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5 mars 2016

Le "social" et le "sociétal" ; on parle comme ça

Le "social" et le "sociétal" ; on parle comme ça de nos jours. Les mœurs et les cultures seraient "sociétales" : la cause homosexuelle est "sociétale", le féminisme est "sociétal", les minorités discriminées c'est "sociétal" voyons, l'accueil des immigrés c'est "sociétal" aussi. Les maux "sociaux" seraient ceux qui concernent le travail, la condition ouvrière, la pauvreté. Il y a toujours plus de larmes matérialistes dans le "social", on les sent au bord de nos yeux, alors que le "sociétal" semble être un luxe de militant bien nourri ou d'étranger, ce qui est la même chose : même quand l'étranger est aussi peu nourri que nous voire l'est encore moins, il ne mérite pas de l'être davantage, il reste l'étranger, à chacun ses oignons.

Dire que c'est "social", tout de suite ça remue les tripes et on sent le fardeau du prolétariat dans nos veines ; si l'on disait que le "social" était "sociétal", on aurait l'impression de n'accuser que la conjoncture de l'organisation, de laisser de côté l'injustice éternelle. Or, on rate tout. Quand je dis que la coercition salariale est un fait "sociétal" plutôt que "social", je remets vraiment en question ce que l'on appelle "société" au lieu de le graver dans des rapports qui définiraient le "social". C'est dire que le problème ne vient pas seulement d'être payé une misère ou d'être viré mais du fait même que je doive y aller moi et pas d'autres.

Renversons donc l'opposition contemporaine et rappelons-nous qu'en premier lieu, le "social" c'est les manières, les techniques, les idéaux et les amours que j'ai fini par intérioriser (tout ce qui a du mal à nous apparaître comme non-évident, tout ce que l'on juge secondaire dans nos aliénations) ; le "sociétal", c'est la place concrète à laquelle on m'a placé dans la technopole (tout ce qui semble avoir une prise extérieure sur notre vécu, que l'on accepte souvent moins). Bien sûr que ça se rejoint toujours, sinon ce serait trop simple.

Une fois que c'est plus clair, plus besoin de séparation. Intellectuellement et stratégiquement : unifions.

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