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Définitivement

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Définitivement
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3 mars 2016

Le déploiement des évidences (4/5) : Pertes

Le déploiement des évidences (4/5) : Pertes irréparables et incitations persistantes

Cette nuit j'ai rêvé que je pleurait tout, sur tout, pour tout, pour tous mes choix passés, récents et à venir, sans cesse irréfléchis, sans cesse en-dessous de mes possibilités, sans cesse le résultat de mes faiblesses et en amenant d'autres, me détruisant petit à petit. Fatigué de tout, par tout. Il n'y a que quand j'entrevoyais sincèrement le sens des choses qu'il aurait fallu prendre la peine de les poursuivre. Il n'y a que dans ces intentions fortes, dans ces foulées d'élan que résidait l'accomplissement ; après, j'ai perdu le fil ; et je persiste à penser que j'aurais pu le garder, c'est ça qui fait tout mon malheur. Me consoler serait reconnaître que la déchéance était inexorable et qu'il faut la cultiver telle quelle, profiter de son charme et des quelques menues joies qu'elle m'accorde encore.

Faire le seul blog qui vaille la peine consisterait en ceci : écrire précisément et uniquement ce qui me pousse à me lever malgré tout chaque matin, écrire chaque raison quotidienne conduisant à l'impulsion, à l'intention forte et voir ce qui revient le plus souvent, pour savoir ce qui me botte vraiment (j'ai déjà quelques idées et vous aussi, à nous de les retrouver).

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2 mars 2016

Le déploiement des évidences (3/5) : La voix de

Le déploiement des évidences (3/5) : La voix de tête

Incroyable que cette mélodie existe, soit comme ci, soit comme ça, prenne cette tournure-là ! Quand bien même depuis dix ans elle fasse partie de moi !

S'il est impossible de voir défiler des mots en soi de manière aussi précise et jouissive qu'en les lisant, à l'inverse il me semble que la mélodie dans notre tête est un plaisir encore plus grand que l'écoute en direct. Si je dois m'arrêter d'écouter de la musique ce n'est pas grave : ce que mon cerveau a emmagasiné pourra tout rejouer sans jamais se lasser. Enlevez-moi les oreilles plutôt que la mémoire. 

1 mars 2016

Le déploiement des évidences (2/5) : Le gazeux et

Le déploiement des évidences (2/5) : Le gazeux et le solide

L'amour se base sur une certaine magie, on est d'accord, or quand il perdure il se nourrit d'une dimension institutionnelle qui est un danger pour sa magie et menace son existence même. Ceci me semble être à l'image du monde humain en son entier. La magie crée l'institution qui réprime la magie et prend le risque de s'auto-détruire à petit feu. L'institution croit progresser quand elle devient froide, alors que sa Proclamation Sacrée de Froideur est une forme particulièrement déviante et inconsciente de magie. 

L'amoureux, lui, s'il veut se montrer moins suicidaire que le souverain contemporain, doit reconnaître la part de magie perversement ésotérique qui perdure dans l'institution : ainsi, cette conscience de l'inconscience préservera une folle distance vis-à-vis des choses-trappes qui résident dans les choses sérieuses. 

La technopole, elle, me dépasse à tout jamais, je ne lui vois pas de remède possible tant qu'elle s'en tiendra à ses obligations. Elle forme des agents opérationnels, experts en Froideur, qui n'ont pas à se prononcer sur la magie ; et celle-ci se théorise encore et toujours, ce qui forme la caste supérieure. Division mortifère. Devoir se concentrer sur l'une ou sur l'autre composante à construire ou à détruire, cela n'enchante personne. Pour la peine, cassons tout, liquéfions-nous dans les rouages. 

29 février 2016

Le déploiement des évidences (1/5) : Retrouver

Le déploiement des évidences (1/5) : Retrouver l'inespéré

Pendant deux secondes — mais qui sont tout un monde, j'ai cru qu'il était possible de trouver sur Google l'année d'enregistrement de cette cassette audio où je chantais déjà la nostalgie de ce que je venais de vivre (tout comme aujourd'hui j'ai la nostalgie de cette cassette et de la semaine dernière, entre autres), cassette entendue seulement par mon meilleur ami, oeuvre-jalon qui fait indéniablement sens, pourquoi Google ne la connaîtrait pas ? Si le web ne retranscrit pas la mémoire incandescente de chacun, il est décidément bien décevant. 

Même topo : rêve de l'autre nuit : je me dis que je vais reprendre les traits-libres-et-rageurs-sur-feuilles-de-papier-à-destination-de-mon-meilleur-ami, ce que j'ai fait de mieux, la vraie recherche artistique pure, ce qui me fait me dire qu'enfin je vais reprendre du crédit face au monde, que Lucas Taïeb va revenir. Dans ma tête de rêveur, je ne vois aucune contradiction : c'est reprendre la-création-pour-moi-seul-et-mon-meilleur-ami qui va me faire renaître au monde et pas au sens figuré-spirituel, non, au sens propre-concret : je me dis que reprendre les-feuilles-A4-pliées-en-deux-agrafées-et-diffusées-à-un-seul-exemplaire-à-mon-meilleur-ami c'est ce qui va me faire reconnaître par les autres artistes, les critiques, les journalistes, etc. Et tiens, nouveau rêve de cette nuit : on parle de ce retour de Lucas Taïeb dans Télérama ! Cela ne m'étonne pas plus que ça. Inquiétant, non ? Je suis le monde.

24 février 2016

Depuis toujours, ce sont mes affects

Depuis toujours, ce sont mes affects sociologiques qui ont empêché ma prise de connaissance du monde. Je voyais le social en premier et cela m'effrayait au point de ne pas savoir saisir ce qu'il pouvait m'apporter même à son insu (c'est-à-dire par les différents savoirs qu'il s'est construit pour se cacher et que l'on regroupe sous des vocables comme “art”, “philosophie”, “politique” ou “convivialité”). 

« Ce que raconte ce professeur a l'air intéressant, d'accord, mais pourquoi parle t-il comme un professeur ? Cela m'angoisse et me glace. »

« Ce que veulent tisser ces jeunes gens a l'air enrichissant, d'accord, mais pourquoi parlent-ils comme des jeunes gens ? Cela m'agresse et me crucifie sur place. »

« Ce que défend cet artiste a l'air éclairant, d'accord, mais pourquoi parle t-il comme un artiste ? Cela me fait rire jaune et m'agace. »

Ne pouvaient-ils pas s'en empêcher, tous autant qu'ils étaient, ou se croyaient-ils obligés ? Ma fuite prématurée m'empêchait à chaque fois de résoudre la question.

J'ai longtemps pensé qu'il fallait étouffer ces tropismes intérieurs, symptômes de mon immaturité affective, pour qu'enfin s'évanouissent les tropismes extérieurement perçus sur mes semblables. Mais ils ne font que revenir au galop. Grandir, c'est les nourrir de savoir positif. Me faire sociologue serait enfin faire quelque chose de ma perte de moyens face au monde, plutôt que de la nier ou pire – quelle ironie ! — de vouloir la remplir de contenus chipés à ceux qui me font peur.  J'irais dans la moelle de mes impossibilités. Directement. En en faisant profiter le reste des inadaptés. 

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23 février 2016

Vous allez arrêter un jour de faire les pitres,

Vous allez arrêter un jour de faire les pitres, tous les deux ?

D'un côté, voici Monsieur « L'être humain a vraiment tout perdu, quelle dégénérescence après la pureté instinctive de nos ancêtres, nous il faut nous cadrer ! » ; de l'autre, Monsieur « Que l'être humain est noble avec son langage digne de ce nom, complexe et équivoque, les animaux eux ne font que communiquer ! ».

Déjà, vous remarquerez que ces deux zigotos se positionnent chacun par rapport à l'autre. Le premier a quelque chose à régler avec « ceux qui disent trop de bien de l'homme » et le second avec « ceux qui disent trop de bien de l'animal ». Il semble qu'il faille toujours se positionner par rapport ; c'est ça être un pitre. Non seulement par rapport, mais par rapport à ce qui se dit de bien ou de mal sur ; propension quasi-naturelle qui peut avoir ses richesses — car après tout c'est celle que je suis en train d'adopter : je me positionne par rapport à ces zigotos – mais qui doit prendre conscience d'elle-même pour ne pas rester sèche et naïve.

Ensuite, on est tout de suite frappé par une contradiction : la frontière est bien tracée (humains/animaux), mais elle refuse d'accepter la principale conséquence de son tracé, qui serait l'incompréhension méthodique. Si je dis que les modes d'être de l'humain sont radicalement différents de ceux de l'animal, en quoi puis-je donc me permettre de comprendre ces derniers sous mes propres et uniques critères d'homme, et pire encore, de les juger ? Certes, j'ai développé le langage, mais en quoi celui-ci devrait-il constituer un outil de mesure des modes animaux, puisque je dis qu'il n'est pas de leur monde ? Certes, je me trouve immoral, mais en quoi puis-je plaquer mes éloges de moralité sur ceux que je considère justement n'avoir jamais été atteints par les flétrissures que je déplore ? 

On retrouve chez nos deux pitres tout ce qui les illusionnera toujours : l'art et la loi, qui les font se sentir si beaux, si forts.

Tant que nos deux pitres passeront leur temps à se répondre l'un à l'autre, on continuera le cirque.

(Car l'un mène sans cesse à l'autre, circulairement. Celui à qui la croyance en l'homme manque est conduit à déplorer son immoralité puis à proclamer fièrement, pour avoir quelqu'un face à qui se positionner : « oui mais au moins je suis un homme avec un langage, ça vous pouvez pas me l'enlever ! », proclamation prenant insensiblement une dimension individualiste : « et puis ça veut rien dire un homme, je suis pas un homme comme tous ces cons, je suis unique, je n'ai pas à porter le poids de ces charniers ! », donc retour à la croyance impossible, à la déploration et ainsi de suite...)

14 février 2016

Je déclare enfin, une bonne fois pour toutes, que

Je déclare enfin, une bonne fois pour toutes, que je n'irai plus jamais vers qui que ce soit pour lui montrer ce que je fais. Je le laisserai venir de lui-même et je répondrai à ses demandes.

Croire que l'on est plus libre quand le mouvement vient de nous, c'est vraiment se tromper du tout au tout, c'est penser à l'envers. Quand c'est nous l'expéditeur, on est prisonnier de l'attente, on ne vit que par la vision de l'autre. Quand c'est une commande, on se montre enfin serein, on a l'esprit pour donner le meilleur. On n'en revient pas que l'on puisse plaire. Quand on a démarché, on en revient toujours (souvent bredouille). Quand c'est l'autre qui nous propose, on se regarde enfin avec recul, on sort de l'angoisse. Quand plus rien ne nous tient à coeur, on se laisse enfin porter.

13 février 2016

À l'origine de Immobile et agité (là-bas) et de

À l'origine de Immobile et agité (là-bas) et de Définitivement (vous y êtes), il y eut L'oppression et moi (qui s'en souvient ?) : tout y est déjà, c'est là qu'on voit que je ressasse. Ça s'ouvre entre autres sur ceci :

En fait c'est à ce moment précis que je me suis dit que je pouvais commencer ce blog : j'écoutais Mouss et Hakim qui chantaient "Motivés, motivés" tout en lisant un article sur le livre collectif "L'armée noire" précédemment feuilleté en librairie ; mon passé de voteur insouciant se télescopait avec mon présent d'anarchiste complet. D'un côté la litanie festive des deux vifs frangins me semblait ridicule, et d'un autre côté les provocations graphiques et aphorismes trash du gros bouquin hors de prix me semblaient vains. Je me suis rendu compte que je ne pouvais plus apprécier intellectuellement ni la ferveur souriante (galvaudée) ni le nihilisme hystérique (surfait), alors que je me reconnais sensiblement dans leurs démarches résistantes. La ferveur c'est la fête, c'est émouvant, mais à trop vouloir rassembler on se caricature en consensualité inoffensive. L'hystérie c'est l'énergie, c'est beau, mais à trop vouloir choquer le bourgeois on ne prêche qu'aux convaincus biberonnés. Ce sont deux moyens imparfaits de ne pas faire le jeu de l'autorité. Quelle serait ma piste à moi ? Qui suis-je donc désormais ? On verra bien...

Du grand écart impossible entre Zebda et Pennequin. L'autre soir, je lisais Bruno Latour alors qu'à la radio parlait Jean-Marc Rouillan. Autre télescopage. 

Bien sûr que je n'étais ni “fête de l'Huma” ni “le Dernier Cri”, pas trop difficile à s'en rendre compte, mais j'ai mis davantage de temps à prendre conscience que je n'étais tout simplement pas “philosophiquement artiste”. Quand tu es “philosophiquement artiste”, on te promet deux grands sachems, totem frontal : Deleuze-Derrida. Mais ça collait pas. Quelque chose clochait. Si la philosophie doit philosophiquement philosopher, c'est trop, il me faut de l'air. Les sciences sociales furent cet air. 

Je me tatoue le sceau Bourdieu-Lévi Strauss (déjà moins “artistiquement correct” que Deleuze-Derrida) et je rejoins la trinité Guénon-Girard-Latour. Cela est mien. Je n'ai plus à mimer la grimace naïve et déchirante, je n'ai plus à faire croire que je suis moderne. 

 

Bibliographie :

La crise du monde moderne, René Guénon, 1927.

Des choses cachées depuis la fondation du monde, René Girard, 1978.

Nous n'avons jamais été modernes, Bruno Latour, 1991.

12 février 2016

Mon chat se blottit contre moi : au moins c'est

Mon chat se blottit contre moi : au moins c'est de l'affection qui a son sens dans l'instant même, jamais parasitée par l'optique d'en faire un être social de ce protégé !

11 février 2016

Je me contente de peu, le problème c'est qu'il

Je me contente de peu, le problème c'est qu'il s'agit toujours du même peu, que ça ne peut être que ce peu et aucun autre : à partir de là, dès que ce peu n'est plus là, je ne peux plus me contenter de rien. Tout s'effondre, alors qu'une seconde avant, tout tenait à un fil (mais un seul fil, et ce n'est donc pas une qualité d'être peu exigeant, c'est juste suicidaire).

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