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27 février 2023

Mes premières fois – Tu sais ce qu'ils font après

Mes premières fois



– Tu sais ce qu'ils font après ?
Et voilà qu'elle se met à gigoter couchée de côté contre le matelas, comme si elle cherchait des noises au matelas, qu'elle le confrontait en duel. 

Les scènes de sexe visualisées par des enfants trop jeunes seraient apparemment perçues comme des scènes de combat, ici en tout cas c'est une joute ridicule : ma petite camarade, après m'avoir dit que j'étais son mari, provoque le matelas en duel et gigote en travers contre lui. C'est pas sur moi qu'elle devrait gigoter ? Je sais très bien qu'on ne le peut pas encore,  mais ce symbolisme fruste me... frustre (mais pas dans son sens adulte). J'aurais rêvé spectacle plus distrayant, sans forcément en appeler à une nudité prématurée. 

Il n'y a qu'une fois (mais je crois que c'était avant ce que je raconte ici, enfin je ne sais plus) où je sais pas ce qui m'avait pris mais où j'avais voulu que tout le monde se déshabille. 
Sous la couette, certes.
Mais quand même.
(« Comment ça, "certes" ? Mais c'est encore pire !
– Bien sûr que non, pour des enfants, sous la couette ça veut dire qu'on se cache juste. Qu'on va pas déployer autre chose comme scène même si on est tout nus.)

Bien plus tard (en tout cas à l'échelle de ces années), elle, mon alter-ego au sein de ma "famille" : 
– Oups, t'as vu l'endroit ?
Il fallait faire vite fait pour se déshabiller sous les draps dans la tente (on campait) et à un moment un bout de peau, correspondant anatomiquement à l'endroit de son sexe, avait surgi sous mes yeux. Oui, j'avais vu l'endroit. Mais ça ne m'avait rien appris. D'ici, la fente paraissait toute plate.
Or, je savais qu'elle n'était pas plate.
Je le savais depuis que, sans culotte ("ah oui t'as vu elle a pas d'culotte, rholala" : je n'étais pas le seul à l'avoir remarqué), Juliette faisait quand même tous les mouvements prescrits par le jeu de la corde à sauter. J'avais regardé alors vraiment comment ça s'irrisait, se gonflait à l'intérieur. Là, oui, c'était décontenançant. Je crois que là c'est la première fois où j'ai vu à quoi ça ressemblait. Je n'ai jamais perçu ça comme une "fente", c'était bien plutôt une gorge, un système matériellement complexe. "Fente", ça fait petite ouverture métallique. Or, cela ressemblait plutôt à une sorte de mini-gouffre insaisissable, toujours différent, jamais exactement le même, suivant l'angle selon laquel il t'apparaissait. 
Cela n'est guère arrivé souvent, qu'il m'apparût.
(Si ça peut vous rassurer.)

 

La principale fois où on me le montra juste pour me le montrer, on était dans le noir d'un spectacle (salle éteinte), dans le public censé resté silencieux. 
Elle me tapote le bras, façon "hé, viens voir" ou "hé, écoute". 
Je tends l'oreille, mais c'est bien l'œil qu'elle demande. 
(Neuf ou dix ans, on avait tous les deux.)
D'abord elle soulève sa jupe.
Oui, bon, une culotte.
"Euh, il y a le spectacle, là, tu veux pas plutôt...?".
Puis soulève sa culotte, me montre le mini-gouffre et en rajoute en l'écartant tout en me faisant une moue insolente (elle me tire la langue).
"Dégueulasse !", s'exclame notre voisine de derrière qui a tout vu.
Je retiendrai autant ce "dégueulasse" que ce que j'ai vu, comme j'avais retenu le "t'as vu l'endroit ?". 
Je ne trouve pas cet endroit dégueulasse, ni le fait de me le montrer avec outrance tout en rigolant. Il ne m'était rien demandé de plus : de rigoler. Hé bien oui, c'est drôle, un mini-gouffre. C'est beau, même. Étrange, certes, mais beau. (Ce qui est intrigant s'avère toujours être, immanquablement, beau.) 
Elle m'aimait bien, voilà tout.


Plus tard, les démonstrations d'amour se traduiront par, en vrac : 

– Un blotissement le long de mon dos alors que nos situations respectives nous l'auraient interdit (première fois que je me rends compte du potentiel explosif de la peau, de la simple peau d'une Elle contre moi, contre la mienne de peau).

– Un boob-pic (et, il me semble, un pussy-pic) envoyé sans que je n'en ressente l'attente. À partir de là, non, ça allait trop loin, je ne savais plus si j'aimais ça, si je voulais tant que ça ne pas rester puceau. À la gare, la même (tout entière, non découpée, non pixellisée) m'arrache presque la peau près des lèvres (celles de la bouche, me concernant, car je n'ai que celles-ci). 
Je n'ai pas envie de faire tout ce que l'on va être amenés à faire. 
Je découvre que je ne ressens rien au bout du gland, que si ça se trouve, 50 ou 40 ou 30% des mecs ne ressentent rien au bout du gland mais ne le disent pas par crainte de voir leur cote de masculinité baisser. Du coup je fais semblant d'éprouver le plaisir d'une fellation, avec une personne pour qui je ne ressens aucune attirance. 

Oui.
Tout cela a donc très mal commencé. 
Même le goût du savon.
Comme souvent dans ces cas-là, tout va être occasion de dégoût : là je finis par m'apercevoir que ce n'est pas sa chatte qui a ce goût (bien que, de fait, si, aussi), mais que c'est son savon.
Trop pour moi. (Ça devait être "lavande", je déteste "lavande".)
Je dirai devant le juge des amours volontaires et émancipateurs : "c'est elle qui s'est jetée sur moi, après je n'ai rien pu faire !". Elle avait une façon de me garder dans son antre que je ne m'explique pas aujourd'hui. 
Parmi les gens avec qui j'en ai parlé, parfois plus de dix ans plus tard, deux camps : "si tu as pris ça pour une agression, c'est qu'elle t'a agressé", "on est prêt à se nier à ces âges-là, tu voulais juste te nier, te dire que l'étape était passée, voilà".
Elle passa mais avec du temps, car la mononucléose en fut la cerise sur le gâteau. Mon immunité s'en souviendra à tout jamais. (Ça a son côté émouvant.)



Bon, en fait, finalement, qu'est-ce qu'on voit, qu'est-ce qu'on sait de ces choses au final ? (Si l'on excepte bien sûr le "porn" qui nous fait croire qu'on voit tout : on verra peut-être tout, mais pas avec les vrais yeux de notre peau.)
Cela fait aujourd'hui, à l'instant où j'écris, plus de cinq ans que je ne l'ai pas fait (le sexe).
À peu près autant (un peu moins) qu'entre le moment où j'ai vraiment commencé à avoir envie de le faire et le moment où je l'ai "fait" pour la première fois. Mais, comme je l'ai raconté, ce fut un faux "moment". Il ne comptait pas. 
Ce qui a compté, c'est quand elle (une autre, un an plus tard) m'a pris la main et que j'ai pu parcourir la sienne avec mes lèvres. Ça, OK, ça compte. 
Ce qui a compté, c'est quand je lui faisais (à Elle, pas la même) tellement de caresses sur le bras qu'au bout d'un moment c'est son pouls, le pouls de son cou qui a parlé pour elle. On a tout fait ensemble ensuite. On était de vrais corps, de vraies peaux. Ça a duré longtemps. 


Depuis, rien.
Ah si, juste une fois : on m'a taquiné, palpé, pour vérifier que je n'étais pas "pas un mec" et pour savoir combien de temps je tenais sous hypoglycémie avec une fille me faisant ce genre de choses-là.
On n'est pas allés bien loin de toutes façons, je ne pouvais pas et elle ne le voulait pas.
J'ai fini par pouvoir me relever, affamé mais d'autre chose que de peau d'elle.
Mais on s'est quand même fait quelques câlins. Je lui ai massé le dos. Elle aimait bien mes doigts, le mouvement de mes doigts sur son dos, leur "timidité" autant que leur "douceur", je crois. 
Arpenter une peau est de toutes façons, me semble-t-il, la seule chose valant pleinement la peine ici-bas, non ?
Rien d'autre ne s'est passé depuis, pourtant. C'était maintenant il y a plus de deux ans. 
Je ne sais plus si tout ce que je viens de raconter peut encore exister. 
Personne n'en parle à part ici.

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