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Définitivement
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8 décembre 2022

Tout est dans le brouillard.Par exemple, là je

Tout est dans le brouillard.

Par exemple, là je sens revenir une sensation de temps-zéro, des images qui passent, des souvenirs-sensations si nostalgiques que les larmes viennent presque au bord, tout à l'heure dans la rue et là maintenant, comme si j'entrais dans un de ces moments où tout m'y faisait penser, où j'allais chercher le manque. Mais je n'écrirai pas davantage dessus car je ne suis plus dupe : la corrélation entre les moments de la journée où ça m'arrive, ainsi qu'avec les jours où se fait sentir, en plus de mon malaise physique, cette indubitable "dépendance" tout aussi physique lorsque je diminue un peu la chimie-béquille, n'est plus à démontrer. Du corps de bout en bout, je suis de toutes façons au-delà du delà de l'acceptation puisque tout est dans le brouillard depuis que je suis atteint de ce mal et par conséquent dans l'incapacité de savoir ce qui relève de mon moi ou pas, ce qui est du ressort de mon "vécu" ou simplement de mes "viscères".

Si cette pathologie est à proprement parler invivable, c'est parce qu'on sort des critères de la vie humaine ; notre "esprit" ne peut plus correspondre à son concept mythique inventé et sans doute noble, puisqu'à tout moment on est directement, consciemment, brusquement dépendant de ses apports les plus anté-humains. Je crois que j'accède ainsi à la profonde compréhension corporelle – et par conséquent également cognitive – de ce que fait à un être le fait de ressentir en permanence la sensation de faim, ou, comme on dit dans un autre contexte, le fait de souffrir de la faim – ou, dans un autre contexte encore, ce que serait le fait de faire une grève de la faim (qui se trouve être d'ailleurs la seule stratégie morbide à laquelle il m'arrive de penser, mais dont je me sais incapable à cause des assauts de folie qui me prendraient vraisemblablement en état de manque décuplé et subi, même sous l'ordre d'un "moi"). 
Aucun de ces états n'est à proprement parler vivable ; les moments où je m'en rends compte seraient donc semblables à des moments où éclaterait la vérité sur mon état, qu'il vaut mieux se cacher en temps normal.
Temps-zéro induit ou curieusement cherché (par un cerveau qui a reçu l'information d'effondrement et qui doit bien meubler le signal avec du contenu concret, vécu), il ne s'agit de toutes façons que de la vérité : dans ces moments, c'est le brouillard et je ne peux pas prétendre savoir ce qui reste d'humain, d'autonome en moi. 

Imaginez un brouillard permanent, s'imprimant sur chacun des actes et chacune des pensées que je tente avec plus ou moins de persévérance de mener par ailleurs, comme quand je me replonge dans les mots ou dans les idées qui me sont chères, que je fais travailler tout ça, que je persiste à croire en l'existence de mon esprit dans son versant post-anté-humain ou plutôt para-anté-humain, car existant dans le même temps que ma déprise, simultanément de mon brouillard. Mon brouillard animal voire sous-animal où tout n'est que faim, malaise, malaise de faim. Du matin jusqu'au soir depuis plus de quatre ans. 
Je devrais me sentir radicalement étonné que certains me croient encore présent. Il faut dire que j'essaie de continuer à l'être, tout en étant conscient de cette impossibilité à proprement parler à pouvoir être considéré, à pouvoir me considérer comme proprement humain. 
Il n'y a qu'un brouillard. 
Je veux en sortir, bordel de merde. Je veux en sortir. 
Je ne suis plus dupe de rien et je veux en sortir, je veux simplement en sortir. 

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