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Définitivement

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4 août 2022

Il faut croire qu'il est écrit que la vie

Il faut croire qu'il est écrit que la vie consiste à passer à côté d'individualités, souvent de celles qui nous sont les plus chères. Nous sommes un être, mais curieusement, la vie consistera à ne jamais conserver auprès de nous (ou parfois même à ne jamais connaître proprement dit) les êtres qui auraient dû composer notre vie. 
Soit il est dit qu'on n'aura pas le temps, qu'il n'est pas permis de découvrir à ce point la vérité de cette individualité, parce qu'alors elle n'est pas ou plus dans notre vie, qu'elle l'ait proprement "choisi" ou non (parfois, ce qu'elle a choisi, c'est d'être auprès d'autres vies, pas spécialement de ne plus être auprès de la nôtre). Soit il semble bien que cette individualité puisse faire partie de celles qui doivent occuper en premier lieu notre vie tellement qu'elle rayonne d'évidence et que chacune semble apporter ses rayons à l'autre, mais alors il y aura toujours un moment où il faudra qu'elle s'éloigne, car il faut croire qu'une individualité ne puisse jamais rester, sa destination consistant à se croire évanescente alors qu'elle est tout le contraire, à nier sa solidité et sa force en tant qu'individualité, semblant nous dire : "je ne mérite pas que tu me considères comme une individualité absolument unique, plus précieuse qu'aucune autre parce qu'unique, je suis juste quelqu'un qui passe, au revoir".

Il faut croire qu'il est dit que les individualités doivent se succéder, qu'on doive les voir passer une à une sans jamais arriver à communier avec chacune dans leur vérité, que la vérité de chaque individualité est trop haute pour nous, que la vie doit se résumer à cette inaccessibilité et à cette solitude. 
L'intensité de la vie ne réside pourtant que dans ces individualités, mais il faut croire que chacune a décidé de passer à côté de ce que devrait être la vie, de ne jamais côtoyer la vérité des êtres autour d'elles, chacune suivant son énigmatique couloir, se distançant le plus possible de la vérité de chaque autre être qu'elle pourrait connaître.

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3 août 2022

Il semble que l'on souhaite me refiler le concept

Il semble que l'on souhaite me refiler le concept d'angoisse, or il n'évoque rien pour moi. 
Mais c'est peut-être à cela qu'il sert, à n'évoquer rien, l'angoisse étant censée être (du moins vulgairement) une peur vide, sans contenu précis ou du moins faisant de tout et n'importe quoi son contenu, quelque chose d'insidieux, toujours présent comme en fond.
Cette définition (si elle a un sens) me semble trop accorder à une sorte de juste milieu idéal, facilement circoncivable entre les étaux des mots. Car pour ma part, dans ma réalité de tous les jours, il y a l'anxiété à la visée claire, éventuellement obsessionnelle, éventuellement obnubilante mais pas spécialement "angoisssante" car pouvant même, lorsqu'avec le temps on s'y est familiarisé, être vécue sur le mode de la tranquillité. Et de l'autre côté il y a une agitation intérieure (celle par exemple de la douleur ou du malaise proprement dit) qui se situe en deçà de tout contenu. Si on peut dire qu'elle s'imprime comme un poids sur chaque seconde de ma vie depuis que je la "ressens" (ce qui me fait penser parfois : "je n'ai pas eu une seule seconde d'apaisement depuis 2015 ; lorsque je me le fais croire je mens et c'est cela qui me rendra fou, à la fois de le vivre et de me faire croire le contraire"), en revanche c'est se simplifier bien trop la tâche descriptive que de dire qu'elle serait simplement "sans contenu", car c'est encore sous-entendre qu'il y aurait un "contenu" possible, c'est se situer encore dans les coordonnées des visées à "contenus", c'est simplement rajouter un "sans" pour faire croire que l'on s'efforce de bien expliquer le phénomène ; or, lorsque l'on est dans l'ordre dans l'en deçà de tout contenu, il n'y a justement pas de "contenu" qui tienne, même dans l'absence : on ne peut pas évoquer l'absence de quelque chose qui ne se situe pas dans la même réalité ; cette agitation intérieure n'est pas vécue dans les coordonnées de la conscience ou même de l'envers de la conscience (désolé de refaire un peu mon sartro-cartésien, mais il faut bien être conscient de son "angoisse", même sans la nommer comme telle, conscient des sensations angoissantes qu'elle nous fait éprouver, pour répondre à sa définition), au contraire elle doit toujours se rappeler qu'elle a affaire à un "cerveau" ou même à des "sensations" quelconques, elle ne se vit, du moins à la base, que comme état de fait : une agitation me prend, "vide" si l'on veut mais non, c'est encore trop croire qu'elle pourrait être "pleine" de quoi que ce soit, elle est juste un poids, une vigilance, une attente de délivrance, d'emblée un espoir que cesse le malaise.

Elle est donc, dans le même temps, empâtement et transcendance, amoindrissement et promesse d'extraction, ce qui explique qu'elle puisse être (semble-t-il paradoxalement) vécue dans la simple évidence et dans l'acceptation. J'ai toujours été comme ça (par exemple : le sucre m'a toujours rendu bizarre ; ah bon, ce n'est pas le cas de tout le monde ?). Elle est aussi toujours surgissement et donc (autre paradoxe) acceptation sans possibilité d'habituation : elle est à chaque seconde un scandale en plus d'avoir toujours été là, ou du moins depuis longtemps. La lutte contre elle est infinie puisqu'elle est en deçà ou au-delà de tout "contenu de pensée" ou de "ressenti" possible ; c'est sourd, c'est continu, ça peut certes se teinter d'une visée claire (l'anxiété circonscrite, "je vais me faire déborder par elle de telle ou telle façon, à tel ou tel moment") mais ça ne peut jamais se situer dans le vide, dans un "sans" : c'est juste la vie telle qu'elle s'incarne toute entière dans une agitation sourde qui m'accompagne depuis qu'elle me prend ainsi, mais qui ne dit rien sur comment elle va se colorer (par des pleurs, par une simple colère, une certaine euphorie ou une indifférence). J'aimerais bien pouvoir l'appeler "angoisse", mais je crains qu'elle ne se laisse pas s'enfermer ainsi (tout comme elle ne "m'enferme" ni plus ni moins qu'elle me fait être tel type d'être humain, dysfonctionnant comme ceci et pas autrement). Elle est bien plus fruste (n'est parfois rien de plus qu'un certain type de mouvement, d'élan ou de tremblement, sans que l'on puisse dire que je "l'éprouve" et à partir de là qu'elle "perturberait" une condition abstraitement idéale, immaculée, qui n'a jamais existé ou du moins qui n'existe plus dans les coordonnées dont on parle ici) et donc bien plus fondamentale : elle est malheureusement devenue mon être. En sortir, c'est comme me rappeler ce que j'étais "avant", c'est devenir un tout autre être. Ce ne serait plus moi, de la même manière qu'avant elle, ce n'était pas non plus moi (je ne me souviens plus qui c'était, ni bien souvent qui "je suis" à tel instant puisque je suis juste quelqu'un qui est "pris" ; non, pas par "l'angoisse", vous n'avez rien écouté, par une secousse, simplement par une secousse, toujours là mais qui – peut-être même pour cela, parce qu'elle est toujours là – ne dit rien de comment elle sera vécue, donc). Ce serait autre chose si ce n'était plus là. Et malgré tout j'y crois encore, j'ai toujours hâte (dans une impatience d'autant plus douloureuse).

21 juillet 2022

C'est le rêve d'habiter de nouveau dans cet

C'est le rêve d'habiter de nouveau dans cet appartement. Il en a la même forme, mais est bien plus grand qu'avant. Car il faut pouvoir accueillir les individualités avec lesquelles je vais désormais habiter, toutes ces individualités !
J'en attends tout de même une en particulier : cette individualité. Car j'habite toujours avec elle, comme à l'époque.
J'ai inscrit mon nom sur la porte, son nom, nos noms, mais il y en a d'autres aussi, surtout que la porte est transparente. Je vois les gens qui passent devant cet appartement et qui rêvent d'y habiter, dont certains apparemment y habitent vraiment, viennent, entrent et me rejoignent. De tous âges, chacune dans son style, hé mais oui mais dites-moi, c'est... c'est... c'est bien encore une individualité !
Je ne serai plus jamais seul.
Je montre le chemin qui mène à la salle de bains, la petite salle de bains au bout de la cuisine qui est comme un long couloir traversant. Tout en plus grand. C'est trop beau. Je suis trop content d'être de nouveau là, au milieu de toutes ces individualités et en en attendant une en particulier. Elle n'est pas encore là mais elle va venir, elle va arriver. Notre lien est indéfectible, avec cette individualité. C'est une individualité toute spéciale, qui met encore plus en valeur les autres – comme elles se situeraient sur un fond, sur un fond d'elle que j'attends, elle-même ainsi mise en valeur par les autres, sentant que mon bonheur qu'elles soient là, ces individualités, est gros de cette attente, de ce bonheur qu'elle soit en chemin, qu'elle soit de nouveau là, cette individualité. Car je suis sûr qu'elle sera là, d'une manière ou d'une autre.
Je ne serai plus jamais seul. 

11 juillet 2022

Le temps zéro, c'est : "c'est comme si c'était la

Le temps zéro, c'est : "c'est comme si c'était la veille que cette individualité avait choisi de se séparer de toi". Tout le reste entretemps n'a pas eu lieu, n'était qu'une traversée hallucinatoire (comme un très très long rêve pour distraire l'inconscient de l'essentiel) ; la seule chose qui a eu lieu, la seule chose dont tu es sûr, c'est qu'hier (oui, c'était hier), cette individualité a choisi de se séparer de toi. Et du coup il n'y a que cette individualité qui compte et tu es au temps zéro : le temps où "le temps sans cette individualité", ou plutôt "avec cette individualité loin de toi" (car tu ne peux pas concevoir un "sans" hormis en repartant dans l'évanouissement hallucinatoire dérivatif) commence. D'où le fait que tout commence et qu'en même temps tout s'effondre car les commencements (les tout premiers commencements) ne commencent que sur un effondrement. Tu ne sais pas ce que ça augure, tu ne sais pas ce que ça inaugure, tu es juste ici, là, au temps zéro.

Ce qui te donne l'impression de flotter en l'air comme loin de tout, avec perpétuellement les larmes qui tambourinent aux coins des yeux, c'est de t'apercevoir que tout est à recommencer sans cette individualité, ou plutôt avec cette individualité séparée de toi. Tu ne t'en rends compte que maintenant, vu que ça a eu lieu la veille (la très longue durée du rêve dérivatif t'a fait croire que c'était il y a quatre ans et demi, mais en fait c'était hier, comment as-tu pu te laisser prendre ?). L'aspect cotonneux d'irréalité vient davantage de la sensation d'avoir fait comme si tu avais continué à vivre dans l'hallucination sans cette individualité, que du fait de retrouver l'évidence de sa présence pleine et entière dans ce temps zéro (vu qu'elle ne t'a quitté que hier). Ce qui a été anormal, faux, impossible, c'est tout ce que tu as vécu depuis soi-disant "quatre ans et demi" (en réalité une longue nuit comateuse absurde, à la fois agitée et enserrée, agitée parce qu'enserrée) ; le temps zéro, c'est le retour vers ce que tu ressens pleinement depuis la veille, depuis que tu as pris conscience de l'éloignement définitif de cette individualité (puisqu'elle te l'a dit, c'était hier) : il n'y a plus qu'à accepter d'en être à ce point, encore à ce point (mais comment pourrais-tu en être à un autre puisque c'était hier ?).

Ou alors il y a bien eu une réalité, mais non signifiante puisque traversée sans conscience, comme non vécue (d'où l'impression d'irréalité complète) ; la seule conscience qui compte, c'est celle-ci : cette individualité n'est plus à tes côtés. C'est le temps zéro d'où tu dois repartir. Mais comment repartir ? Où ?

20 juin 2022

Ce qui peut calmer ma peur-panique d'effondrement

Ce qui peut calmer ma peur-panique d'effondrement (peur de m'effondrer pour de bon, sanglots qui sont donc comme un dernier sursaut), c'est de me dire : stop, ne t'étonne pas, ne t'angoisse pas, c'est normal, tu es au temps zéro. Souviens-toi que tu es au temps zéro.
Tu as cru que des choses s'étaient passées depuis (soi-disant depuis "quatre ans", selon leur échelle de mesure, voire paraîtrait-il même "plus de quatre ans", sic), alors que rien ne s'était passé de réel. Je veux dire qu'il y a peut-être eu des choses automatiques, mais comme une pierre s'abaisse ou se soulève selon la force anonyme qu'on lui applique ; rien de proprement réel au niveau de la vie concrète de ta conscience donc de ton être. Tu es encore au temps zéro. C'est le temps zéro, juste après ce qui s'est passé hier (ces ciseaux brusques qui ont choisi de te détacher et de te faire donc perdre toute attache, toute raison).

Calme-toi, tout est normal, c'est encore le temps zéro. Tout commence maintenant, c'est seulement maintenant que tu peux possiblement te rendre compte de ce qu'il s'est passé, en prendre une "mesure" proprement dite, réelle, assimilée. C'est seulement à partir de maintenant, ça y est, que tu te confrontes à l'événement, à sa violence. Avant, c'est comme si ça n'avait pas eu lieu, du moins que tu ne l'avais pas saisi comme tel. Maintenant, ça y est, ça commence, la confrontation commence, tu vas pouvoir possiblement descendre tout en bas pour y faire face, mais pas de panique, pas d'angoisse de précipitation, il n'y a pas à s'angoisser de se précipiter tout en bas, cela ne pourrait pas être autrement puisque ça y est, c'est le moment, tu es au temps zéro. 

C'est le moment où tu vas enfin te rencontrer, rencontrer ton vide, le vide que tu n'as pas voulu voir (ou trop peu car trop peur) depuis "quatre ans" ou "un peu plus". D'une certaine manière, tu peux voir ça comme un soulagement. Essaie de ressentir ça comme un soulagement : oui, tu n'as plus rien que ton vide, il est à toi, tu es au temps zéro. La séparation a eu lieu hier. Tout commence et ne fait que commencer. Et c'est ce qui va prendre le plus de "temps" (le vrai). Si tu sanglotes, c'est que tu appréhendes, comme on appréhende toute traversée, tout nouvel événement. Cela vient juste d'avoir lieu. C'était hier, et aujourd'hui c'est ton temps zéro, le temps zéro de ton vide, de ton absence, de son absence due à son choix des ciseaux. Tu y entres enfin. Tu entres enfin dans la descente. La remontée n'a jamais été aussi loin (tu ne viens qu'à peine de débuter la descente), mais au moins tout est là, tu y es, consciemment. Tout commence et même si tu ne peux y faire face sans t'effondrer, c'est déjà y faire face que d'y être.
Au temps zéro.

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5 juin 2022

Esquisse de description des représentations

Esquisse de description des représentations (mentales) temporelles d'un malaise hypoglycémique tout en le vivant (au moment même où j'écris ces lignes)

– Ça presse, ça presse, ça presse, tellement que je me sens plus traînant que tout : car ça y est, le coup m'est tombé dessus, on m'a assommé, je m'enfonce dans le sol, mes pieds collent quasiment (s'engourdissent parfois jusqu'à l'impossibilité de les mouvoir sans virer les fourmis), je suis emporté dans la spirale du down, tout est heurté, tout est noir. Au début, pas en sortir, puis se regarder l'être donc viser sans cesse la résolution, la solution que l'on sait être toute simple, la cause toute bête que l'on sait être à l'origine de l'état : se poser pour manger suffisamment, pour remonter. On a tout de même du mal à croire que cela suffise, ne serait-ce pas plutôt la totalité de la vie qui serait défaite en soi, exsudée au même titre que le reste de notre corps à cet instant ? Comment parvenir à se persuader qu'une fois de plus, cela remontera ? Et si cela ne venait pas, pour une fois, pour toujours et à jamais ? On gardera quoi qu'il en soit le choc de la descente, non seulement juste après mais jour après jour, mois après mois, année après année ; la fatigue accumulée est celle des multiples chocs quotidiens qui nous auront fait voir en face la descente, le vide.

– Le "ce n'était que ça" post-sustentation porte des nuances différentes selon les périodes, les intensités. Il peut être rire de réassurance ("ouf, je finis toujours par revoir la lumière !"), mais aussi un "tout ça pour ça", une déception. Car on a eu le temps (le temps heurté, le temps distendu), durant le malaise, de se faire plein d'idées sur la remontée : comme ça presse, ça presse, ça presse, il suffit vite d'y aller et tout sera réglé lorsqu'on aura mangé. Le monde nous apparaîtra tel qu'il est réellement, dans la pureté et la justesse de ses sensations non altérées, non perturbées, non faussées par le malaise ; on s'illusionne sur ce graal : cette illusion tendue, agitée fait aussi partie du malaise. Le contre-coup, parfois, le vide, c'est celui de la trop grande simplicité retrouvée : "ce n'était que ça... il n'y a donc pas grand chose après non plus", hé bien non, pas plus qu'avant en tout cas. Nous revoilà à percevoir normalement et on ne sait plus très bien ce que l'on cherchait lorsqu'on s'est efforcé de remonter, démené à croire à l'arrivée : il n'y a que ça, il n'y a que nous. On est bien peu de chose, avant comme après. Rien à voir avec "après le sexe", là on ne sait juste plus ce que l'on poursuivait, ce que l'on faisait avant, ce que l'on fera après. Que faire maintenant, maintenant que l'on est revenu ? Et pour combien de temps ? Quel épuisement.

4 juin 2022

C'est comme si au bout d'un moment quelque chose

C'est comme si au bout d'un moment quelque chose dans le cerveau se/me disait "bon, la blague a assez duré, non ?" et que du coup forcément je m'écroulais de tristesse (vu qu'elle n'était pas drôle) ; c'est comme si durant tout ce temps, plus de quatre ans déjà maintenant, j'avais bloqué la non-acceptation à l'arrière, dans la non-effectivité, dans le vague ; c'est comme si durant tout ce temps, le manque, l'impossible, l'inacceptable travaillait en secret et qu'il attendait simplement de ne plus exister (de n'être qu'une blague, oui, peut-être que c'est ce qu'il croyait profondément) ; je me dis aujourd'hui avec certitude et évidence que je n'ai jamais autant "accepté" que tout de suite après, peut-être pas tout de suite après l'annonce mais disons quelques semaines après (comme on accepte une situation "de fait", "ah bon, OK, c'est un fait, j'en prends note"), et que je n'ai jamais aussi peu accepté que maintenant, que c'est allé de plus en plus loin dans la non-acceptation au fil des quatre ans, qu'on est parti d'un point de "relative acceptation" pour arriver à un point de "totale non-acceptation" (avec, entre les deux, un long moment de "relative non-acceptation" de type latence, fausse conscience refoulante, croyant hypocritement à son calme alors qu'elle n'avait envie que de crier). Bien entendu, dans les faits, c'est passé par des pics, mais profondément ça travaillait et toujours, au fil des mois, au fil des années, les pics de non-acceptation montaient toujours plus haut, encore et toujours, sans savoir où ça allait s'arrêter, si ça allait pouvoir s'arrêter (autrement qu'en apprenant que tout cela était en fait une blague, une fausse réalité). C'est proprement impossible.

J'atteins enfin proprement l'impossible, je descends enfin dans la plus profonde non-acceptation. Rien n'existe d'autre que cette détresse face à l'impossible, l'inacceptable. Je ne sais pas d'où ça me vient, pourquoi ça me vient maintenant, mais c'est là (et l'impression que ce n'est pas si gratuit et inattendu que ça, que ça "travaillait" tout ce temps, que le temps passé à se faire croire l'inverse était juste trop long, que ça a assez duré, que soit ça n'existe pas soit je descends au fond). 

Je ne sais pas si c'est là que tout commence, si l'on peut descendre encore, si c'est possible de remonter (autrement qu'en apprenant que tout était faux, un long cauchemar pour mettre à l'épreuve mes nerfs, leur capacité à durer, endurer tout un temps interminable de mauvaise blague, de mauvaise réalité). Je sais juste que ce n'était qu'ainsi, en face de moi, en face du gouffre, de la vérité, que je devais forcément un jour me retrouver. Depuis quatre ans je suis là, je devais être là, je n'ai pas bougé. 

4 juin 2022

Cet ami me fait part aussi de son sentiment de

Cet ami me fait part aussi de son sentiment de décalage : que durant des périodes où il n'aurait pas dû aller bien, ça allait, que dans d'autres où ça aurait dû aller, il n'allait pas bien. C'est le cerveau qui décide. J'en avais fait part ici (en 2012).
Je ne sais pas aujourd'hui si c'est si vrai que ça ; au sens où je passais à côté de la vraie vérité ; au sens où je n'employais pas les mots pouvant réellement convenir à la décrire. Ce n'était pas plus le cerveau que le corps qui décidait, c'était la confrontation à une même substance-forme, un même contenu-expression que je verbalisai plus tard comme immobilité de l'agitation ou agitation de l'immobilité. Je me rends compte aujourd'hui que c'est cela qui crée les paradoxes perçus comme "temporels" (car relevant de "décalages", de "décrochages").
Et, pour le coup, c'est un concentré de... c'est une façon concentrée, économe, compacte, parlante, évocatrice de faire comprendre ce qu'est un malaise hypoglycémique : l'impression qu'une puissante vague arrive vers toi, très lourde ("je ressens toujours comme un poids", décrit cette camarade de symptômes, oui c'est cela), que tu vois arriver de loin, de très loin, dans mon cas de beaucoup trop loin car elle semble toujours déjà là bien avant d'être là, que le temps t'est donc compté, que ça se précipite, pas une minute à perdre (les surfeurs me comprendront), et qu'en même temps lorsqu'elle vient sur toi proprement dit, que tu la sens vraiment venir (ce qui est toujours plus ou moins le cas mais il y a bien un moment où tu as passé une limite et c'est cela qui est le plus indescriptible), tout se traîne en même temps que tout s'agite, tout s'affale, se liquéfie (logique, on parle d'une vague), s'enfonce, se perpétue dans le vide, devient fixe, emprisonné, privé de gestes, de mouvements, de possibilités de s'extraire du bourbier, de l'éclair foudroyant de cette lenteur qui t'a prise si intensément, si rapidement, si laborieusement. Tu ne peux, immergé quasi-totalement, qu'observer le monde, où tout s'active de façon heurtée tandis que cela s'imprime dans ta conscience comme de façon ouatée, un écho sourd, en "décalage". C'est cela le malaise.

3 juin 2022

Plusieurs solutions au même problème :– Comme

Plusieurs solutions au même problème :
– Comme cette ville incarne à tout jamais cette histoire, ces coups au cœur, elle ne pourra jamais être rien d'autre ; si je veux entrer dans une autre vie qui ne m'apparaisse plus comme fausse, il faut donc aller voir ailleurs.
– Comme cette ville incarne à tout jamais cette histoire, ces élans du cœur, elle contiendra toujours la vérité de ma vie, même si celle-ci est passée ; si je veux me rappeler que j'ai existé et que je peux encore un jour exister (pourquoi pas), il faut donc y rester profondément.
– La synthèse des deux, pas forcément paradoxale, serait : cette ville ne pourra jamais être autre chose que cette existence vraie que j'ai eu, il s'agira donc, pour garder intacte cette vérité dans son intensité et sa tangibilité permanente, non-parasitée par la fausseté, d'aller voir ailleurs. Car elle est cette vérité, point barre ; si elle veut être autre chose, sera soit fausseté soit ne sera pas. Pour être donc autre chose : refermer le bloc de vérité sur lui-même (tout en ne "rompant" rien, hein, puisqu'il continuera bien à exister dans toute sa concrétude de pierres, de pentes, de lumières), ouvrir une autre existence autre part. Mais le chemin vers une nouvelle vérité (adjectif+nom me semblant oxymorique, l'essence de la vérité étant de valoir pour soi éternellement) sera le plus long que je n'ai jamais connu et je ne sais pas si j'en ai encore la force.

27 mai 2022

J'ai du mal à élucider l'enjeu de ces pleurs-ci

J'ai du mal à élucider l'enjeu de ces pleurs-ci (ceux de tout à l'heure ; je pleure à peu près tous les jours en ce moment, mais curieusement seuls ceux-ci ont pour l'instant fait l'objet d'un texte) ; disons que comme souvent, j'ai pleuré à la fois quant au passé mais pas tant par rapport – le rapport considéré en tant que tel entre passé et présent exigeant bien davantage qu'un pleur mais tout simplement une auto-désintégration de moi-même –, pas tant par rapport qu'à l'intérieur même de ce passé et simultanément quant à ce dernier ; disons que j'avais une fois de plus découvert un nouveau passage pour descendre (ou monter) ce quartier irréel dans lequel j'ai habité dans ma vraie vie (ce que je ne peux donc pas croire, ce qui est une preuve de plus qu'il est irréel puisqu'elle n'a pas pu avoir lieu, sinon je serais obligé de la considérer par rapport à celle d'aujourd'hui, la fausse, et alors je me désintégrerais) ; ce qui m'a fait pleurer, en plus de toute cette beauté, de cette nouvelle beauté localement entrevue, jusqu'alors inconnue au sein de la beauté plus générale déjà connue de ce quartier, c'est que j'ai pu passer tant d'années, quand j'y vivais, quand je vivais dans ce quartier, sans connaître ce passage en particulier ; ainsi, donc, je pleurais non seulement d'entrevoir ce quartier dans mon passé et mon passé dans ce quartier, mais en plus de me dire que certaines dimensions (dont celle-ci en particulier) m'en avaient échappé ; comment avais-je pu, littéralement passer à côté, toujours à côté ?

Qui plus est, au bout du chemin, au bout de l'escalier, tout en bas, il y a eu un chat (et même deux) ; alors, si j'ai pleuré, si j'ai encore plus pleuré, ce n'était pas seulement (une fois de plus) pour la beauté, éventuellement associée à d'autres semblables mieux connues (par la loi de contiguïté des présences animales, qui nous gouverne depuis l'animisme), c'était parce que je me suis dit : "ah et en plus, en passant à côté, je passai à côté de ce chat (et même deux) ! ai-je donc vraiment tout raté ?" ; oui, et ce n'est pas tant que, classiquement, je me suis mis à croire que l'on avait posé ici ce chat pour moi (vibration du telos sans doute nécessaire mais pas suffisante), c'est que je me suis vraiment dit qu'il avait lui aussi, comme ce quartier, comme sa beauté, toujours été là. En étant brusquement séparé d'eux, et en étant passé à côté au moment où j'aurais pu les rencontrer, les inclure pleinement dans ma vraie vie vécue, je ne pouvais que les pleurer. Encore une fois, je n'avais pas su retenir le sens, le vrai ; je m'étais laissé distraire de la réalité, tellement qu'elle paraissait irréelle, parce que trop belle ; tout ce que j'avais gagné, maintenant, c'était d'être installé à tout jamais dans le mauvais monde et sa fausseté, à force de n'avoir pas su retenir la seule vérité (dont fait partie ce quartier). 

Malgré tout, il est encore tellement là qu'il semble parfois, au sein même de mes pleurs, en ce moment même pendant ceux-ci, m'appeler ; j'y retournerai toujours, que le faux monde le veuille ou non. La vérité devra finir par l'emporter. Et là encore, sans doute, je pleurerai.

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