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Définitivement
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26 mars 2020

Quand je n'écris rien, c'est que je comprends

Quand je n'écris rien, c'est que je comprends tout, qu'il n'y a rien à redire. Quand ça reprend, c'est que je suis redevenu un peu bête.

Par exemple, j'annote ce bouquin de façon rigoureusement pertinente, je trace des interprétations qui ne regardent que ma propre recherche ; mais soudain, cette trace, cette façon de la former, de former la lettre avec le crayon me rappelle que je pourrais, si je voulais – et je l'ai longtemps voulu –, me mettre à ne considérer plus que ce façonnement, cet allant de l'agencement, du mouvement qui forme la note (et même son envie – ne tient-elle qu'à ça ?). Et alors c'est reparti dans le fait de dire que je dis ce que je dis, dans juste le langage – alors que deux secondes avant je tenais à faire apparaître avant tout le contenu en tant que démonstration, principe de division du monde. Et donc ça reprend.

Comme si ce qui comptait était avant tout le mouvement. Les carnets de course turfique de mon grand-père sont remplis de telles traces, bien qu'il considérait ce plaisir sous un jour nécessairement plus technique (si je les retrouve, je les garde à tout jamais) : il ne jouait jamais mais jouait tout le temps ; il ne pariait pas mais pariait en lui-même, pour lui-même, – ce qui nécessitait tout un travail de “veille” dirait-on aujourd'hui, de lectures-calculs-comparaisons par l'intermédiaire de toutes les sources d'informations disponibles –, déterminait l'ordre probable d'arrivée des chevaux et de leurs jockeys, voyait juste ou non, perdait ou gagnait mais sans jamais rien perdre ni gagner. C'était juste pour l'activité. 

Le sage nous dit bien que si l'on agit c'est que l'on est encore trop (é)mû. Si l'on a l'impression que je ne mène pas ces mouvements avec suffisamment de sérieux, c'est parce que je pense que le sérieux consiste à ne plus les mener.

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