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Définitivement
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30 mai 2016

— Les artistes semblent toujours tenir au fil qui

— Les artistes semblent toujours tenir au fil qui se déploie plutôt qu'à la parole qui lui est afférente : le fil c'est l'œuvre proprement dite ; la parole c'est le propos qui vient à l'avenant, qui se déroule comme chacun voudra bien le prendre (ce qu'on répond à « qu'avez-vous voulu dire ? » : ça change tout le temps).

– Le Savoir, lui, appuie le propos, balise le territoire : on essaie que ce ne soit pas trop mouvant, on veut vraiment comprendre ce qu'il y a à comprendre (tandis que le fil fait souvent tout pour ne pas être compris du premier coup).

Je n'ai jamais pu me situer entre les deux. Tout en gardant un certain attachement forcé pour le fil artiste (forcé car je n'ai pas les mots, je n'y peux rien ; je n'aurai jamais les mots dont il faut user dans le Savoir, pourquoi cela est-il si simple pour les autres ?), j'aimerais dire sans passer par les non-dits d'une position qui ne se conçoit que comme fil qui crée. Je voudrais construire des clés théoriques de compréhension, qu'on les voie plutôt qu'on ne les entrevoie, qu'on ne me prenne surtout pas pour un mystérieux, mais en gardant ma voix — qui est la seule possible pour moi.

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23 mai 2016

Rien de plus rassurant que de me dire que tout

Rien de plus rassurant que de me dire que tout est de ma faute. Rien à regretter puisque "je suis comme ça" ; impossible de refaire le match, je dors sur mes deux oreilles. Par contre, penser que le cadre a joué, c'est ça qui fait flancher. Là, on perd tout repère et on essaie alors vraiment (ou vainement) de construire une pensée sur les choses. Il faut se le redire encore et toujours : rien de plus rassurant que « la liberté », rien de plus inquiétant que « le déterminisme ». On bute encore et toujours dessus, on n'en sort pas. 

20 mai 2016

L'IDÉOLOGIE DE MOI La grande énigme c'est :

L'IDÉOLOGIE DE MOI

La grande énigme c'est : attendais-je tout ou rien ? Ai-je pratiqué l'attente ou la non-attente ? Les deux à la fois. Ces oppositions sont construites de toutes pièces (comme "complexe de supériorité/d'infériorité" ou "imitation/distinction" ; car quand je me sens inférieur je me sens supérieur, et quand je me distingue j'imite).

Il me semble que je savais dès le départ que je n'étais pas normal, qu'il fallait espérer que dalle. Je tentais donc les choses en ne considérant pas dans mon viseur la possibilité qu'elles avaient d'aboutir ou pas ; c'était déjà réglé, il n'y avait que moi que cela intéressait.  J'en tirais moins que le minimum vital.

Mais il me paraissait évident que j'incarnais le devenir des possibles, qu'il n'y avait pas à s'inquiéter puisque la compréhension du monde se réaliserait un jour, que je serai enfin intelligible pour qui de droit. Je n'avais donc qu'à me concentrer sur mon fil. Les regards amusés ne dureraient qu'un temps, ils finiraient par déboucher sur la communion des esprits dignes.

"Dignes" ? Parlons-en de dignité : je ne me sens pas digne de ce qui m'appelle. C'est jamais le moment, toujours trop tôt. Pas encore assez serein, encore trop tendu. Il faut que je sois en condition pour aimer ce que je veux aimer. Telle est l'attente.

19 mai 2016

L'IDÉOLOGIE DE TOUT Avant, on partait des grands

L'IDÉOLOGIE DE TOUT

Avant, on partait des grands ensembles pour arriver aux ordres intimés. Ce que l'on a appelé « la liberté » a semblé consister à faire le chemin inverse, à dire d'abord "je" pour tendre vers le tout, mais en ne questionnant guère ces ensembles conçus pour moi ; car cela serait inacceptable et l'est toujours. Sempiternelle résistance envers la science aussi bien qu'envers la spiritualité, auxquelles on préfère « la liberté » et « la religion » : on ne veut jamais expliquer la construction des ensembles, on préfère continuer à croire qu'on les façonne avec nos petites mains ou qu'ils s'imposent à nous unilatéralement, ce qui est la même chose. 

Que le bourgeois d'aujourd'hui ait comme plus grandes terreurs les sciences sociales et le voile islamique est très cohérent ; il aurait préféré que le XIXème et le XXème siècle n'existent jamais, pour son confort. Tout ce qui lui rappelle les faits prolétaires et postcoloniaux l'empêche de dormir. Son rêve, c'est le ricanement de l'abstrait désossé, du « sujet » qui s'auto-engendre et qui ne sait pas qu'il délire sans cesse. (Même Freud ne trouve plus grâce à ses yeux, c'est encore trop constructif.)

4 mai 2016

L'humour : qu'il soit mieux ou rien. Mieux que le

L'humour : qu'il soit mieux ou rien. Mieux que le sérieux, sinon c'est pas la peine. Ne pas le considérer simplement comme une façon de faire. Angle de vie à défendre en soi pour ce qu'il permet de concrètement, scientifiquement exploratoire. S'il ne peut plus être tout ça (et il est vrai que c'est rarement le cas), ayons la faculté de renouer avec le strict premier degré, dont la splendeur se trouvera ravivée comparativement à nos tentatives de drôlerie devenues décidément bien niaises, quand on y repense.

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3 mai 2016

Trois mots de plus en plus pénibles (mais s'en

Trois mots de plus en plus pénibles (mais s'en empêcher est une autre histoire)

Dignité : Je dis "pénible" mais je dois bien admettre que celui-ci laisse sans voix ; ça tombe bien, ce sont les sans-voix qui l'emploient. Avec la dignité, on sait que tu combats pour vivre, ni plus ni moins ; rien de plus mais c'est bien plus que "c'est déjà pas mal", c'est déjà tout. Et ça suffit, ça veut tout dire.

Justice : Bon, là on y arrive vraiment au pénible. Ok d'accord, je vois ce à quoi tu aspires, mais pourquoi t'immisces-tu dans le vocabulaire du droit ? Tu n'as rien à y faire, tous tes ennemis y macèrent, y paradent ! Dégueule le juste et l'injuste, tu t'en porteras mieux ! Purge-toi de ces bouts d'ailes lyriques au lieu de te les sentir pousser. 

Démocratie : Alors là, il faut déjà se penser dans une arène, dans un monde public où l'on se conduit vers. Vous ne visez donc que ça ? L'abstraction la plus plate, tellement plate que ceux d'en face l'ont plein la bouche ? Ah, vous dites qu'ils l'utilisent pour mieux tromper leur monde... Mais s'ils l'utilisent, n'est-ce donc pas qu'elle en fait partie intégrante, de leur monde ? Qu'ils n'en useraient pas si elle ne pouvait pas s'adapter à leurs formes ? Ah, vous dites que la Vraie n'a pas encore existé... Mais alors, si elle est à inventer, elle ne s'appelle pas comme cela. Cherchons autrement.

2 mai 2016

Ma vie se trouvera changée quand j'accepterai

Ma vie se trouvera changée quand j'accepterai enfin de lire ce recueil de textes de philosophes sur Le travail que je possède depuis bientôt dix ans et qui nous avait été recommandé par un professeur au ton ricanant et remontrant dans le cadre d'un cursus. Car tout y est.

Comprenons-nous bien : je ne sais pas si tout est dans ce livre, je ne m'avance pas, mais je veux dire que tout est dans ce fait de refuser de lire un livre parce qu'il a été recommandé “dans le cadre d'un cursus” par un “professeur au ton ricanant et remontrant” (comme j'en ai croisé beaucoup par la suite : notamment celui-ci, là, que je saisis dans ma mémoire, qui nous prévenait à l'avance de nos éventuelles erreurs en nous engueulant, attitude pire que celle des militants aveuglés par leur « conduite vers » : on devance l'attitude d'autrui en lui prêtant d'office une faute : réflexe de sale flic : comment peut-on décemment en faire carrière ?).

Au lieu de lire ce livre traitant de mon thème favori et au sommaire alléchant, j'ai tout arrêté, passé mon temps à auto-disserter, léché à fond ma manière de concevoir : je m'y suis complu. Les textes de philosophes, c'était juste bon pour les cursus remontrants.

La philosophie : une sorte de modèle-obstacle. Si je la hais tant, c'est parce que j'ai cru qu'elle me plaisait. Accepter d'y attraper ce qu'il y a à attraper, maintenant que mes affects me sont clairement apparus. 

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