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Définitivement
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17 janvier 2020

Les jeux entre animaux ne sont bien souvent

Les jeux entre animaux ne sont bien souvent décrits que sous un angle utilitariste ; il ne s'agirait pour les jeunes que de viser une finalité d'adulte accompli et fonctionnel (par exemple, devenir un bon chasseur), comme si le jeu ne pouvait pas être considéré en tant que pur mouvement vital. 

Il s'agit, pour l'humain qui choisit de décrire (et percevoir ?) les choses ainsi, de nier son propre chaos de sens, sa propre inversion des temporalités : dans les faits, ce plaisir apparemment responsable que tu prends à te perdre dans ton job, relève plus que jamais de l'enfouissement dans la dynamique ludique de ce qui se déroule ; tu semblais bien plus concentré quand tu te construisais toi-même, enfant, tes propres préoccupations ; tu te les construis toujours aujourd'hui, en dernière analyse, mais c'est plutôt l'habitude des catégories qui parle en toi.

D'une façon rigoureuse, on pourrait dire que petit, on joue non pas pour apprendre mais pour apprendre à jouer : c'est donc comme ça qu'il faudra faire pour plus tard jouer le garçon, jouer la fille, jouer le travailleur, jouer la ménagère, etc. On fait comme si on faisait déjà comme si. Est-on déjà dupe ou avons-nous conscience, en ces temps, qu'il s'agit ici de reproduire une comédie ? Il me semble qu'on semble le sentir parfois, qu'on ne nous la fait pas. On surjoue. Ce sera autre chose de s'apercevoir que le surjeu fait partie du jeu, ce sera tout de suite moins drôle. Le surjeu c'était pour montrer qu'on se tenait à distance du jeu, qu'il ne nous engageait pas encore (à cette époque) ; c'était sérieusement (et donc drôlement malicieusement) qu'on savait que c'était pour du faux. Puis on ne sait plus très bien, on se met à y croire avec des lumières plein les yeux (on devient alors ridicules).

(Savoir qu'on grandit, qu'on vieillit, ce n'est pas tellement se sentir soi-même mûrir, c'est s'apercevoir que les autres, les adultes sont mûs par des jeux. Ce n'est pas se dire “tiens mais je suis âgé”, c'est plutôt s'écrier, à la vue de nos parents : “mais ce sont des gamins, l'ont-ils donc toujours été ?”. Tout ça pour ça, alors ? Pour si peu de maîtrise ?)

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5 janvier 2020

« Oh tiens, et moi qui m'attendais à ce que ça me

« Oh tiens, et moi qui m'attendais à ce que ça me vrille l'oreille, en fait c'est du piano tout doux ! Et l'on retrouve bien là son type de mélodie, c'est tout à fait lui. »

Ces deux phrases résument tout.

La première : on est toujours agréablement surpris quand c'est doux alors que l'on s'attendait, étant donné la fraction de classe de nos goûts, à tomber encore sur quelque chose d'intraitablement strident ; eh bien non, c'est enfin normal ; plaisir de la pop au sens large et digne de ce nom qui peut se découpler ainsi (pour la démonstration, car la plupart du temps, les deux temps – sous-temps de la première phase – sont indiscernables) : “allez on s'attend à de l'intraitablement rugueux, on connaît l'bonhomme / oh tiens non, maintenant il prend enfin le temps de se pencher sur lui-même, sur la quintessence de ses mélodies jusqu'à l'os, jusqu'à ce que l'on entende juste, plus que jamais qu'il est un humain qui aime tourner de cette façon-là (et d'aucune autre, on le reconnaîtrait entre mille) le fait d'être déchiré par l'émotion ou la sensation !”.

On est donc déjà dans la deuxième phrase-phase du « c'est tout à fait lui » : et c'est vrai que c'est comme l'amour. Un jour on a entrouvert les portes de sa façon à lui, bien à lui de tourner ses mélodies (je n'ose dire sa signature tant cela aurait des accents regrettablement administratifs), parfois ça nous a pris un peu de court, ça ne ressemblait pas à ce que l'on connaissait jusqu'alors (ça ne ressemble jamais à rien de connu quand c'est digne de ce nom) et on s'est ensuite laissé porter par son identité, on a lâché notre main dans la sienne (“tiens prends ça, prends ma main pour la peine, tu m'as eu hein”) et maintenant on reconnaît à chaque fois quand il est lui car oui, c'est bien lui, il nous est apparu ainsi et depuis il nous suit au rythme du cours à la fois stable et changeant de notre perception (la base de l'amour est assuré, on sait qu'il est digne de ce nom et il évoque tant de moments vibrants à ses côtés, mais à la fois ce n'est plus tout à fait comme au début, notre regard s'est nourri des aléas traversés pendant les diverses écoutes successives parmi de nouveaux paysages qu'on n'avait pas prévus). On sait pas ce qu'on préfère : quand on entre dans l'amour et qu'on entrevoit toutes les mélodies – dérivées de son type à lui – que l'on va pouvoir vivre encore, qui nous attendent et dont on n'a pas idée, ou bien quand on le connaît depuis longtemps et que l'on peut entonner ce qu'il vit, ce que nous vivons donc avec lui, en toute complicité douillette (libéré des enjeux à proprement parler, ou plutôt, les enjeux consistant désormais à pouvoir l'écouter sans enjeux, en toute connaissance de quintessence).

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