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Définitivement
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28 décembre 2015

« Je parle pour vous, je vais faire à votre place

« Je parle pour vous, je vais faire à votre place ; et prenez ça au sens propre, il s'agit bien de votre place autant que de la mienne car c'est vous qui m'y avez mis donc c'est comme si vous y étiez ». Personne n'a jamais aimé ça. On aime faire nous-mêmes, ensemble avec les nôtres, ou bien que les autres fassent leurs affaires et nous laissent en paix, mais cet espèce d'entre-deux bâtard qu'a créé le tribun, ça ne correspond à rien.

« Je parle pour vous, donc moi c'est vous. Croire en ce que je dis, c'est croire en moi, c'est croire en vous, c'est donc déjà vous conduire vers autre chose ». On dirait que le politique n'a retenu qu'un aspect du religieux : celui qui discourt, qui entraîne. Il a oublié qu'entraîner ce n'est pas exhorter l'autre à vivre à travers nous, c'est l'exhorter à vivre, tout court. Alors après il s'étonne que l'on trouve ça reposant qu'il nous oublie, que la magouille nous indiffère ; mais c'est parce qu'au moins c'est plus franc que lui qui fait croire qu'il est l'un des nôtres, que son action serait la nôtre. Une action qui est réellement la nôtre, c'est notre action.

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17 décembre 2015

L'erreur de tout ce qui se conçoit comme

L'erreur de tout ce qui se conçoit comme "mouvement" ou "message" souhaitant "convaincre" au sein de la "démocratie", c'est perpétuellement ceci : « Chers vous qui êtes déjà nous, c'est pas vous les cons c'est les autres ! ». Ne regardez pas ailleurs, je parle pour tous ceux qui. Comme si celui qu'on voulait faire venir à nous n'était pas con, qu'il ne fallait jamais le reconnaître, jamais le lui dire ! Tout discours sérieux, réellement lucide et éclairé devrait pourtant commencer par « Chers vous, que vous vous sentiez déjà nous ou pas nous, vous êtes des cons ! Vous l'êtes forcément, vous le serez peut-être moins à l'avenir, espérons, mais en tout cas pour l'instant vous êtes cons, vous l'êtes autant que les autres, ni plus ni moins ! ». Le problème, c'est que cela nous évoque une religion iniatique qui manierait la culpabilisation à visée sectaire. Or, pas forcément, car c'est à cause des passagers que nous avons collé ces caractéristiques, pas à cause du véhicule. On pourrait le faire marcher différemment, non ?

16 décembre 2015

Le vrai développement personnel Ce que j'avais

Le vrai développement personnel

Ce que j'avais tendance à, ce que j'ai encore parfois tendance à, ce que l'on peut tous avoir tendance à, c'est par exemple et surtout ceci : « Je suis en train de me pencher sur ça, j'entre dans le flot de ça, mais aïe une pensée me perturbe : et si en fait c'était ridicule, que j'avais tort d'aimer ça, qu'en fait c'est cela là-bas qui est mieux, et oui car quand même cela en impose mieux, cela semble plus solide, plus précis, alors bon cela m'emporte moins mais quand même cela respire le travail bien fait, alors pourquoi pas lâcher ça pour cela là-bas, mais non car en fait il faut que je me souvienne qu'il y a peu je détestais cela là-bas et j'avais bien raison, c'est tout ce contre quoi je me suis construit, c'est tout ce par rapport à quoi je me positionne, c'est le modèle-obstacle, alors oui d'accord il me fascine mais restons-en loin sinon ça va mal finir, il faut juste que j'essaie de lui renvoyer toujours à la figure le fait que moi j'ai choisi autre chose que lui, que moi je me penche sur ça et pas sur cela et que c'est bien meilleur, na ! »

On voit toutes les erreurs défiler : le fait que l'instant n'aurait jamais raison, que la conduite vers autre chose de plus plein serait préférable ; le fait que l'ignorance préalable de ce plein serait révélateur en soi, serait notre définition absolue et voudrait dire que l'on s'en soit senti forcément éloigné avant, qu'on en ait eu besoin pour se placer de telle ou telle façon et qu'il faudrait donc après tout persévérer dans ce que l'on imagine être un rejet ; que ce rejet ferait partie de notre équilibre, de notre entreprise saine de vie.

Tout est faux ! Car tout est à prendre. Il faudrait enfin qu'on comprenne, que tout le monde comprenne que tout est bien. Que tout ce qui est, est bien. Ce qui n'est pas bien, c'est ce qui n'est pas vraiment, ce qui n'a pas de réelle existence, par exemple et surtout : ce qui ne dépend que du sacré, du marché, des erreurs sus-citées suscitées par ceux-ci.

9 décembre 2015

Toi tu dis violence fondatrice qui est en l'homme

Toi tu dis violence fondatrice qui est en l'homme ? Et toi tu dis structures sociales qui le pervertissent ? Vous dites la même chose. Ce qui est en l'homme, c'est la conduite vers les structures, la propension à s'y enfermer, à s'y répéter, à s'illusionner. Ce n'est pas un hasard si le terme de reproduction est à la fois sociologique et psychanalytique : c'est bien d'une névrose à la fois "collective" et "individuelle" dont il s'agit (guillemets rageurs car arrêtons une bonne fois pour toutes d'user de ce dualisme qui n'a aucun sens quand on parle d'un être perpétuellement immergé dans un bain d'autrui).

L'erreur sans cesse commise, sans cesse réitérée, c'est quand la proclamation mimant ou établissant un impératif sacré nommé "institution" n'a pas d'autre but qu'une persévérance aveugle aux conditions de compréhension ou plutôt de non-compréhension qui l'ont fait advenir.

Comprendre enfin, ce serait arrêter de justifier notre violence par nos incompréhensions. La réaction en chaîne est irrépressible mais pas forcément inexorable. L'anthropologue qui se décentre de l'humanisme rejoint l'humaniste par le fait même qu'il mène l'étude de cette réaction en chaîne : il reconnaît que l'homme n'est pas n'importe quel être, qu'il pense certes à l'aune de ce qu'il peut mais que cette potentialité peut s'apparaître à elle-même. Donc à partir de là, ça s'éclaire. Ça peut. Ça peut venir.

4 décembre 2015

Une douleur, ou plutôt une sensation, une

Une douleur, ou plutôt une sensation, une perception désagréable, mais bref une douleur, fait partie de mon quotidien métabolique depuis plusieurs mois. "Vivre avec" me semble consister en ceci : pendant que je la ressens, donc que je la vis, essayer simultanément de m'imaginer comment ça aurait été de vivre ce moment sans. Ainsi, possibilité que cet autre présent possible fasse surimpression.

C'est assez simple avec la musique : quand je sens que la douleur vient trop s'appuyer sur elle, je cherche à trouver la sensation que m'aurait fait ce disque si je l'avais écouté sans la douleur. Finalement, ce n'est pas très différent de quand on apprécie une oeuvre parce qu'on l'aurait appréciée étant plus jeune, syndrôme courant de la jeunesse postmoderne attardée : on n'est pas non plus complètement dans le présent réel, on mythifie tout autant le passé (normalement perdu à jamais) que le présent (normalement différent du passé). Au moins, quand il s'agit de s'émanciper d'une douleur, c'est pour une bonne cause.

Et puis, je peux toujours chanter dans ma tête, ça ce n'est jamais gâché. De la même manière que l'on passe davantage de temps à penser certaines idées qu'à les lire ou les écrire, c'est aussi dans notre tête que nous sommes le chanteur éternel. Peut-être qu'après tout cela peut suffire.

Si je parle de ça, c'est que ce n'est que ma vie. Depuis le début ou à peu près, la mort est présente comme un horizon prématuré, la mort ou sa précurseuse la déchéance. Ce n'est pas tant un sentiment dépressif qu'une préparation flegmatique à ce qui ne peut qu'arriver tôt, pas forcément une attente, ce serait dire que le pied se fait ferme, mais la certitude désabusée de la petitesse du temps qu'il me reste. (Si cela semble lyrique, je ne peux qu'en rire encore plus car ça ne peut pas en être plus loin.)

Quand la douleur arrive je peux donc dire que je m'y attendais, et la plupart du temps c'est tout à fait vrai, même si l'on ne peut jamais prévoir toutes ses nuances. Je me suis déjà tellement joué ce moment dans ma tête, ce moment de la douleur définitive, irrattrapable, que je suis à peine sous le choc. Je pleure une bonne fois pour toutes, je regrette ceci ou cela pendant quelques temps, puis je vois vite qu'il n'y a rien à regretter puisqu'ayant mené tous ces moments passés en pleine connaissance de cause, en pleine préparation de la douleur à venir, elle ne pouvait que s'amener. C'est mégalogique, comme dirait l'autre.

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3 décembre 2015

Surgit souvent une contradiction que l'on refoule

Surgit souvent une contradiction que l'on refoule : on se dit que "le peuple" ne peut pas être massivement plus con qu'avant, que ce serait croire en une forme de dégénérescence morale, et pourtant, dans le même temps, on est bien certain que le capitalisme bêtifiant grandit d'année en année et tisse sa toile dans nos habitus. Je ne m'explique pas cette impasse de l'homme de gauche, pourtant de bonne foi. Si tu reconnais l'action globale implacable de ce que tu combats à tout instant, comment cette action ne pourrait-elle pas avoir un effet sans cesse aggravant sur les consciences, devenues donc différentes de celles d'antan, devenues plus méprisables d'une certaine façon (même si les méprisables ne sont pas à mépriser, bien sûr, car une philosophie ne fait pas une anthropologie, souvenez-vous) ? 

Oui, tes frères deviennent de plus en plus cons, ont perdu l'accès à ce qui dévoile les structures, on leur a tout mélangé dans la tête, comment cela aurait-il pu en être autrement puisque les mâchoires de ton ennemi sont chaque jour plus carnassières ? Oui, contradiction à dire à ton frère « rends-toi compte des dégâts immenses ! » quand tu penses que son cerveau n'en est pas affecté.

2 décembre 2015

Le chômage offre au prolo lettré la joie d'enfin

Le chômage offre au prolo lettré la joie d'enfin se retrouver dans tous ces personnages de bourgeois oisifs dont l'horizon d'existence n'est absolument pas borné par une quelconque forme de travail. Il apparaît désormais clairement que nous sommes tous frères.

1 décembre 2015

En fait, il ne s'agirait pas tant de ne pas avoir

En fait, il ne s'agirait pas tant de ne pas avoir "le droit" ("le droit" est toujours une vue de l'esprit) de "critiquer" telle religion, même prise excessivement en bloc, que de dire une bonne fois pour toutes que cette "critique" ne fait pas une anthropologie. C'est ce que l'on a toujours, encore aujourd'hui (et c'est grave, et c'est épuisant), à renvoyer à la face de tout principe philosophique surplombant qui incite l'homme à "accepter" ou "ne pas accepter" les propensions de son semblable, alors qu'il ne s'agit pas d'acceptation : le semblable est là, point. L'homme ne crée pas plus sa société qu'il ne crée son âme. C'est ce qui fera toujours de la philosophie une forme de religion si elle continue à ne vouloir penser que pour sa propre reproduction : ma vieille, ta grandeur ne t'empêche pas d'être une impasse invivable.

(Ô philosophie, tu nous dis ce qui est fort, ce qui est faible, rarement ce qui est l'homme. Tu aimes trier : ce qui a du caractère, ce qui est aliénant... Toujours juger, jamais comprendre.)

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