme je m’y attendais, les regards que l’on me porte semblent bienveillants, peut-être un peu interloqués, mais n’attendant en tout cas pas de moi une quelconque marque d’intelligence, ce qui fout moins la pression.

Les gens sont à la fois pareils et pas pareils : on dirait qu’ils ont l’habitude d’être ensemble et d’avoir des habits à la fois semblables et pas semblables ; par exemple, ça ne semble pas les déranger que l’un d’entre eux ait une dégaine digne tandis qu’un autre se la joue rebelle ostensible.

Celui qui parle fait office d’intellectuel mais c’est accepté car il fait tout pour ne pas surplomber. Les questions qu’on lui pose montrent qu’on aime la connaissance mais aussi qu'on en profite pour rabâcher les idées que l'on a derrière la tête.

Quelques-unes sont franchement judicieuses, tandis que d’autres sentent le rance. 

Mais vraiment aucune pression, tout coule.

J’en ressors plutôt spirituel. 

 

2. Nous allons échanger sur quelque chose qui nous relie tous, communier entre initiés.

C’est le programme.

J’entre et comme je m’y attendais, on fait trop, beaucoup trop attention à moi, tout en ne me saisissant pas : le genre de regard amusé d'avance, irrespectueux dans son insistance, qui balaie d'un revers de pupille toute réelle possibilité de dialogue pouvant avoir lieu sur un même barreau d’échelle. On scrute plutôt qu’on ne saisit.

Je dois toujours prouver pourquoi je suis là, donner des raisons qui me justifient, en tout cas c'est moi qui me le dis (mais si je me le dis c'est que ça apparaît bien, d'une manière ou d'une autre) ; dans le même temps j'ai l'impression que je ne dois rien dire de moi qui vienne vraiment de moi, que ce n'est pas le sujet.

Dès que je ressens la velléité d’intervenir, c’est pour mieux me rappeler sur le champ que mes paroles seront avant tout jugées comme celles d’un con, réputation qui me précède.

J’ai trop à faire avec mes murmures rougissants pour savoir qui il y avait d’autre à part des ogres. 

Tout est bloqué.

J’en ressors païen, pire que fataliste.

 

5 juin 2015

Réécrire la même chose, cela permet d'épuiser

Réécrire la même chose, cela permet d'épuiser tellement certains mots qu'ils nous sortent par la tête et qu'on a envie de les remplacer par d'autres. Ainsi, de nouvelles notions, de nouvelles vues, de nouvelles vies apparaissent.

4 juin 2015

Une écriture qui doute, c'est la moindre des

Une écriture qui doute, c'est la moindre des choses depuis plusieurs siècles. Un dessin qui doute, on ne s'y fait toujours pas, ça agresse l'oeil. Pour ça que je bifurque. 

Publicité
Publicité
3 juin 2015

Je crois que si je continue c'est seulement parce

Je crois que si je continue c'est seulement parce que je ne supporterais pas de m'apercevoir qu'il y a des gens qui m'aimaient et que ça aurait pu être bien si j'avais continué. De me réveiller un matin et qu'on me reparle de choses que j'avais faites qui étaient si chouettes. C'est par crainte de la nostalgie que je continue ; loin de la refuser en elle-même, continuer est un aveu de faiblesse quant à cette nostalgie toujours prête à m'assaillir et dont je devrais me foutre pour enfin me taire.

2 juin 2015

Les écrivains qui jouent ostensiblement avec leur

Les écrivains qui jouent ostensiblement avec leur matériau ne sont plus lus. Pourtant c’était communicatif, ça donnait envie de leur emboîter le pas, de s’y mettre soi aussi, pour rejoindre la grande fratrie et tout casser. Mais maintenant on n’a plus le temps, pardi ! Comment tu voudrais qu'on relance la compétitivité avec ça ? Maintenant on ne voit en eux que des gens qui se font indécemment plaisir, qui ne se font pas suffisamment chier pour pouvoir nous captiver. On veut sentir la sueur du marché sur le vernis de l’oeuvre, ça montre que le mec a tout fait pour que ça tienne debout, il voulait pas au départ mais il a bien dû s’adapter, on fait pas c’qu’on veut dans la vie.

1 juin 2015

"Comme vous en avez conscience, vous pouvez y

"Comme vous en avez conscience, vous pouvez y remédier !". Sauf qu'il y a la mémoire du corps qui est passée par là. Il s'est formé ainsi, c'est comme s'il avait toujours été ainsi. Donc surhandicap. 

À partir de là, l'art me sert à dire "je sais que je suis bloqué, je sais que je suis risible".

À partir de là, surgit l'incompréhension face à tout art qui ne serait pas une manière de se ridiculiser ; l'impression d’une emphase quand on montre que l’on a raison.

(Le pire étant les cyniques qui croient davantage en eux-mêmes qu'en ce qu'ils appellent "l'homme".)

Quand je compare mon art à la réalité, je trouve celle-ci décidément beaucoup plus proche de moi (même si "je la sens pas bien", comme on dit), ce qui m'aide à la retrouver.

(J'entends déjà "mais l'art c'est la réalité !", oui, d'accord, l'art c'est la vie aussi, il y en a plein des tautologies, reste que si tu aimes l'art c'est justement parce qu'il échafaude autre chose, qu'il ne fait pas surimpression.)

Se ridiculiser me semble être le meilleur moyen d’esquisser un lien, d’entrevoir quelque chose de neuf avec celui que l'on a choisi comme récepteur. S'il se braque c'est qu'il ne souhaite pas vraiment se découvrir. 

(Se dépouiller permet ensuite d'aller plus loin, d'avoir vraiment prise sur notre réel. Croire que décrire son sérieux soit autre chose qu'en imposer, qu'aveugler, je ne m'y décide pas.)

Publicité
Publicité
<< < 1 2
Publicité