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2 février 2023

Le temps-zéro en février 2023Les "abandonniques"

Le temps-zéro en février 2023

Les "abandonniques" – mot que j'ai lu pour la première fois sous la plume de Frantz Fanon – , m'apparaissons comme des êtres foncièrement accrochés au réel (peut-être trop ?). Généralement, il n'y a pas plus acceptants de la mort que nous, souvent parce qu'on l'a vécu (et que c'est cela qui expliquerait, selon certaines théories, notre statut d'abandonnique). Toutes sortes de morts, de pertes, d'absences, semble-t-il, mais relevant toujours foncièrement d'une interprétation en terme de mort réelle, de séparation irrémédiable. Quand on voit, qu'on sait pourquoi c'est irrémédiable, il me semble qu'il n'y a pas plus rationnel que nous, j'en connais qui... Je ne crois pas que c'est ce déni d'une non-acceptation à ce sujet qui créerait, par déplacement ou "projection", la peur de l'abandon d'un vivant, d'une individualité continuant à faire sens dans notre monde. À moins de se situer psychiquement hors de celui-ci (et ça peut exister, et ça doit être une sacrée épreuve quotidienne), nous restons perpétuellement ancrés dans le monde tel qu'il existe, tel qu'il a existé un jour tellement fort pour nous qu'on a bien conscience que dans les données telles qu'elles sont présentes – l'individualité qui nous manque étant bel et bien encore vivante –, il existera toujours, ce monde. Et cette individualité. C'est très concret, il n'y a rien de plus concret, on ne rêve pas à l'édification de figures irréelles, on ne fait toujours que penser, au-delà de tout ce qui pourrait relever du "sentiment" ou de l'émotion passagère, au monde réel.

Est-il possible qu'un être, toujours vivant aux dernières nouvelles, ou plusieurs êtres éventuellement, plusieurs individualités (même si chacune de façon différente, avec sa propre couleur), nous manque(nt) durant toute une vie, que l'on ne puisse jamais dépasser ce temps-là, ce monde-là ? Cela me semble possible, puisque tout cela est bien réel. Nous ne rêvons pas, nous visons* une personne, une voix. Qui a existé, qui existe. Elle seule a ce timbre. On n'utilisera pas l'imparfait puisqu'on sait qu'elle est toujours de ce monde et qu'il ne s'agit pas de faire perdurer une chimère, un fantôme. Il y a quelqu'un, souvent une seule personne par devant tout mais possiblement plusieurs autres personnes par derrière, reliées directement ou non à la première personne, qui sont encore vivantes et qui nous manqueront toute notre vie.
Cela est un fait à prendre en compte et nous ne voyons pas ce qu'il y aurait à rajouter à cela, à interpréter, à dénier. On ne voit pas contre quoi il faudrait se révolter, même quand il nous arrive de pleurer à ce sujet.

Il ne faut pas croire que parce que le temps est zéro, il n'avancerait jamais. Il se fait, jour après jour, de plus en plus concret. Nous savons que nous ne pensons qu'à un monde réel. Que ce sont celles et ceux qui préfèrent les figures qui bougent vite hors de leur vue (par "peur de l'attachement", sorte de syndrome opposé au nôtre), qui ne sont pas assez ancrés dans ce monde. Nous, on y a bien les deux pieds. 

*j'avais écrit, au départ, "nous vivons" : il n'y a pas plus rassurant comme lapsus, nous sommes bien de cette vie. 

 

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Commentaires
D
Bon, ceci est mon accusé de lecture. La grippe traîne à la maison, c'est un embryon d'explication, et de plus comme de base je suis assez con, du coup je n'ai pas tout compris.
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