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Définitivement

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13 août 2019

J'aimerais ne pas faire que me défendre de leurs

J'aimerais ne pas faire que me défendre de leurs propos, j'aimerais aussi en mettre d'autres sur la table, leur proposer les miens ; mais après avoir bien écouté les leurs, afin de ne pas reproduire le travers que je leur reproche, le manque d'écoute ; mais cette écoute ne devant pas être craintive de ce qu'elle pourra entendre, pour ne pas retomber dans la réaction de défense. En somme, il faudrait être dans ce que l'on pourrait appeler la proposition confiante en pleine connaissance de cause, ou « hop, tout bien pesé, voici ce que je pense pouvoir apporter ». Ce serait si simple !

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12 août 2019

Faire juste quelque chose en particulier, me

Faire juste quelque chose en particulier, me concentrer sur la nécessité d'un sous-domaine (ce dessin-ci, ce texte-là, seulement ça, seulement ci), je n'y arrive plus car je ne suis plus convaincu que ça dise tout à fait quelque chose. S'il faut dire, il faut le dire tout à fait et l'on peut rarement. Par contre, tout ensemble, à savoir quand on relit ensemble les différents fragments qui se répondent, se complètent et s'enrichissent chacun par rapport à chacun, tous autant qu'ils sont, je crois tout de même que ça reflète un joli effort de vie, pour ne pas dire d'expression. C'est en pensant à tout à la fois que je suis convaincu par ce que je fais.

11 août 2019

Différentes preuves concernant la pop (4) Pile

Différentes preuves concernant la pop (4)

Pile quand mes oreilles se barreront définitivement en couilles, pour contrebalancer, je découvrirai plus que jamais que ce groupe – ainsi que cet autre groupe aussi, pas loin – sont tout ce dont j'ai toujours rêvé. On pourrait trouver ça cruel, mais c'est plutôt un rêve de continuité qui se vit ici (et perdure jusqu'à présent) : la pop tient donc encore, la pop tient le coup.

La pop tient toujours le coup, preuve en est que j'avais pu me rendre à ce concert malgré tout ce qui s'était passé, que je n'en revenais pas qu'une telle musique puisse encore exister après le choc ; je lui ferai part de cet événement inespéré (elle aurait dû y être avec moi si on avait été encore ensemble, mais alors il aurait moins été inespéré), caractère inespéré de cet événement qu'elle ne saisit pas tout de suite car elle me demanda de préciser ce que je voulais dire par là, pourquoi je n'en revenais pas (alors que pardi, qui l'eut cru ?).

Musique qui existait bel et bien et même plus que jamais, puisque c'est ce chanteur qui m'avait sauvé : d'abord avec (notamment) une chanson déchirante qui m'avait coupé les pieds alors que je devais aller faire les courses pour un repas où elle ne viendrait finalement pas – la montée des pentes avec cette chanson dans les oreilles m'étant apparue insurmontable, car en cette chanson semblait résider ce que je ressentais et le fait est que quand je traduirai les paroles je m'apercevrai en effet qu'elles disent en substance “cet amour [notre amour] ne peut pas être effacé comme ça simplement d'un coup” et c'était tout à fait ça, je ne pouvais pas faire ça comme ça, en deux coups de cuillère à pot, comme on dit, j'avais bien perçu que cette chanson parlait de ça car elle parlait tout à fait comme ça, avec tout à fait les airs de ça, l'air de dire ça.

Puis ensuite (autre exploit de ce chanteur) j'écouterai l'album suivant de la discographie tandis que je serai délaissé plus que jamais par elle au téléphone avec l'autre (celui d'après), et là, comment dire ça, voici comment : la force et l'évidence de cette musique, la force de l'évidence, c'est elle qui me fera me dire « eh mais en fait le monde peut continuer ! cette musique en est la preuve ! elle est la preuve qu'il y a un profond souffle de vie confiante en moi puisqu'il y a un profond souffle de vie confiante en elle et que je la vis plus que jamais comme faisant partie de moi ! ». Ce sera donc définitivement la preuve.

9 août 2019

« Tiens, là tu as pris une voix bizarre, on

« Tiens, là tu as pris une voix bizarre, on aurait dit que...

– Ouais, je jouais celui qui critique quelqu'un en particulier, comme si je lui en voulais, alors que ça ne m'est encore jamais arrivé. 

– Pourtant tu disais l'autre jour que...

– Disons que je leur en voulais abstraitement, je leur en voulais de m'avoir fait croire que j'étais comme eux, je m'en voulais de ne pas avoir compris plus tôt qui j'étais, ou plutôt de l'avoir nié (car je le savais pertinemment), de m'être laissé entraîner juste parce qu'ils étaient des autres, les fameux autres.

– Et du coup tout s'éclaire maintenant, sérieux ?

– Disons qu'il y a eu un certain cheminement mystique, oui. Sans savoir d'ailleurs où celui-ci réside précisément. L'illumination est-elle un préalable indispensable au dévoilement des variables sociologiques ou sont-ce ces dernières qui sont l'illumination ? Dans tous les cas, dans un sens ou dans un autre, la compréhension de ce qu'est chacun est plus qu'elle-même, plus qu'une simple compréhension, c'est enfin l'acceptation du saisissement (je les saisis enfin en comprenant pourquoi j'étais saisi par leur beauté) : par exemple, ce monsieur, j'ai fini par déterminer d'où il venait, pourquoi il se comportait ainsi, tenait tels propos, ce qui me permet dans le même temps (avec d'autant plus d'ouverture spirituelle) d'être si touché par la façon dont il rit. Il est tout entier dans ce rire, voilà ce qu'il faut que je me dise.

– Il n'est donc pas dans ces propos qui te déplaisent ?

– Je ne sais pas... Maintenant que tu me le dis, je me rends compte que je serais tout autant gêné par une sorte d'efforcement bourgeois vers la soi-disante authenticité matérielle ; tu vois, celui qui voudrait que les autres restent modestes parce qu'ainsi ils seraient plus vrais, j'ai même lu une citation de Barthes comme ça, cela m'a attristé, qui disait en substance “parlez-moi de votre métier et pas d'états d'âme ou de considérations grandioses”, même Bruno Latour voulait que les gilets jaunes parlent “surtout de ce qu'ils vivent plutôt que de ce qu'ils veulent”, quelque chose comme ça, même Bourdieu n'aime pas trop quand ses enquêtés prennent de grands airs plaintifs plutôt que de décrire ce qu'ils ont traversé, c'est la doxa scientifique : il faut des faits, des constats. De mon côté il n'y a rien à faire, c'est quand il y a expression d'une quintessence des représentations que je commence à cerner quelque chose à dire, à faire savoir de cette belle personne, je ne crois pas qu'elle se cache ainsi, car même en semblant se couler dans d'autres mots, dans d'autres atours – son rire si spontané, si innocent contrastant si merveilleusement avec sa recherche de précision intraitable, son humour si frais, si banal, même ses calembours me semblent plus vrais que son témoignage ! C'est cela mon illumination sociologique, tu vois bien qu'elle ne peut s'empêcher de rester philo-artiste.

– Elle l'est sans doute dans sa finalité, simplement tu as trouvé d'autres moyens pour y parvenir, moins purs.

– Ah ben ouais, fallait quand même que je les cerne, c'est jamais pur de cerner ! »

7 août 2019

Différentes preuves concernant la pop (3) Tous

Différentes preuves concernant la pop (3)

Tous les musiciens que j'écoute sont reliés entre eux, se croisent et se recroisent dans leurs différents groupes (« il faudrait que tu fasses une carte », m'avait-elle dit) et correspondent à ma triple identité : agitation rétive, mélodie digne de ce nom et groove mondialisé (dans n'importe quel ordre ; tout est venu en même temps). Prenons ce guitariste : commence par l'agitation rétive, puis fonde un groupe du monde, puis répond à l'appel de ce génie de l'agitation qui fait désormais du groove à mélodie digne de ce nom ; puis sera atteint comme moi d'hyperacousie à cause d'un précieux guitariste de groove rétif (RIP depuis) qui règle sa sono trop fort ; se reconsacre donc aux racines acoustiques du monde, puis ira mieux donc reviendra auprès de l'icône de l'agitation rétive mondiale qui reforme son groupe de groove digne de ce nom ; et là, notre guitariste en question sonne riche comme jamais puisqu'il est composé de ses apports successifs : il sonne mélodiquement groove, en un doigté rétif mondialement digne de ce nom ; il est l'os de tout.

Précisons les choses : s'il y a « nostalgie des origines » dans la Pop, elle n'est jamais pur retour du même, elle serait plutôt différence dans la répétition, car expression d'une cumulativité. Réexplorera sa discographie à la lumière de ses diverses explorations-conversions, la redéploiera par le prisme des nouveaux yeux qu'elle a acquis. Quand on repense à nos élans, c'est bien notre moi de maintenant qui les fait revivre, c'est le nouvel air que notre pop a pris qui entonne nos anciens airs, par conséquent intemporels (et finalement on ne sait plus si ce sont les premiers albums qui sont sortis en premier ou si ce sont eux qui viennent de sortir). À première vue, il s'agit d'une belle thèse-antithèse-synthèse : élan initial (souvent rétif), puis construction (souvent plus mélodique) de cet élan, puis synthèse redécouvrant l'élan initial à la lumière de ses développements suivants. Ainsi, tout apparaît nécessaire, la folle naissance comme l'assagissement, puisque tous deux ont permis l'aboutissement de la complétude. Mais je dirais que le plus beau c'est d'entrevoir un quatrième mouvement, sorte de métasynthèse : encore plus qu'une leçon tirée des chemins parcourus, c'est la gloire de la quintessence. Ce que l'on entend, c'est juste lui, cet artiste pop : il est arrivé à trouver qui il était, il n'est plus ni jeune ni mûr, il est lui, il est sa pop, son idiosyncrasie, son unique façon de tourner mélodiquement. On dirait qu'il est évidemment cela, qu'il aurait toujours dû sonner comme cela (même si l'on sait bien sûr qu'il n'aurait pu l'atteindre sans tout ce qui a précédé, car nous sommes des êtres impurs). 

Et ça ne sonne surtout pas comme une clôture, au contraire : c'est comme si sa carrière commençait. (Comment savoir si l'on a affaire à une grande Pop : ce sont les derniers albums en date qui sonnent les plus vrais, qui ont trouvé la quintessence.)

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6 août 2019

Mon malaise venait de là : « on dirait qu'en tant

Mon malaise venait de là : « on dirait qu'en tant que praticien de l'art outsider en bande dessinée, je suis obligé de représenter du caca et des choses malades, l'underground c'est ça, c'est obligatoirement voir les choses à travers les yeux d'un cerveau perturbé, non-réflexif quant à sa perturbation ». On aurait dit que dès que l'on considérait nos œuvres comme devant rester autoproduites et confidentielles, il fallait logiquement, nécessairement être dégoûtant. Cela m'était tout d'abord apparu comme un théorème dénué de contradiction, comme un destin. J'avais donc pensé qu'il fallait que je m'y coule sans frein, puis m'était apparue une évidence, une conversion intellectuelle : et s'il fallait avant tout comprendre pourquoi tous ces représentants du souterrain de l'art populaire représentaient ce qu'ils représentaient ? D'où venaient-ils pour penser que le système souhaitait nécessairement que l'on s'oppose à lui avec ces armes-là – en pensant certes l'embêter, mais choisir tel vecteur c'est dire aussi que son éventuel destinataire souhaite être embêté ainsi, qu'il n'en sera pas indifférent ? Comprendre sans juger, je vous assure. Saisir sociologiquement d'où provenaient ces personnes dont l'indécence m'agressait sans que je n'ose en témoigner. (J'en revenais pas de découvrir de la pop DIY dont le but n'était pas d'être malsain ! Cela était-il donc possible ?)

Je n'étais pas bien dans mon champ et il fallait que j'éclaircisse cette violence. Pourquoi forcément cet habitus taciturne, intraitable, esthético-comportemental surjoué ? Pourquoi devait-on penser des choses sur ce que devaient être les formes à tel ou tel moment ? En interrogeant quelques individus non-représentatifs mais représentants malgré eux de leur propre position hérétique au sein du champ de lutte, je poursuivais un but spirituel et éthique, quasi-initiatique : ne plus leur en vouloir de ce qu'ils étaient, de ce qu'ils m'avaient fait croire que j'étais. Élever mes errements passés dans le champ au statut de quasi-causalité (Stiegler) : c'était tout ce caca grognon (l'artiste underground est toujours grognon, pour une raison ou pour une autre) qui m'avait permis d'en venir à cet aboutissement de l'art de la mise en abyme que constituait pour moi la sociologie.

À partir de là, je reconsidérais mon absurde de façon dialectique. J'avais initialement pensé qu'il servait à me faire perdre pied, en un mouvement de complaisance qui devait beaucoup à la propension au caca de mes lectures ; puis je percevais mieux son potentiel d'éclaircissement métasocial en plus d'être mégalangagier, même s'il devait progressivement déboucher sur une science se pensant plus sérieusement, s'il voulait tirer partie de toutes ses prémisses. À partir de là, la vérité de ma pratique m'est apparue comme équilibrée (et pour cela accessible à relativement peu de monde, car le monde souhaite se positionner) : il y a malgré tout de l'absurde situationnel dans ma quête, qui n'est donc pas purement esthétique, puisqu'il faut faire apparaître une vérité contenue dans les êtres ; mais à force de me prendre au jeu des traits malades, il me semble avoir développé une façon de les utiliser tel un vecteur spontanément compréhensif, à la fois inquiet et apaisé, de ce que me fait éprouver ce monde, ce corps, ces agents et ces atteintes qui me condamnent à perdurer dans mon stylo.

À ceux qui me lanceraient donc « mais penses-tu vraiment que c'est en considérant le monde, en le décortiquant que tu fais acte de création ? », je leur répondrais que dans mon cas — car je n'en fais pas une maxime générale, contrairement à ce que je peux parfois laisser penser – c'était le mouvement de pure création sans frein qui était un oubli de soi, du mouvement. J'étais immobile et agité, vous savez. C'est donc par la reprise en main de mon cadre de référence, par l'analyse et la synthèse de ce qui me produit et vous produit à chaque instant, que j'ai le sentiment de retrouver mon énergie.

5 août 2019

Différentes preuves concernant la pop (2) Dans la

Différentes preuves concernant la pop (2)

Dans la pop, c'est vraiment l'ensemble qui fait sens. L'ensemble de la chanson, l'ensemble de l'album, l'ensemble de la carrière. Chaque moment ne pourrait pas être là sans l'autre (différence radicale avec l'impression de hasard que laisse la musique improvisée). Chaque touche éclaire l'autre. Et chacune est présente dans chacune (la meilleure pop est Une, « compacte » : on ne reconnaît pas d'où viennent les différents apports, tout a la force de l'évidence). Ainsi, quand j'écoute ce disque “gothique”, sa tendance à la fois sobre et rugueuse annonce déjà la douceur et la spiritualité de la tournure suivante de ce chanteur (qui embrassera le soufisme) ; ceux qui ont le moins compris quoi que ce soit à la pop, ce sont ceux qui jugeront cette étape comme un “virage” ou une “trahison”, ceux-là sont irrécupérables, n'ont plus qu'à aller écouter du rock. La pop c'est suivre ce que nous intime notre chemin de vie. Bien plus qu'elle n'évoque, la pop habite. Et ça marche dans les deux sens : les disques les plus mélodiques de ce chanteur sont bel et bien entremêlés de ses rugosités passées et futures, car oui, comme souvent, il bouclera la boucle en revenant se frotter à sa sorte de détresse plus inquiétante (mais tout aussi délicate). Tout est relié à tout : énergie créatrice, puis élan vital venant corriger les possibles risques de la première énergie, puis éternel retour, nostalgie des origines. (Je connais un essayiste qui tient à revendiquer la mélancolie aux dépends de la nostalgie, j'aime pour ma part cette impureté de la nostalgie, qui convient bien à la pop.)

3 août 2019

L'essentiel se joue vraisemblablement ici, où

L'essentiel se joue vraisemblablement ici, où j'essaie de compiler la totalité des pensées nécessaires, afin de les épuiser, d'en tirer tout ce que l'on peut en tirer ; le reste (les dessins que je peux faire par ailleurs), c'est un accompagnement, c'est dans cet à-côté que je me suis engouffré en premier donc il faut bien perdurer dans l'entêtement existentiel si l'on souhaite être pragmatique (ce qui est désormais mon cas, incroyable). Mais mon véritable but historique et ultime a toujours été d'exposer exhaustivement mes pensées significatives : cela me semble jouable, étant donné leur circularité, leur nombre pas si important que ça (variant dans leurs formes – et encore... – mais pas tant que ça dans leur matière, qui est faite d'élans relativement immuables, dont la pop témoigne bien). 

Qui plus est, en me montrant ainsi totalement (car cela est bel et bien moi, c'est ma compilation, mon anthologie raisonnée, "raisonnée" au sens du seul filtre qui mérite d'être usé : celui de la valeur significative, à savoir révélatrice, de la pensée), je permets l'avènement rapproché de la transparence sociale : au temps où je ne faisais qu'écrire au lieu de vivre (désormais je me partage entre les deux, privilégiant l'une ou l'autre voie selon les époques), il m'avait semblé que la finalité de mes mots résidait en la facilitation de la reconnaissance, de la présentation. Ainsi, l'on saurait tout de suite qui j'étais, l'on n'aurait pas à me poser de questions introductives, l'on pourrait passer directement à ce qu'une relation humaine permet comme création inattendue, où l'assemblage de deux individualités entraîne l'édification d'un paysage irréductible à leurs modes de signification respectifs. Je baliserais tout afin de passer aux choses ambitieuses, qui substituent le déploiement de mouvements mutuels au simple dévoilement réciproque.

(Précisons que « Littré établit une distinction entre mutuel qui désigne l'échange libre et spontané, l'action de donner et de recevoir et réciproque qui exprime le retour, l'action de donner selon que l'on reçoit. », sic)

2 août 2019

Différentes preuves concernant la pop (1) Elle et

Différentes preuves concernant la pop (1)

Elle et moi à ce sujet : on est ensemble depuis peu, elle juge seulement “sympa” un éclat pop ; on est ensemble depuis un peu plus de temps, elle trouve que l'album de pop que je passe juste après son album de modern classical (dixit Discogs) dépare par son manque de grandeur prenante, comme si c'était moins beau, alors que je pense tout au contraire que cette simplicité créativement mélodique conduit à une plus grande beauté, non pas simplement à un autre tableau sensitif appréciable mais tout simplement à une plus grande grandeur prenante, hop, je lui revendique la grandeur, pas besoin de lyrisme pour ça, tout au contraire ; on est ensemble depuis beaucoup plus longtemps (on ne le sera bientôt plus mais je ne le sais pas), j'écoute un éclat pop en faisant la vaisselle au lieu de préparer le déménagement, elle me dit “bon, c'est pas tout ça d'écouter de la pop mais faut s'activer” : oh, elle a qualifié la pop de pop, paradoxalement pas à la portée de tous de la nommer ainsi lorsqu'elle est digne de ce nom, elle a qualifié cette pop brutement pop jusqu'à l'os et méconnue comme telle, la plus évidemment pop pourtant, non pas malgré mais bien grâce à son évidence DIY (artiste légendaire enregistrant depuis quarante ans sur un 8-pistes, compositions parfaites, esprit toujours frais, nombre incalculable de chansons, autiste Asperger), donc ça y est l'affaire est dans l'sac. Sauf que maintenant qu'elle n'est plus là, à qui puis-je faire écouter tous ces nouveaux éclats pop découverts depuis qu'elle n'est plus là ? (N'empêche qu'elle a racheté pour son compte le dernier éclat qu'elle m'avait offert, je me dis que c'est ça aussi le sens d'elle et moi à ce sujet, le sens de nous, le sens de la pop.)

1 août 2019

« Tu t'en sors plutôt bien », m'avait-elle dit.

« Tu t'en sors plutôt bien », m'avait-elle dit. Comme souvent, je n'ai pas compris tout de suite car je ne me comparais qu'à moi-même au lieu de considérer l'extérieur. Toujours considérer l'extérieur pour nous sauver. Le fait est qu'elle aussi, ainsi que lui, ainsi que tous, tous mes amis s'en sortent « plutôt bien », à savoir de façon douloureuse. Mes alter-ego vivent tous plus ou moins les mêmes nuances de douleurs que moi, bien qu'elles ne s'appliquent pas aux mêmes contenus ni au même cadre de représentations. Qui l'eut cru qu'ils iraient un jour aussi mal que moi, alors que je les croyais tous si solides ? On peut bien sûr considérer notre communauté, la belle équipe que nous formons, en vue de considérations générationnelles à teneur politique, mais je l'ai déjà trop fait, cette fois-ci j'aimerais tenter autre chose : et si c'était aussi pour ça que je n'allais pas, parce que je sentais bien qu'eux non plus, tout eux qu'ils étaient (et quels eux, quels eux il sont !), n'étaient pas tellement non plus dans leur assiette ? À qui donc me vouer pour me montrer la voie à suivre ? Comment ne pas m'attrister de les savoir traînant les mêmes béquilles depuis tant d'années, s'engouffrer avec moi dans les fausses sublimations ?

Mais tout de même, nous sommes beaux. Y'a pas à dire.

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