L'IDÉOLOGIE DE MOI La grande énigme c'est :
L'IDÉOLOGIE DE MOI
La grande énigme c'est : attendais-je tout ou rien ? Ai-je pratiqué l'attente ou la non-attente ? Les deux à la fois. Ces oppositions sont construites de toutes pièces (comme "complexe de supériorité/d'infériorité" ou "imitation/distinction" ; car quand je me sens inférieur je me sens supérieur, et quand je me distingue j'imite).
Il me semble que je savais dès le départ que je n'étais pas normal, qu'il fallait espérer que dalle. Je tentais donc les choses en ne considérant pas dans mon viseur la possibilité qu'elles avaient d'aboutir ou pas ; c'était déjà réglé, il n'y avait que moi que cela intéressait. J'en tirais moins que le minimum vital.
Mais il me paraissait évident que j'incarnais le devenir des possibles, qu'il n'y avait pas à s'inquiéter puisque la compréhension du monde se réaliserait un jour, que je serai enfin intelligible pour qui de droit. Je n'avais donc qu'à me concentrer sur mon fil. Les regards amusés ne dureraient qu'un temps, ils finiraient par déboucher sur la communion des esprits dignes.
"Dignes" ? Parlons-en de dignité : je ne me sens pas digne de ce qui m'appelle. C'est jamais le moment, toujours trop tôt. Pas encore assez serein, encore trop tendu. Il faut que je sois en condition pour aimer ce que je veux aimer. Telle est l'attente.