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Définitivement

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Définitivement
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9 novembre 2015

Bien sûr, la clarté n'apparaît pas, n'apparaît

Bien sûr, la clarté n'apparaît pas, n'apparaît jamais ou quasiment, mais quand j'essaie de refaire le chemin qui m'a mené à telle phrase, là ça devient tout de suite évident pour ne pas dire cristallin et même mes tournures approximatives, contradictoires voire pire, erronées, prennent tout leur sens. Mais cela ne se dit pas. Ou plutôt, si je le dis, je vais entrer dans de nouvelles complications qui conduiront à d'autres malentendus qu'il faudra à leur tour détricoter pour trouver l'origine, or on s'éloignera de plus en plus, on n'en aura pas fini de sitôt (or, le but des gens est toujours d'en avoir fini quelque part à un moment donné : tel est la règle générale du social).

C'est entre autres pour cela (le lien n'est pas évident à première vue, mais là encore c'est une affaire de route à refaire dans le sens inverse) que le militantisme me tombe des mains. L'action concrète je conçois très bien, l'action intellectuelle il faut s'y atteler aussi, mais ce que l'on appelle "travail militant", censé être un entre-deux juste milieu intermédiaire entre la base et le sommet, ne produit bien souvent qu'une soupe molle, n'ayant ni le courage de la première ni la force de la seconde. Le militant a pourtant la prétention d'être autre chose qu'un publicitaire, il veut mener le bal d'une poigne de fer : faire renoncer les têtes brûlées aux coups d'éclat comme faire cesser de réfléchir les têtes chercheuses. Les deux sont bien trop "dangereuses". Le militantisme, c'est la culture permanente du danger. Qu'est-ce qui est en danger ? Son ordre, son règne de la parole si l'on souhaite faire grincer réellement les rouages, tous les rouages, les siens comme ceux de la "société" (comme s'ils étaient différents). Qu'est-ce qui est dangereux ? Bien plus que les faits ou les actes, ce sont les pensées qui sont les plus dangereuses, certaines pensées qui mettent en perspective trop de vues fixées, trop de grilles déjà bien installées et qui n'ont plus à démontrer leur "utilité", pour tout le monde donc même pour lui, le militant. Alors il discourt, il rapproche des positions, il nous tient au courant de qui a dit quoi. 

Il nous dit que si on dit ou fait telle chose, cela va "nous conduire" à telle autre chose. C'est à l'aune de cet avenir présumé qu'il faut juger si c'est acceptable ou non, jamais en considérant le contenu produit pour lui-même. Exemple : Le raciste est à contredire non pas parce qu'il est raciste mais parce qu'il est "dangereux" car il risque de conduire à une société raciste (comme ce n'est jamais prouvable, on ricane et on laisse dire les racistes, ce sont des opinions comme d'autres après tout). Autre exemple : Le penseur critique analytique, le génie, le vrai révolutionnaire conceptuel, n'est pas à considérer selon ce qu'il nous ouvre comme perspectives mais selon le "danger" qu'il suscite en nous éloignant des luttes primordiales (qui tombent toujours sous le sens, cela va sans dire ; bien entendu qu'on pourrait bel et bien leur trouver un sens à ces considérations élémentaires, mais même le chemin qu'il faudrait parcourir pour le retrouver, ce vrai sens, est refusé par le militant sous prétexte que ce serait de la perte de temps : la spiritualité est de la perte de temps, donc). Le militant, tout militant serait ainsi une sorte d'écolo pour qui la société de consommation-coercition ne serait pas à combattre en elle-même mais simplement pour ses risques.

Donc désolé, je peux pas.

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7 novembre 2015

Il me paraissait évident que tout le monde était

Il me paraissait évident que tout le monde était pour détruire le capitalisme. Depuis tout petit, je regardais ces visages autour de moi, d'adultes ou d'enfants, qui n'étaient pas dupes, ces bras et ces jambes qui s'activaient faute de mieux dans des structures à dynamiter. Si peu de monde y parvenait, quasiment personne à vrai dire, ce n'était pas de leur faute ; l'intention était là, mais le mouvement général, les tâches énormes, insurmontables à mener étaient plus fortes que tout. C'était le déterminisme.

J'étais même indulgent avec les socialistes à cravates de la télé. Ma grand-mère me prévenait pourtant que c'était des faux jetons, mais je trouvais leur stratégie ni pire ni meilleure qu'une autre : l'essentiel était de vouloir détruire le capitalisme. C'est ce qu'ils voulaient forcément, c'était évident. Comme tous les copains autour de moi, comme tous les camarades d'école ou simples connaissances lancés dans cette grande course subtile et hypocrite où l'on faisait croire qu'on était insouciants alors qu'on savait tout, qu'on se destinait forcément à ça : détruire le capitalisme.

Mais depuis peu, depuis quelques années déjà mais je n'en reviens encore pas, je découvre que le monde m'a menti. Tous ces sourires malicieux avec qui je montais les escaliers du collège puis du lycée, sourires d'innocence malfaisante, d'espoir impertinent, prêts à détruire le capitalisme, c'était certain, renseignent désormais sur leurs réseaux professionnels qu'ils sont pour le capitalisme, ça ne semble pas les déranger d'avoir des métiers en rapport direct avec la continuation du capitalisme, c'est comme ça, ils arborent les mêmes sourires mignons qu'au temps des escaliers sauf que maintenant c'est pour dire qu'ils ont concédé au capitalisme.  

Et les encravatés des écrans en fait ils l'aiment vraiment le capitalisme, mais ça à la rigueur j'aurais pu m'en douter, ce n'est pas le plus grave dans l'histoire, eux sont nés encravatés, pas comme les miens. Les miens, j'ai vraiment cru qu'ils ne voudraient jamais se conduire comme des voitures, prendre certaines tournures, que c'était forcément trop con pour eux, pour nous, pour nos rires, pour nos shorts pourraves et blagues poétiques. Oui, toi quand tu t'esclaffais, que tu chahutais, que nos regards narquois se croisaient, tu voulais détruire le capitalisme, n'est-ce pas ? C'était forcément pour ça, non ? Pour quoi d'autre, sinon ? Hein ? 

29 octobre 2015

Je lui ai dit « ça sent la pluie », ce à quoi il

Je lui ai dit « ça sent la pluie », ce à quoi il rétorqué un truc comme « pfff, oui c'est ça bien sûr, je te signale qu'il peut pas faire plus sec ». On était en train de sortir le présentoir à vieux livres régionaux pour attirer le chaland. C'était le collègue barbu de la librairie* où l'on me "formait" (terme repoussant qui veut bien dire ce qu'il veut dire ; je n'ai pas voulu l'entendre) et qui pensait que je n'aimais pas la littérature parce que je n'en lisais pas. Dans ce cas, alors, je n'aime pas la nature parce que je ne sais pas la percevoir ? (Mes deux incapacités coïncident dans cette séquence et c'est ça que je veux faire ressortir, vous l'aurez compris.) 

Comme si faire ou ne pas faire quelque chose c'était aimer faire ou ne pas la faire, cette chose ! Comme si quand on disait quelque chose, c'était qu'on était d'accord avec elle, cette chose ! 

(Je souhaiterais que l'écriture aille plus vite que mon cerveau, me perde pour me retrouver. Pour le meilleur et pour le pire, depuis toujours.)

Le collègue barbu était l'un de ceux qui proclamait « la force de la littérature » et c'est justement parce que je m'en sentais exclu à l'époque que j'ai du mal encore aujourd'hui à la faire mienne. Si « force de la littérature » il y a dans ce que j'ai pu pratiquer, c'était dans les espèces d'interstices simplissimes à saisir, de contradictions élémentaires à définir, que j'aimais faire apparaître. C'était la façon que j'avais de dévider ma fange (comme jadis des étés entiers sur une petite table en plastique).

(En fait ce sont les mots plutôt que la littérature qui m'intéressent.)

Du mal avec la distinction concepts/percepts (philosophie/art) de Deleuze, car je m'aperçois que je me suis toujours senti du côté des concepts. Quand j'entends "percepts", j'imagine l'artiste plein d'émotion et je me rappelle que je ne sais rien percevoir, ou si peu. Si je faisais de l'art, c'était pour dérouler des propositions, éventuellement les articuler mais le moins gratuitement possible, en ne cherchant pas la précision d'un poète mais plutôt la rigueur d'une science sociale, au sens où je devais coller à moi-même dans toutes mes déterminations futiles et chemins excessifs, qui sont à aller gratter même quand ça fait disgracieux ou fastidieux (comme en témoigne cette phrase).

L'autobiographie la plus chirurgicale s'accorde souvent très bien avec l'énonciation de la proposition la plus essentielle et révélatrice, comme par exemple celle-ci :

De la même manière que la balance mal réglée du groupe klezmer amateur n'engendra que ce qui était déjà en germe, à savoir l'oreille trop nourrie de sons discordants, le coup involontaire de ta dulcinée sur tes lunettes de soleil ne les desserrera pas davantage qu'en les portant perpétuellement sur ton nez pour cause d'hypersensibilité occulaire. 

Tout y est : c'est ce que je conçois et ce que je ressens.

– Oreilles et yeux souffrants, diminués : tout s'écroule : le fait que tout s'écroule + le fait révélateur en soi que tout s'écroule quand oreilles et yeux souffrants, diminués : le fait que je ne sois que « ça », un pauvre « ça » démuni quand la musique et les mots écrits sont partis : toujours le regard sur un promontoir en plus de la caméra à l'épaule : l'addition des deux permet la vérité.

– Ironie du sort : venir puiser aux origines juives aggrave ce qui avait été mis en place par le punk (la propension aux acouphènes, à l'hyperacousie).

– L'amour vient s'imprimer sur tout ce que l'on porte quotidiennement, au propre comme au figuré, en bien comme en mal.

Alors après tout ça je peux remballer, non ?

 

* déjà apparus ici (suivre le lien et plus si affinités), le collègue comme la librairie

17 octobre 2015

« En fait », « mon » « problème » « avec » «

« En fait », « mon » « problème » « avec » « l'écriture », « c'est qu'il » « faudrait » « que je mette » « tous » « mes » « mots » « entre guillemets », « tellement » « je » « ne crois pas » « à la possibilité » « d'un sens » « qui soit » « mien » « et par là même » « qui puisse » « être partagé » « en toute connaissance de cause ». 

 

Notes

« En fait » : Bien la preuve que tout n'est que tics, que l'époque commence ses assertions par « En fait » et que cela me vient naturellement sans que j'y puisse quoi que ce soit, et même que je trouve cela nécessaire car cela permet de faire apparaître que je me tiens dans un discours, alors que pas besoin de le rappeler, c'est évident, toute parole est situable...

« mon » : Qu'est-ce qui est moi ?...

« problème » : À moins que cela crée ce que l'on appelle une « limite qui crée le style », que cela soit une chance de l'impuissance, mouais...

« avec » : Il n'y a pas à accoler le fait « écriture » au fait « problème », ce sont une seule et même chose car au même moment, toujours, sans cesse, l'écriture est un problème, c'est l'écriture-problème comme un seul phénomène...

« l'écriture » : Mais qu'est-ce que j'appelle comme ça ? À peu près tout, car j'aimerais que tout ce qui me vient (la « pensée ») se traduise en mots communicables histoire de ne rien perdre, car j'ai déjà assez perdu comme ça...

« c'est qu'il » : Toujours ces rapports à établir entre les propositions alors qu'il n'y a pas de « rapport » entre elles, au sens où elles font partie d'une même unicité de tonneau (« du même tonneau », dit-on plus rapidement) et qu'il faudrait pouvoir exprimer cette immédiateté, bien plus que ça, cette instantanéité, bien plus que ça, cette simultanéité, celle-ci rejoignant « en dernière analyse », comme on dit, l'autre versant du sens de « ça n'a pas de rapport » : l'absurdité, qui est un « trop de tout » s'annulant lui-même, alors la boucle est bouclée...

« faudrait » : Toujours ces injonctions à être, bon sang !...

« que je mette » : Commode le verbe « mettre », naïveté du vocabulaire, etc...

« tous » : Vraiment tous ? Bien sûr que non ! Obligé d'en regrouper certains, car bien des notions se servent de l'accolation de plusieurs pour arriver à leurs fins...

« mes » : Bien sûr que ce ne sont pas les miens, mais ça vous aviez compris...

« mots » : Mais au final, qu'est-ce que c'est ? On dirait que je me moque facilement d'eux alors que pour la plupart ce sont vraiment des mouvements de la conscience, carrément !...

« entre guillemets » : Qui pourrait croire qu'ainsi je me mets à distance d'eux, alors que si je les dis c'est bien que je les prends à bras-le-corps, ou sinon ça vaudrait rien ? Qui serait vraiment dupe d'un artifice ponctuatif ?...

« tellement » : Tournure un peu familière, non ? Un peu « tellement j'te jure c'est vrai, mon frère », non ? Je crois que je n'ai jamais su ce qui était « familier » ou pas, ni ce qui était soi-disant « recherché »... Comme je dis souvent : dans mes « essais » je parle comme dans une « soirée », et dans une « soirée » je parle comme dans mes « essais », mais j'y peux rien, c'est ce qui me semble adéquat, qui vous dit que ce n'est pas le social qui se goure complètement ?...

« je » : Est-ce vraiment « moi » qui ne croit pas, alors qu'en fait c'est le monde qui fait que je ne crois pas en « moi » mais que dans l'absolu je crois en tout ce qui est « en moi » (car l'esprit ne peut pas être incohérent en lui-même, comme dirait Valéry) ?

« ne crois pas » : Disons que j'aimerais croire, mais qu'on me crie que non. Qui crie ? « Moi » ou « pas moi » ? Telle est la question...

« à la possibilité » : Souvent, c'est pas que je ne crois pas en les choses, c'est que leur possibilité même me semble indiscernable, révocable, ce qui est encore pire...

« d'un sens » : Oui bon ça c'est impossible à creuser, c'est Dieu, quoi, c'est tout...

« qui soit » : Est-ce le sens qui « est » ou bien « être » qui est le sens ?...

« mien » : Oui bon on a compris...

« et par là même » : Toujours besoin de ces liens, de ces « rapports »... Et si nous coupions le lien, et si nous leur coupions la chique, leur creusions le croupion (ce qui revient au même : couper c'est creuser, ou plutôt creuser revient à couper, ou plutôt conduit à couper) ?...

« qui puisse » : Question de pouvoir ou de volonté ? Qu'est-ce qui nous met en marche ? Le fait de savoir que l'on peut vouloir ou que l'on veut pouvoir ? Les deux à la fois, non ?...

« être partagé » : Mais qui veut encore lire quoi que ce soit de « moi » ? Même moi je veux pas !...

« en toute connaissance de cause » : Car c'est ça que je voudrais, connaître les causes, les causes de tout ; les conséquences, peu m'en chaut après tout, car elles viennent « après tout », justement, c'est ça le « problème », peut-on faire une écriture de causes à délier ?...

 

2 octobre 2015

« Vous savez quoi ? ON EXISTE ! Regardez, ON EST

« Vous savez quoi ? ON EXISTE ! Regardez, ON EST LÀ, on trace vos frontières, on vous instruit de nos lois, de nos lubies, c'est nous qui DEVONS faire ça ! APPRENEZ NOTRE EXISTENCE !

– Donc c'est bon, on peut toujours venir ?

– Ah non non, c'est fini maintenant, ON N'EXISTE PAS ! C'est fermé, ON N'EST PAS LÀ, nous DEVONS fermer !

– Mais alors vous existez ou vous existez pas ? Il faudrait savoir !

– ÇA DÉPEND, C'EST COMME ÇA NOUS ARRANGE. »

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30 septembre 2015

Mon lutin, ou l’impossibilité Il me dit : « Je

Mon lutin, ou l’impossibilité

Il me dit : « Je n'aime pas qu'on me montre des images, qu'on les fasse défiler devant mes yeux, par contre quand tu les étires avec des mots, que tu essaies de comprendre les ingrédients de tel mouvement que tu dépèces, je saisis et j'adhère. Je me colle tout contre et je ressens des picotements. C'est peut-être parce que c'est moi qui fais le chemin pour les prendre en moi. » 

Sur ces paroles, je choisis de regarder ailleurs. À savoir que tout en surfant dessus inconsciemment (sur ses paroles), je vois la personne au bout de la rue avec son pardessus et sa malette qui met un pied devant l'autre pour rejoindre son domicile. 

Il m'arrête tout de suite : « Tu vois, tu commets déjà des impairs : on pourrait croire que c'est la malette qui met un pied devant l’autre, car tout est toujours une possibilité chez les choses ; de plus tu surinterprètes en pensant que cette construction imposante, cette simple structure urbaine dont tu ignores les matériaux, est son domicile. Tu m'as perdu, j'ai détaché mes mains de ta bouche – au sens où je ne suis plus agrippé à tes paroles ; je ne possède plus rien qui puisse faire mien ton discours. »

Il m’apparaît soudain comme autocentré. Qu'est-ce que ça peut lui faire si le bonhomme vient bel et bien d'entrer dans ce qui semble être l'immeuble dans lequel il est parfois tout nu sous la douche ? 

Bien sûr, il m'interrompt : « Tu veux dire que c'est moi qui vais prendre la douche chez lui ? Relis ta phrase : quand tu demandes "qu'est-ce que ça peut lui faire" tu parles bien de moi quand tu dis "lui", donc quand tu dis que "il est parfois tout nu" rien n’empêche de croire que tu penses encore à moi en disant "il", n'est-ce pas ? C'est comme ça que tu me vois ? ».

Et il claque la porte de l'habitation donc oui, c'était bien la même personne, désolé. Je devais donc parler très fort et lui aussi, car j’ai dit qu’il était "au bout de la rue", mais ce sont des choses qui arrivent ; et c’est peut-être ça son problème, qu’il puisse arriver des choses. 

Car dès qu’il arrive DES CHOSES (je précise bien que je parle des choses car après il risque de revenir en criant « comment ça, "il arrive" ? t’as vu où que j’arrivais ? »), on s’extirpe de son cocon et on n’est plus que diaphane, mais c’est un risque à prendre pour traiter du temps du monde (ou "du temps, virgule, du monde", au choix, car c’est à la fois pareil et pas pareil). 

Certes, quand on vise on suppose sans cesse alors tâchons de soupeser nos suppositions, mais sachons aussi que nous sommes celles-ci, rien que celles-ci ; accepter cela (celles-ci) c’est déjà se retrouver, me retrouver, le retrouver. Oui, là je parle bien de lui et il a compris car alors il ressort et me fait un clin d’oeil complice, en fait il n’est dupe de rien, pas même de lui-même (c’est pour ça que je l’aime, l’un dans l’autre).

4 septembre 2015

L'écriture, c'est bien sur la longueur. Ok

L'écriture, c'est bien sur la longueur. Ok d'accord ça travestit mais ça éclaire, ça prolonge.

L'oral, on palpe vraiment les gens avec, on se rend bien compte au bout d'un moment qu'il faut arrêter son cirque.

Le web c'est bâtard, c'est mutant : longueur interdite, pas l'temps, mais cirque tout permis car ni geste ni odeur en face pour marquer une résistance. À partir de là c'est ignoble.

3 septembre 2015

Peu de personnes parlent de manger l'épaule.

Peu de personnes parlent de manger l'épaule. Pourtant je suis désolé, quand elle est couchée sur le dos et que nous on est sur le côté, c'est la moindre des choses de manger l'épaule – quand on veut que ce soit la bouche et plus seulement la main qui touche la peau d'elle. C'est rond et c'est directement accessible (le sein faut faire plus de chemin, faut passer par-dessus).

2 septembre 2015

Comme toujours, ce qui me pousse à mener quelque

Comme toujours, ce qui me pousse à mener quelque chose, c'est de me trouver pitoyable et de vouloir le montrer pour que l'on me reconnaisse au moins ça (ce n'est donc pas le "désir de reconnaissance" en tant que tel que je ne comprends pas, mais plutôt celui qui n'a pas pour objet ce au moins ça, cette chance de pouvoir être ridicule au grand jour) – pitoyable étant le mot dont j'use le plus depuis que je parle (c'est-à-dire que j'écris), j'aime bien comment il claque pour désigner ce qu'il y a à désigner, ceci étant sûrement dû à ces vacances dans ce camp de loisirs où ce jeune con m'avait dit « tu me fais pitié » tellement qu'il était désolé pour moi  – coïncidence ou destin : il me l'avait dit peu de temps après que je m'étais mis à lui chanter un air de mon chanteur préféré où il parle de son père mort quand il était petit, mais il fallait le savoir car c'est implicite, alors que moi c'était explicite que ma mère était morte, je sais pas qui lui avait dit mais on lui avait dit (dans cette chanson il dit qu'il va jamais le voir au cimetière – « j'vais jamais t'voir j'aime pas ça, mais j'te joue d'l'harmonica » – et moi c'est pareil : des fois je me dis qu'il y a une tombe correspondant à ma mère dans un cimetière de la ville où je vis et je ne sais pas ce qui me fait le plus bizarre, ce simple fait ou bien le fait que je pense soudainement et rarement à ce fait) – ainsi je voulais, par ce blog Définitivement, montrer que je savais que je pouvais apparaître comme quelqu'un de définitif dans mes interventions et que j'allais désormais écrire sans faux-semblants (il y avait en outre une autre signification : si l'écriture m'avait toujours fait peur, c'était par son côté sûr de soi, "j'assène des choses" ; j'allais désormais tenter de m'y frotter réellement, sans arrière-pensées), mais en fait je me trompais sur toute la ligne : ce qui gênait les gens, ce n'était pas mon côté définitif, bien au contraire, c'était mon éternelle confusion cherchant à ménager la chèvre et le chou en eau de boudin mi-figue mi-raisin ne sachant pas sur quel pied danser (comme quoi, rien à faire, on n'est jamais conscient de soi : moi qui pensais jouer le rôle du fort en gueule, je restais le timoré !) ; à partir de là, Définitivement est devenu l'histoire d'un mec qui croit qu'on le croit définitif alors qu'il témoigne sans cesse de son maintien bancal, c'était donc non pas « détrompez-vous, je ne suis pas comme ça », entreprise faite, refaite et surfaite, mais bien plutôt « je sais qu'en fait vous ne croyez pas ça de moi, mais je fais comme si ça me menaçait, je me bats contre des fantômes et en attendant je tourne en rond et c'est comme ça que je me montre tel que je suis » : c'est cela, le vrai autoportrait.

28 août 2015

Les gentils sont restés soviétiques. C'est par

Les gentils sont restés soviétiques.

C'est par cette phrase inédite et pleine de sens de mon chanteur préféré, toujours enclin à comprendre les créatures politiques que nous sommes avec distance et sensibilité, que mon rêve de cette nuit s'est terminé.

– Il est vrai que ma grand-mère est la plus belle âme que je n'ai jamais connue et qu'à partir de là je ne vois pas, je n'ai jamais vu comment on pouvait ne pas être comme elle communiste, humaniste, internationaliste. Il me semble même parfois que si l'on ne saisit pas dans mon oeuvre que tout commence par là, que Lucas Taïeb est petit-fils de communistes, alors l'échec est vraiment patent. (Je ne raisonne pas ici en terme de "qualité artistique" mais de construction d'esprit, de positionnement de la voix : de là où je parle...)

– Il est vrai que ma génération n'en finit pas de me faire rire jaune de surprise et de dépit quant aux lubies qu'elle sort de son chapeau d'ignorance en la matière. Je vois défiler sur mon mur toutes sortes de monomanies grotesques : rafistolages constitutionnels à base de "tirage au sort", quêtes chimériques d'une Cause qui ferait se rassembler les contraires en un "peuple" que l'on ne définit jamais, indulgences envers les pires formes d'essentialisme et même songes royalistes. On dirait que Marx n'a jamais existé. (Ce que l'on pourrait prendre pour de la pusillanimité s'avère plutôt être un manque de modestie de leur part : les gars, ce que l'on doit changer c'est bien plus que ça, c'est à la fois tout et bien plus complexe qu'un simple tout, c'est bien au-dessus de vous et bien profondément en nous.)

– Il n'est pas vrai que l'on doive être condamné à gémir avec les rats et les loups concernant "le peuple", "le peuple", "le peuple" que l'on ne fait que nommer et entraîner sans jamais embrasser (il n'est jamais vraiment complet "le peuple", il est à géométrie variable ; l'on s'aperçoit vite que la plupart de ses porte-paroles en excluent les "étrangers", les "immigrés" voire même les "bobos", sans creuser aucunement le pourquoi du concept). Ceux qui ont bénéficié d'une base critique solide, solidement humaine et sensible comme ma grand-mère, peuvent résister aux phares des méchants.

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