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Définitivement

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Définitivement
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2 novembre 2019

Les autres ont souvent semblé penser que je

Les autres ont souvent semblé penser que je n'existais pas vraiment ; ils restaient aux abonnés absents quand je leur demandais de se manifester, quand je souhaitais savoir s'ils existaient vraiment pour quiconque (un peu comme quand on n'a jamais connu le sexe, ou bien alors pas depuis longtemps : on a l'impression qu'il n'existe pour personne, on se prend à se demander “mais comment ça se fait que les gens ont arrêté le sexe [vu qu'on n'en reçoit plus d'échos] ?”). Et à l'inverse, parfois, ce sont eux qui semblent m'interroger sur mon absence : “pourquoi existes-tu si peu, qu'as-tu fait de tout ce temps ?”. Alors que c'est à cause d'eux que je n'existais pas, puisqu'ils ne se mettaient pas à vouloir exister pour moi ! Mais allez leur expliquer...

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26 octobre 2019

Je ne pouvais pas le passer sous silence. Disons

Je ne pouvais pas le passer sous silence. Disons que je me suis mis, progressivement, à pleurer de plus en plus quand j'écoutais de la pop digne de ce nom, à la moindre mélodie proprement déchirante, tout en me rendant compte (quasiment dans le même temps) que j'avais toujours pensé sociologiquement les choses et qu'il fallait désormais en tirer les conclusions. Ces deux faits incontestables, fort distincts et témoignant pourtant bel et bien tous deux, chacun à leur façon, de mon impossibilité à vivre normalement, à la bonne distance viable, ne pouvaient qu'ébranler le cours de ma pratique. L'ébranlement s'est même fait sentir trop lentement à mon goût, s'est instillé de façon laborieuse et je voyais bien que j'agaçais à toujours me plaindre que je n'étais plus à ma place parmi un champ se distinguant par le point d'honneur du détachement, de la hauteur. Mais comment le taire ? 

23 octobre 2019

« Et alors pourquoi à la fois la pop et la

« Et alors pourquoi à la fois la pop et la science sociale ? 
– Parce que les deux fonctionnent à la cumulativité. Les autres arts, les autres sciences font dans le coup d'éclat qui renverse la table. Elles souhaitent cacher la superposition. Personnellement j'aime mieux quand on la fait apparaître au grand jour, quand les différentes couches forment une sorte d'ensemble compact dont le plaisir réside dans l'intérêt que l'on porte à l'exhaustivité de nos déterminations. N'en rien omettre. Bien entendu, la pop comme la science sociale seront alors suspectées de faire inconsidérément preuve de distance envers tout, de ne pas savoir choisir, discriminer, de tout mélanger. Mais c'est plutôt qu'elles choisissent de ne rien oublier quant à ce qu'il faut considérer : on n'oublie rien, on se porte sur tout ce que le réel nous offre comme voies/voix, comme points, comme positions, façons. C'est la superposition des atours/atouts mélodiques, sociologiques. »

9 octobre 2019

Contre la mystique aristocratique du détachement,

Contre la mystique aristocratique du détachement, je souhaiterais faire valoir l'attachement à tout ; parvenir à prouver que ce dernier n'est pas assimilable à un "attachement à rien" : on ne passe pas d'une chose à l'autre, on a perpétuellement présent dans notre esprit et dans notre cœur tout ce vers quoi on est orienté. Nous ne croyons pas aux vertus de l'oubli, dont se vantent pourtant aussi bien les chantres du détachement que ceux de l'attachement circonscrit (cet unisson devrait d'ailleurs les interroger sur ce qu'ils sont) ; tout est toujours en nous et c'est justement ce qui fait qu'on peut librement être touché par tout, être relié à tout ce qui nous fait nous, en variant alors les sources d'émotions puisqu'elles sont toutes en permanence rattachées à un sens, à différents sens respectifs, chacun irremplaçable (la croyance en l'interchangeabilité étant signe d'un sentiment de vide mal négocié). Ainsi, nous respectons vraiment l'être pour ce qu'il est. 

8 octobre 2019

Oui, ça se complète, ça marche ensemble, ça forme

Oui, ça se complète, ça marche ensemble, ça forme un cercle vertueux. Je voudrais vraiment qu'au beau milieu de mon set expérimental, soudain – mais non, pas soudain justement, au contraire comme quelque chose qui s'imposerait naturellement, irait de source, résonnerait une harmonie parfaitement digne de ce nom que le puriste bercé jusqu'alors par mes dissonances ne pourrait qu'apprécier comme une suite logique, en se rendant compte (tout penaud) qu'il avait auparavant répondu à un simple orgueil de position lorsqu'il dépréciait la pop. Ce serait aussi subversif que prendre une virée violemment particulière durant une mélopée universelle. Ce serait cette fois-ci l'universalisation qui serait dérangeante ; cela permettrait de se rendre compte qu'il y a tant de formes de justesse à soutenir et que chaque virée est à prendre pour ce qu'elle dit d'adéquat quant au moment.

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6 octobre 2019

Mais en fait à chaque fois je pleure avec cette

Mais en fait à chaque fois je pleure avec cette chimie, enfin j'veux dire l'autre fois ça a failli et cette fois-ci ça l'a fait proprement dit : tout retombe ("la pression" de la douleur) et du coup on se dit "ah mais oui c'est vraiment triste à en pleurer quand on constate à tête désencastrée la situation". Cette fois-ci, la douleur à la lumière persiste bel et bien mais le cerveau se sent comme qui dirait désencastré (comme si à défaut d'effet perceptif, se faisait tout de même sentir un effet euphorique).

Il faut dire que tu avais également pleuré plus tôt dans la journée en écoutant cette chanson et cet album jadis écoutés en état de douleur (physique) : tu pleurais parce que tu te souvenais qu'il annonçait – et représentait semble-t-il de façon récurrente – le cerveau qui s'accroche malgré tout à ces mélodies dignes de ce nom, qu'elles seules valent la peine s'il s'agit de continuer d'avoir affaire à des éclats dans le crâne. 

Tu te rappelles de ce vieux monsieur (relativement vieux, pas vieillard mais vieilli par la douleur) – qui t'annonçait ou te représentait ? – qui avait déclaré lors de la conférence d'information « ah oui et puis quand on vient de faire claquer la vaisselle et que du coup ça nous lance dans l'oreille on se dit "ah mais mince, j'suis négligent, maudit sois-je, j'aurais dû faire attention", on se culpabilise toujours de s'être fait mal à cause du bruit qu'on semble s'infliger à tort » : oui, tel est le lot de vous, c'était tellement toi quand il a dit ça. Toujours à se dire qu'on y est pour quelque chose dans la douleur qui arrive. Depuis que tu sais que tu n'y peux plus rien, curieusement, tu vas mieux.

Tu voudrais même qu'on t'envie, que tout le monde sache qu'au moins quand on est ainsi on atteint une sorte de détachement que les autres feraient bien de nous envier au lieu de nous plaindre. Ce n'est pas donné à tout le monde.

J'ai gagné la compréhension. Par conséquent je serai toujours bien. Vous aurez beau me voir toujours mal (et le fait est que je serai toujours mal), secrètement sachez que je possède depuis plusieurs années une illumination quant à mon état et quant au monde, le moindre instant étant à replacer dans le contexte qui le permet et le fait être unique en son genre, empêchant certes certaines potentialités de s'actualiser mais en permettant d'autres qui constitueront toujours une forme d'apport décisif ou tout du moins cumulatif, se présentant en écho à d'incarnés moments passés et se colorant donc d'eux aux dépends de son éventuelle univocité (qui advient nécessairement d'une façon ou d'une autre dans une journée, même riche).

28 septembre 2019

C'est incroyable, c'est exactement la même façon.

C'est incroyable, c'est exactement la même façon. Les mêmes façons, même, car il y en a deux. 

La première façon, c'est la manière qu'ils ont d'être spontanément friands de ce que je peux apporter, reconnaissant avec bienveillance la pertinence de mon existence, comme à l'époque où j'étais une star. Dans leur regard, c'est tout ce que j'avais perdu de vue depuis maintenant quatorze ans, tout ce après quoi j'ai couru. Je ne pensais pas le retrouver ici, à l'autre bout du pays, chez des gens de leur âge. Ainsi, je suis de nouveau justifié.

La seconde façon, c'est la façon qu'il a de ne pas en revenir de me voir ne pas maîtriser à ce point les choses à faire dans le domaine que je me suis fixé. Exactement comme quand il est question d'un quelconque travail, capitaliste ou non ! J'en étais sûr, je me l'étais dit dès le départ : tout travail revient au même, même l'art. On devient toujours aliéné, du moins lorsqu'on est préalablement caractérisé par une absence de maîtrise envers son corps. On nous force toujours à faire ce qu'il faut faire, même dans l'underground.

Il faut dire que tout ça nous renvoie à la condition professionnelle de l'artiste : une partie importante (centrale ?) de son activité revient à s'auto-justifier. L'œuvre qui se pense comme telle, c'est le résultat + la façon de se penser, de se considérer en la considérant. De là sa philosophie générale qui est celle du point d'honneur, le plus souvent spiritualiste (puisqu'il semble nécessairement se définir comme un “individu”, sic) : la vision du monde de l'artiste, aussi bien sociale que religieuse ou culturelle, c'est la mise d'un point d'honneur à considérer les choses d'une façon supra-matérielle, qui seule peut justifier son existence. De la même façon qu'il se doit de proclamer que son art a le droit d'exister et d'être perçu en tant qu'art malgré toutes les libertés qu'il prend à l'égard de l'art précédent (et qui le constituent par là même en tant qu'art situé, pertinent, faisant date), il perçoit la société comme un écheveau de langages, de signes, de symboles. Il veut croire qu'il n'y a que ça, ou du moins cela avant tout, avant toute autre chose matérielle. Car s'il reconnaissait une extériorité à toutes ces constructions (une base, une fondation ou une détermination), il devrait également se reconnaître comme énonçant simplement ce que sa position le conduit à énoncer : il saurait qu'il parle comme un artiste parce qu'il est un artiste, rien de plus.

Qui plus est, la plupart du temps, il s'est édifié une mythologie cohérente qui le place de façon bien douillette dans le sous-champ de sa pratique où seront reconnues et célébrées les mêmes références. Pour cela, la chose la plus triste qui soit (celle que je vis personnellement, qui fait que je ressens tout ça plus que tout), c'est l'impossibilité à aimer ce que l'on devrait aimer. L'impossibilité à trouver que la musique que l'on devrait logiquement apprécier selon la position que l'on occupe dans le sous-domaine de ce sous-champ par ailleurs non-musical soit d'un quelconque apport sensible, d'une quelconque pertinence esthétique. L'impossibilité à faire se correspondre les divers éléments de la panoplie culturelle de sa fraction de classe. Il en manque toujours beaucoup trop pour paraître honnête. (Or, on ne l'est que trop. Non pas tant par rapport à “soi”, un mystérieux “soi” imagé, que par rapport aux différentes panoplies traversées dans l'existence, chacune autant marquante, nourrissante et indispensable pour cela, chacune s'ajoutant donc aux autres dans une cumulativité qui apparaît comme la seule vivable à nos yeux.)

Au contraire, s'il y a à retenir quelque chose de précieux de l'analogie musicale, c'est celle de la multiplicité (que permet une carrière pop digne de ce nom) : voir à quel point on peut être à la fois si différent et si exprimant la quintessence de ce qu'on doit exprimer. Cela devrait nous servir de leçon, mais au lieu de ça on saucissonne – principe de la mise en mythe – en ne retenant que la posture de l'emballage : regardez les couleurs de la pochette, là, c'est tout moi comme quand je fais mon art et que je déclame ceci sur le monde ! Encore et toujours : privilège de l'auto-énonciation sur le contenu en soi, qui demanderait pourtant une attention aux mouvements biologico-psychiques que l'on y met.

25 septembre 2019

Plus les agressions seront fortes, plus je

Plus les agressions seront fortes, plus je prendrai une voix douce. Ça doit être mon petit côté Christ. Vers la fin, ne restera plus que mon goût pour tout, mon bonheur en tout, ma perte de tous mes moyens de vivre, ma façon de tomber en arrière et d'être ainsi plus vrai, plus fervent que tout. Plus démuni, plus diminué que jamais, mais dans le même temps jamais aussi passionné, aussi juste dans la façon de tenir le fil de ma voix. Cela se produira un jour : j'aurai choisi la chanson d'un autre vrai-faux androgyne, on me demandera alors « mais tu forces pas trop la douceur au niveau des manières ? », je leur répondrai qu'étant devenu tellement dur à la douleur je ne peux qu'appuyer la douceur, que l'on sent certes qu'il y a un appui, un choix résolu de façon d'être et que cela caractérise ceux qui doivent à un certain moment acter un fait, “marquer le coup” afin de ne plus être comme avant (on est nombreux comme ça ces temps-ci, du côté des questions de genre), mais que pour déclarer mon malaise envers l'époque j'aurai choisi une chanson faite de guitares, pour leur montrer que je veux la vie et pas un simili, une chanson rétive mais maîtrisée sur son fil, sereine dans sa rétivité, ce dont j'ai toujours rêvé, forcément quand il y a sérénité on part dans la douceur digne de ce nom, ça s'incarne en toute naturalité et non pas comme une bascule, ça coulera, je n'aurai jamais paru aussi comblé, entier, j'aurai choisi Here Come July.

24 septembre 2019

Qu'en est-il de ma relation aux vieux en forme

Qu'en est-il de ma relation aux vieux en forme (chanteurs ou entourage) ? Je ne sais pas si je m'y projette ou si je les envie comme quelqu'un d'extérieur à la partie. À la fois, c'est déjà tellement moi, cette sensation d'être déjà dans le post et d'avoir l'impression que c'est là que tout commence (et le fait est que dans une discographie, comme je l'ai dit, de tels albums tardifs sont souvent la clé de tout, la supra-quintessence) ; sûrement la façon la plus évidente, la plus saine de vivre une brusque rupture handicapante quelle qu'elle soit : se dire qu'on est déjà dans l'après et qu'ainsi ça change la donne, les enjeux apparaissant comme au-delà de ce dont on a pu puérilement se soucier. Ce n'est pas tant que l'on n'a “plus rien à perdre”, comme le répète l'ancienne, que ce qu'on a à perdre serait tellement tout, tellement trop que notre plainte se dépasse d'emblée dès qu'elle est prononcée (car toujours bien plus grande qu'elle-même, même si l'on met sans doute un peu de temps à l'accepter comme telle, le temps de laisser passer les dernières craintes tristes).

Le vieux en forme que l'on peut côtoyer ou observer, c'est ce qu'on ne sera vraisemblablement jamais : il permet alors de s'abandonner dans la contemplation ; l'envie d'être lui ne se reconvertit pas en jalousie, du moins une fois que l'on a fait le deuil de la partie en jeu. Cela relève du pur mouvement de constatation curieuse et vive (et l'on se demande souvent : comment me verrait-il, sûrement comme le dernier des monstres puisque je ne représente même pas ce qu'il a été, je suis d'emblée un faux jeune, un jeune empêché). Je m'aperçois que les affaires de générations m'ont très tôt soucié : à partir de quel moment peut-on décemment être perçu comme diminué, ne plus se sentir concerné par ceci mais plus que jamais par cela ? Je crois que je change d'âge tous les jours (les flux d'énergie ne passant pas dans les mêmes endroits, se concentrant de-ci de-là suivant ce que mes organes ont décidé : concentration directement déterminée par la digestion, la gestion du sucre, de la lumière, des sons à l'intérieur ou à l'extérieur du crâne...).

21 septembre 2019

Un beau jour, on découvre qu'on aime le

Un beau jour, on découvre qu'on aime le psychédélisme et la sociologie alors qu'on ne s'y était pas préparé. On avait cru tout le contraire. On le découvre quand c'est trop tard pour se préparer à quoi que ce soit (même se préparer en vue d'un projet). Comment donc rattraper, alors que l'on est en partie réduit par tous les choix contraires à nos propensions ? À défaut de pouvoir devenir ce que l'on aurait dû devenir, on s'efforcera de l'affirmer le plus souvent possible ; affirmer que c'est cela que l'on est après tout, tout bien réfléchi, que c'est par ces biais que l'on a toujours goûté la vie, que ce sont ces sources de savoirs et de sensations qui nous ont à notre insu soufflé ce qu'il fallait saisir et nous guident et nous guideront encore tant que nous serons ainsi faits.

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