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Définitivement
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15 janvier 2023

Rappelons à quelqu'un qui me lirait pour la

Rappelons à quelqu'un qui me lirait pour la première fois que l'écriture est bien la situation la moins évidente qui soit.
Il y a encore beaucoup de confusion à ce sujet, même par rapport à ce que j'ai pu dire récemment.
Certes, le "dessin" a été choisi car ayant été perçu comme "la voie où j'exerçais de la façon la plus nulle, malhabile", mais elle est une "voie naturelle", comme on dit (comme dans la phrase "la substance est évacuée par les voies naturelles"). Mes yeux sont hypnotisés devant une feuille, je pleure, j'entends ou écoute une musique ou une voix, immanquablement je dessine, le problème n'est pas là.
Le problème est qu'à la base, il s'agit plutôt pour moi, pour "m'en sortir", comme on dit, "dans la vie", comme on dit, pour me supporter, de me décrire, de me ressasser pour bien être sûr que j'ai bien tout raté ou à l'inverse (mais pas tant inverse que ça) que je n'ai aucune raison de m'en faire pour ceci ou cela puisque de toutes façons tout sera au final jaugé pour ma part sous des critères relevant de la nullité.
Or, c'est bien la situation d'écriture qui s'impose lorsqu'il s'agit de se jauger, situation qui est donc, je le répète, tout sauf naturelle. 
Pour le dire simplement, je n'aime pas écrire (mais je crois, j'espère que c'est le cas d'une grande partie des grands écrivains, rassurez-moi ; en tout cas je ne les imagine pas "aimer" un tel fardeau, c'est d'ailleurs pour ça qu'on les admire tant).

Pourtant, il s'agirait de décrire, par exemple, une sensation unique à ma connaissance, que personne n'a encore jamais décrite (car peut-être encore jamais vécue, mais va savoir, on se croit seul au monde et on s'aperçoit ensuite que c'est simplement que les autres avaient la "flemme" de nous rappeler) :

Je suis immergé dans une activité ou je fais semblant, par exemple je lis ou je suis simplement bercé par "les cahots d'un train" (déjà une image littéraire, notez-le bien, car de moins en moins de cahots nous vivons actuellement), et là, tiens, je m'aperçois, je sais qu'à côté de moi une personne est concentrée sur sa propre activité, différente de la mienne : elle peut lire, travailler d'une quelconque façon, même parfois discuter, écrire, même écrire au tableau (je me souviens d'une fois, en classe : "oh, ben je peux me laisser aller à mes frissons de détente-sécurité puisqu'elle écrit au tableau... elle est dans son truc, je n'ai plus à être là..."), bref, elle agit, et c'est le fait qu'elle agisse de son côté sans avoir besoin de mon être, et le fait qu'il y ait mon être à côté qui assiste à cette action, qui me procure physiquement, je dis bien physiquement, des sensations de frissons-picotements hyper agréables dans le crâne. Je les ai appelés ci-dessus, dans une parenthèse, "frissons de détente-sécurité", mais je ne voudrais pas qu'on croie qu'ils sont le remède à une quelconque "insécurité" ou "déséquilibre" substantiel (ils seraient à la rigueur l'inverse d'une agitation ratiocinante, oui, là vous me connaissez mieux), non, c'est simplement le monde tel que je le préfère, tel qu'il me procure ces picotements de sérénité-jouissance : la personne, l'être, l'Autre n'a rien à redire à ma présence, elle est concentrée sur le monde à sa façon, elle en prend possession à sa façon, sa façon qui n'exclue nullement que je puisse observer sa façon comme à la dérobée, pendant que moi je reste tranquille, aux aguets, fait mine de m'intéresser à mon propre monde, à mon propre intérêt, alors qu'en fait mon seul intérêt, ma seule source de plaisir dans le monde, présentement et bien souvent, c'est de savoir que l'Autre, l'être, la personne, l'individualité poursuit sa quête, sa propre quête sous mes yeux. Si jamais elle me connaît et me pose une question, cela me fera un peu sortir de ma transe, mais pas grave, j'y répondrai et ensuite pourrai retourner à ma place. Car je ne suis fait que pour ça : voir à quel point les autres, les individualités se passionnent, peuvent se concentrer sur des objets, pendant que moi je rêve à elles, ou plutôt les observe attentivement mais tout en jouissant de mes picotements d'extériorité-sérénité, donc en en rêvant en partie, oui, aussi. 

C'est cela que j'aimerais écrire, ça, d'accord. Vous pouvez le répéter. Répétez-le quand vous voulez. 

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10 janvier 2023

Rien à voir Ce n'est pas parce que je me dis

Rien à voir

Ce n'est pas parce que je me dis souvent "ceci est mon dernier texte avant...", "ceci est ma dernière BD avant ma...", que cela veut dire "avant ma mort" ! C'est un sentiment d'épuisement, certes, d'envie de vide, mais ce qui est espéré est bien un état de recouvrement de mes facultés physiques et mentales initiales (qui n'étaient déjà pas la panacée). Il faut croire que, comme tout le monde, le concept de "pathologie chronologique" n'arrive pas à imprimer en moi, cela doit être impossible pour le cerveau lorsqu'il est question de se "conduire vers", la fameuse conduite vers (cf d'autres textes dans la bibliographie Définitivement en tapant les mots-clés "conduite vers"). Il faut que cela dérive soit vers une sorte de fin innommable, que je n'envisage pas à proprement parler comme "de la mort" mais plutôt comme "du rien" – "ceci est mon dernier texte avant... le rien, l'arrêt de tout texte" – , soit vers une vraie "guérison" proprement dite ou, comme on dit dans le jargon, une "rémission" (qui emprunte, comme on pourra le remarquer, au registre religieux) – "ceci est la dernière BD avant... avant que je puisse vraiment avoir de nouveau l'énergie pour faire une BD joyeuse et dynamique avec des bonhommes qui malaxent leurs traits et leurs langages de façon... contagieuse, comme l'avait écrit l'un de mes éditeurs !". J'attends l'éclaircie totale pour me dire que ça va mieux et que je dispose des moyens dignes de ce nom pour poursuivre une œuvre en toute connaissance de cause, en toute conscience de mes moyens. (Mais bien sûr que d'ici là, rien ne m'empêche d'entrer en transe et de produire des textes comme des dessins comme à l'aveugle, hors-conscience, mais je vous avertis que ça donnera autre chose et qu'on y comprendra encore moins quelque chose.)

Il y a eu des fois où il y a surtout eu juste le manque, la solitude au départ, et où j'ai bien dû l'incarner dans un individu pris quasiment au hasard. Cela n'est arrivé en fait qu'une fois, au lycée. Mon meilleur ami m'avait soufflé un nom, je peux bien l'avouer maintenant. Pourquoi pas, elle ou une autre pouvait convenir à mon manque, rien qu'en m'imaginant un amour pour elle ; à l'époque, je me contentais de la non-réciprocité, des câlins à une image. Ce fut donc elle donc je fus "amoureux", si l'on en croit les textes de l'époque. Il fallait aller jusqu'au bout de la conjuration de la solitude, quitte à mimer (mais de façon authentique, sans mauvaise foi) des pleurs d'amoureux transi, comme éconduit alors que je ne lui avais à peu près jamais adressé la parole. Tout le monde a sans doute vécu ça, mais encore une fois, ce qui m'apparaît le plus nettement après coup, c'est la conscience que j'en avais tout en le vivant. Je savais que le but ici était de "combler", que je n'avais pas élu une individualité. Normalement, on élit une individualité. Par la suite, j'ai toujours élu une individualité. Il y avait peut-être du manque en-dessous, mais celui-ci souhaitait avant tout élire. Il a découvert que finalement, ce qui était le plus fort, c'était d'élire. C'est d'ailleurs quand on élit qu'on dépasse "l'image" et qu'on en vient vraiment à l'être de chair. Par exemple, en 2009, à peine descendu du train : "houla mais je pensais pas que je l'avais élue à ce point ! Mais elle est vraiment... bon ben c'est décidé, je l'élis à fond !". Ça, déjà, je comprends mieux, c'est de l'amour. Mais on a peut-être tous nos phases un peu larvesques, repliées sur soi (sur son manque). Je ne crois plus avoir jamais été une larve ensuite, dieu merci, j'ai toujours élu. Présentement, par exemple, j'aimerais élire de nouveau. Merci de vous présenter. 

9 janvier 2023

Je vous jure que je reconstruis pas. Je vivais

Je vous jure que je reconstruis pas. Je vivais déjà ça à l'époque comme une sorte d'état-limite, de "trip" hors de la réalité. Il y a des fois où je ne savais plus où j'étais, où tout me paraissait être hors d'atteinte ; c'était trop scénarisé "sous acides", même si je ne connaissais pas encore – bien entendu – l'expression : il y a des fois, par exemple, où se mêlaient le mal de voiture, l'impossibilité de me dire que ma mère était morte ou en train de mourir, la mélodie déchirante de la chanson que j'écoutais, l'odeur d'essence, les virages, de nouveau le mal de voiture, ne plus savoir si on a faim ou si on ne veut plus jamais avoir faim (déjà à l'époque), l'air qui change sur la peau (quand on passait du chalet au retour à la ville), le silence, le silence, le père qui parle pas beaucoup, qui parle pas, personne à qui parler, le silence, le silence, tout ça mélangé et impossible à décrire autrement que par une énumération se lisant successivement alors qu'il y avait simultanéité, perte de tout repère temporel pouvant relever du "continu" ou du "discontinu", j'allais reprendre l'école mais est-ce que c'était l'école puisque cela consistait surtout, c'était le plus important, à chanter et à se considérer comme quelqu'un d'à la fois discipliné et expressif, qu'est-ce que j'aimais vraiment faire, allais-je pouvoir toute ma vie, allais-je devoir toute ma vie chanter ce qu'on me dirait de chanter et pas autre chose, et pourquoi revenir toujours à la solitude au final, au final le soir et le week-end on est seul, on n'est plus au spectacle, est-ce que ces alternances violentes peuvent vraiment créer à la longue un sentiment non dissocié de vie ? Je ne me disais bien sûr pas tout cela exactement en ces termes, mais je suis certain que la sensation d'irréalité dominait. C'était trop. Tout était trop. Violent, incompréhensible, inacceptable, gratuit, contradictoire, il y en aurait des adjectifs d'adulte, mais c'était trop.

Je me rappelle de ce soir, chez les parents de mon ancienne amoureuse, où j'ai réécouté cette compilation de chansons de voiture, de mal au cœur et de perte de ma mère. Je pouvais pas m'empêcher de vouloir pleurer en écoutant certains titres, et je crois avoir commencé à esquisser l'idée "mais alors c'est si tenace, ce que ça me faisait comme solitude ? et là, même si je suis là, maintenant, avec mon aimée, la solitude me poursuivra-t-elle encore un jour, tout le temps, indépendamment de ce que présentement...?", mais j'ai vite arrêté là la vision. Ce n'était pas encore soutenable. Et je ne sais pas comment ça a pu l'être un jour.

8 janvier 2023

Alliance et filiationC'est un casse-tête cette

Alliance et filiation

C'est un casse-tête cette histoire, car certes on peut se dire qu'il n'y aurait pas d'alliance sans filiation (sans groupe de filiation), mais d'un autre côté on se dit que c'est vraiment trop dommage de gâcher l'alliance par toutes les lourdeurs de la filiation qui vont avec. Comme l'impression que c'est la filiation qui a toujours beaucoup plus fasciné les humains, auto-admiratifs de leurs prouesses biologiques, tandis que les subtilités psycho-affectives de l'alliance furent finalement toujours cantonnées à servir les bonnes manières, les bons intérêts de la filiation. Comme si (et c'est bien ça, oui) on ne pouvait pas concevoir l'une sans l'autre.

Pour ma part, c'est en ces termes anthropologiques que j'aimerais exprimer de la façon la plus exacte possible mon refus d'enfanter : je recherche tellement l'intensité de l'alliance pour elle-même, suis tellement toujours autant subjugué par les connexions qu'elle crée entre deux êtres, que l'arrivée d'une filiation viendrait comme parasiter ma ferveur ; "oh, ce n'était donc que ça, il ne s'agissait pas de s'échapper mais de poursuivre une ligne". L'alliance m'enthousiasme par sa capacité d'émancipation vis-à-vis des groupes d'origine : par leur alliance, les amoureux transcendent leurs lourdes filiations respectives qu'ils abandonnent ou du moins délaissent le plus souvent sans regret ; cette phrase, c'est mon utopie anarchiste à moi. Je veux que l'amour me porte loin des paysages imprimés dans mes années : je ne les appelle pas "vécu" car je n'y crois pas, à chaque fois l'amour, l'alliance recréent le monde à zéro, nous augmentent en nous portant ailleurs, vers d'autres groupes forcément aimables puisqu'ils sont celui de notre amour. Ce sont certes les groupes de filiation de notre amour, mais il ne faut pas le dire et surtout ne pas vouloir en créer un nouveau : il faut que l'alliance garde toute son étrangeté. C'est faute de pouvoir la garder qu'elle se casse. C'est dommage.

5 janvier 2023

Le temps-zéro en 2023 Je persiste à penser qu’il

Le temps-zéro en 2023

Je persiste à penser qu’il y a quelque chose de chaleureux, d’inespéré dans cette hypothèse selon laquelle je ne ressentirais que maintenant toute la tristesse et le solitude qu’il y avait à ressentir dès le départ mais que je n’avais pas pu ressentir « à temps » puisque trop de choses à maintenir au-dessus du vide (mon corps sentant qu’il allait tomber comme jamais, ce qui ne se produisit en effet que plusieurs mois après le choc) m’embuaient le regard, l’esprit, les sentiments, toutes les sensations. Maintenant, le temps du réel, du non-mensonge, de la non-mascarade serait venu, à force de recentrage sur « soi » et de destruction du superflu (notamment l’intellect et ses prétentions, implosant d’elles-mêmes). Se ferait ainsi jour, par la radicale impossibilité à accepter la solitude, le début réel de la vie après le vide, ou plutôt encore en plein dans le vide (du zéro) mais pouvant donc enfin, en se voyant et se ressentant ainsi, avoir en face de lui le vrai nouveau début à faire advenir et non son apparence ou sa contrefaçon mimée seulement pour se faire croire et faire croire au monde que l’on existait, que l’on croyait réellement à ce que l’on vivait. 

Maintenant, même quand on a du mal à y croire, on y croit car on sait que le sentiment d’irréalité fait partie du vrai, fait partie de la solitude réellement vécue, réellement ressentie. C’est cela qu’il y a à vivre, qu’on l’appelle « temps-zéro » ou autrement. 

Dès le début c’était irréel, c’était impossible, c’était inacceptable. Et c’était justement cet irréel qu’il fallait regarder en face en pleurant comme maintenant et non pas en le transformant en un drôle de réel transitoire un peu différent, comme une version altérée de la réalité qui aurait dû normalement se poursuivre. La seule réalité qui devait se poursuivre, c’est cet irréel, c’est cette solitude que l’on avait bien trop souvent redoutée pour qu’elle puisse ne jamais arriver.

En plein dans une journée normale avec des autres, des choses hors de son domicile, domicile qu’on allait retrouver le soir avec l’amour à ses côtés, on se disait déjà, on se disait tout le temps : « et quand il n’y aura plus que le domicile et aucune attente d’aucun autre existant, et non seulement le domicile mais même plus l’amour à ses côtés dedans, comment on fera pour croire que ce sera encore la vie, qu’on sera pas sans cesse oppressé par trop d’irréalité, de la même manière que parfois on a pu être oppressé, extrême inverse, par trop de réalité ? ». On y pensait sans arrêt, on savait qu’on y tendait en le redoutant d’autant plus, plus que tout. On pressentait le temps-zéro, on en avait le goût qui s’imprimait déjà sur la langue, plus ça nous arrivait de nous sentir seul avant tout, malgré tout, déjà seul comme en s’y préparant, en s’y préparant même tellement trop que quand elle est arrivée on ne l’a pas vue venir. On a cru que c’était pour de faux, alors que c’était la seule réalité possible puisqu’elle s’était déjà annoncée à nous bien avant d’arriver : l’irréalité vraie de la solitude du temps-zéro.

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