Ce qui peut calmer ma peur-panique d'effondrement
Ce qui peut calmer ma peur-panique d'effondrement (peur de m'effondrer pour de bon, sanglots qui sont donc comme un dernier sursaut), c'est de me dire : stop, ne t'étonne pas, ne t'angoisse pas, c'est normal, tu es au temps zéro. Souviens-toi que tu es au temps zéro.
Tu as cru que des choses s'étaient passées depuis (soi-disant depuis "quatre ans", selon leur échelle de mesure, voire paraîtrait-il même "plus de quatre ans", sic), alors que rien ne s'était passé de réel. Je veux dire qu'il y a peut-être eu des choses automatiques, mais comme une pierre s'abaisse ou se soulève selon la force anonyme qu'on lui applique ; rien de proprement réel au niveau de la vie concrète de ta conscience donc de ton être. Tu es encore au temps zéro. C'est le temps zéro, juste après ce qui s'est passé hier (ces ciseaux brusques qui ont choisi de te détacher et de te faire donc perdre toute attache, toute raison).
Calme-toi, tout est normal, c'est encore le temps zéro. Tout commence maintenant, c'est seulement maintenant que tu peux possiblement te rendre compte de ce qu'il s'est passé, en prendre une "mesure" proprement dite, réelle, assimilée. C'est seulement à partir de maintenant, ça y est, que tu te confrontes à l'événement, à sa violence. Avant, c'est comme si ça n'avait pas eu lieu, du moins que tu ne l'avais pas saisi comme tel. Maintenant, ça y est, ça commence, la confrontation commence, tu vas pouvoir possiblement descendre tout en bas pour y faire face, mais pas de panique, pas d'angoisse de précipitation, il n'y a pas à s'angoisser de se précipiter tout en bas, cela ne pourrait pas être autrement puisque ça y est, c'est le moment, tu es au temps zéro.
C'est le moment où tu vas enfin te rencontrer, rencontrer ton vide, le vide que tu n'as pas voulu voir (ou trop peu car trop peur) depuis "quatre ans" ou "un peu plus". D'une certaine manière, tu peux voir ça comme un soulagement. Essaie de ressentir ça comme un soulagement : oui, tu n'as plus rien que ton vide, il est à toi, tu es au temps zéro. La séparation a eu lieu hier. Tout commence et ne fait que commencer. Et c'est ce qui va prendre le plus de "temps" (le vrai). Si tu sanglotes, c'est que tu appréhendes, comme on appréhende toute traversée, tout nouvel événement. Cela vient juste d'avoir lieu. C'était hier, et aujourd'hui c'est ton temps zéro, le temps zéro de ton vide, de ton absence, de son absence due à son choix des ciseaux. Tu y entres enfin. Tu entres enfin dans la descente. La remontée n'a jamais été aussi loin (tu ne viens qu'à peine de débuter la descente), mais au moins tout est là, tu y es, consciemment. Tout commence et même si tu ne peux y faire face sans t'effondrer, c'est déjà y faire face que d'y être.
Au temps zéro.