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27 mai 2022

J'ai du mal à élucider l'enjeu de ces pleurs-ci

J'ai du mal à élucider l'enjeu de ces pleurs-ci (ceux de tout à l'heure ; je pleure à peu près tous les jours en ce moment, mais curieusement seuls ceux-ci ont pour l'instant fait l'objet d'un texte) ; disons que comme souvent, j'ai pleuré à la fois quant au passé mais pas tant par rapport – le rapport considéré en tant que tel entre passé et présent exigeant bien davantage qu'un pleur mais tout simplement une auto-désintégration de moi-même –, pas tant par rapport qu'à l'intérieur même de ce passé et simultanément quant à ce dernier ; disons que j'avais une fois de plus découvert un nouveau passage pour descendre (ou monter) ce quartier irréel dans lequel j'ai habité dans ma vraie vie (ce que je ne peux donc pas croire, ce qui est une preuve de plus qu'il est irréel puisqu'elle n'a pas pu avoir lieu, sinon je serais obligé de la considérer par rapport à celle d'aujourd'hui, la fausse, et alors je me désintégrerais) ; ce qui m'a fait pleurer, en plus de toute cette beauté, de cette nouvelle beauté localement entrevue, jusqu'alors inconnue au sein de la beauté plus générale déjà connue de ce quartier, c'est que j'ai pu passer tant d'années, quand j'y vivais, quand je vivais dans ce quartier, sans connaître ce passage en particulier ; ainsi, donc, je pleurais non seulement d'entrevoir ce quartier dans mon passé et mon passé dans ce quartier, mais en plus de me dire que certaines dimensions (dont celle-ci en particulier) m'en avaient échappé ; comment avais-je pu, littéralement passer à côté, toujours à côté ?

Qui plus est, au bout du chemin, au bout de l'escalier, tout en bas, il y a eu un chat (et même deux) ; alors, si j'ai pleuré, si j'ai encore plus pleuré, ce n'était pas seulement (une fois de plus) pour la beauté, éventuellement associée à d'autres semblables mieux connues (par la loi de contiguïté des présences animales, qui nous gouverne depuis l'animisme), c'était parce que je me suis dit : "ah et en plus, en passant à côté, je passai à côté de ce chat (et même deux) ! ai-je donc vraiment tout raté ?" ; oui, et ce n'est pas tant que, classiquement, je me suis mis à croire que l'on avait posé ici ce chat pour moi (vibration du telos sans doute nécessaire mais pas suffisante), c'est que je me suis vraiment dit qu'il avait lui aussi, comme ce quartier, comme sa beauté, toujours été là. En étant brusquement séparé d'eux, et en étant passé à côté au moment où j'aurais pu les rencontrer, les inclure pleinement dans ma vraie vie vécue, je ne pouvais que les pleurer. Encore une fois, je n'avais pas su retenir le sens, le vrai ; je m'étais laissé distraire de la réalité, tellement qu'elle paraissait irréelle, parce que trop belle ; tout ce que j'avais gagné, maintenant, c'était d'être installé à tout jamais dans le mauvais monde et sa fausseté, à force de n'avoir pas su retenir la seule vérité (dont fait partie ce quartier). 

Malgré tout, il est encore tellement là qu'il semble parfois, au sein même de mes pleurs, en ce moment même pendant ceux-ci, m'appeler ; j'y retournerai toujours, que le faux monde le veuille ou non. La vérité devra finir par l'emporter. Et là encore, sans doute, je pleurerai.

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