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Définitivement
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Définitivement
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17 novembre 2022

Les quatre textes suivants furent publiés entre

Les quatre textes suivants furent publiés entre 2013 et 2014 dans le périodique La Cacahuète dirigé par Jessica Garcia et Geoffroy Monde. Merci à eux. 


Sous ta perruque



Sous ta perruque, qu'y-a-t-il ? Tout et rien.


Le tout je le déchiquète tellement fort qu'il m'assomme de sentences péremptoires avec plein de fois le mot "définitivement" dedans, celui que je déteste le plus. Et quand il le dit ça fait des postillons (essayez vous aussi).

Le rien j'aimerais bien le déchiqueter mais comme il est léger il rebondit et il est rose, tendre et sensuel. J'ai envie de le... Mais ces choses ne se disent pas.

Si j'admire autant ta perruque c'est parce qu'elle arrive à contenir ces deux zigotos qui n'ont rien à se dire mais sont quand même inséparables. C'est à l'image de nous deux : c'est quand on parle le moins qu'on s'embrasse le plus. 

Et j'mange jamais tes cheveux. 


(mai 2013, thème : perruque)

 

La démocratie moderne


"J'te jure, prépare-moi un dessert !

– Mais pourquoi donc ce serait la peine de me le jurer ?"

Je te jure que c'est le dialogue auquel j'ai assisté tout à l'heure. Dans la rue. Je n'ai pas pu me prendre compte de l'identité des protagoniste car j'avais le nez dans mon dessert. Vraiment dedans. Quand c'est tellement bon t'as forcément envie que le nez aussi en profite, il doit pas y en avoir tout le temps que pour la bouche, c'est ça la démocratie. La démocratie moderne. 

Ça, c'est l'introduction de mon cours de sciences politiques, j'ai trouvé ça plutôt culotté, il faut dire que le prof a l'air trop cool, il a le style "à la cool", tu vois l'genre cool que ça peut être, déjà il nous fait le cours cool dans un café trop chouette, un café-bar où on est attablés tranquilles les jambes écartées presque inconvenants, un mignon petit troquet qui sert aussi du manger solide à mâcher ou à grignoter entre ses dents, moi j'avais pas trop faim j'ai pris qu'un dessert


À la crème.

ÇA A VRAIMENT UN BON GOÛT SUCRÉ ET ÇA VIENT EN FIN DE REPAS


(septembre 2013, thème : dessert)



À temps ou à fond


"Eh, tu rattrapes l'oreille ? À temps ou à fond ?"


On a l'habitude de dire comme ça car ainsi on exprime bien le fait qu'il y a deux techniques : celle où t'es sûr de tendre la main suffisamment au bon moment pour la saisir et celle où t'y vas en force et en puissance pour assurer tes arrières au cas où tu manques d'agilité. 

Dans ce sport les circonstances sont assez justes et égales pour les mécréants : même si t'as pas de dextérité ou que t'as des petits bras tout secs tu peux tirer l'épingle de ton jeu en ayant une bonne vision du chemin plein d'air et de vent que prendra l'organe auditif propulsé par la bouche expéditrice.
Normalement tout le monde possède les mêmes atouts car les gens ont eux aussi sur leur visage les excroissances mises en jeu (1. oreilles ; 2. lèvres qui s'époumonent) donc on peut dire qu'ils savent ce qu'il en est ou en tout cas qu'ils peuvent s'attendre à ce qu'il peut y avoir (ce qu'il est possible qu'il se passe comme chose).

Je rappelle juste la règle : tu coupes l'oreille du mec, elle se détache et après il souffle dessus le plus fort possible au-dessus d'une falaise et t'essayes de la rattraper. Ouais, de la manière que tu veux, je l'ai déjà expliqué.  


(mars 2014, thème : oreille)



Petit Renardeau manque à l'appel
Fable fruitière de toutes les couleurs

La maîtresse crie dans le rang : 
"Êtes-vous tous bien là ? Petit Framboisier, Petit Abricotier, Petit Pommier, Petit Bananier ? Oui, vous quatre êtes là mais dans le décompte de ma tête j'ai oublié un autre d'entre vous qui, lui, n'est pas là.
– Petit Renardeau, madame ! Vous avez oublié Petit Renardeau ! s'exclame Petit Framboisier.
– Il est pourtant goûteux avec son excroissance caudale chamarrée, ajoute Petit Abricotier.
– J'parie qu'tu dis ça parce qu'il est orange comme toi ! rétorque Petit Pommier. Le orange t'est bon parce que tu t'es bon à toi !"
La maîtresse crie dans le rang :
"Et si vous appeliez tous en chœur Petit Renardeau pour qu'il déferle enfin parmi nous ?
– Ça fait pas mal de déferler ? demande Petit Bananier. Ça fait pas se décomposer ?
– Non, car il a pour pelure une épiderme qui se renouvelle grâce à de solides tissus.
– Mais ça va finir par s'arrêter à un moment donné ? Ça va pas trop s'amonceler vu qu'il a pas de racines ?"
La maîtresse hypocrite bobo franc-maçon, avec ses grands airs, ne sait que répondre.
Soudain, Petit Renardeau déferle jusqu'à n'en plus finir. 

Moralité : Fermons nos frontières à ce qui sent la fourrure. 

(septembre 2014, thème : renard)

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