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Définitivement
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26 novembre 2014

Pourquoi c'est non, pourquoi je m'y refuse

Pourquoi c'est non, pourquoi je m'y refuse encore, pourquoi je n'ai jamais vraiment franchi le pas, pourquoi je ne m'en sens pas capable, pourquoi je ne m'y vois même pas, pourquoi je ne le conçois que difficilement :

- Déjà parce que c'est tellement important, tellement précieux qu'il faut que ça garde un statut spécial, hors-nécessités.

- Parce que j'ai toujours pensé qu'il fallait être équilibré dans sa tête pour s'y consacrer, quand bien même cela paraît peu répandu dans l'histoire. J'attends de grandir intérieurement pour prétendre à. On a chacun sa vitesse, on n'est pas tous égaux. C'est quand tout est clair là-dedans (doigt qui tapote le crâne) qu'on peut partir aux quatre vents. En attendant, réglons.

- Parce que cela me vient du tout premier artiste que j'ai aimé, qui voulait caresser le monde. Cela doit passer par une douceur teintée de lucidité (car c'est évident que j'ai envie d'aimer l'univers), ce mélange pouvant parfaitement mener à ma bizarrerie – je ne vois pas ce qu'il y a de contradictoire. Tant que celles-ci ne sont pas compréhensibles ni même parfois possibles (comme si c'était forcément spontané !), cultivons à fond le surplace qui creuse sa raison d'être. 

Je parle donc de l'art.

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24 novembre 2014

Tout comme j'étais déjà là dans les numéros "la

Tout comme j'étais déjà là dans les numéros "la perruque", "le dessert" et "l"oreille", je suis présent avec un beau texte dans le nouveau numéro du fanzine La Cacahuète (éditions du Flan), qui s'appelle "le renard". C'est un texte sur la xénophobie. J'avais d'abord tenté de faire quelque chose de plus intime mais je n'y suis pas arrivé, comme en témoignent les quatre jalons que je vous dévoile ci-dessous.

 

1. Tiens mais qui voilà ? - saynète

«Tiens, c'est quoi ce mammifère quadrupède roux là-bas, qui passe dans le pré des vaches ?»

Je savais d'avance que c'était un renard, ou plutôt je l'espérais ardemment, n'en ayant jamais vu en vrai.

«Oh, c'est juste un gros chat... me répondit-elle avant de courir chercher son appareil photo.»

Elle put l'actionner à temps puis, joie du numérique, se rendre compte en zoomant sur l'écran que c'était bien un renard, tandis que le sujet du cliché s'en était déjà allé.

C'est fou comme avec la position qu'il avait il faisait trop renard, avec la tête retournée de trois-quarts du genre «je regarde derrière moi, je suis prudent, on est le matin, je n'ai rien à faire là, je ne suis pas dupe».

Puis, quelques mois plus tard, au zoo : il fait la sieste tout ébouriffé comme un carnivore car on est l'après-midi donc on peut à peine le voir donc trop frustrant également.

 

2. allez hop vite - fil descriptif

le renard étant un animal nocturne comme tous les carnivores c'est dur d'en voir un en vrai voici donc comment je pourrais résumer les deux fois où ça a failli :

- tiens c'est quoi ce mammifère roux là-bas dans le pré des vaches ? elle va chercher appareil photo à toute vitesse pour pas le louper, moi j'espère que c'est un renard et pas seulement un gros chat, appareil photo s'enclenche, cliché numérique s'affiche, zoom : il a bien une bouille de renard avec son museau trop chou

- roh comme on est l'aprèm et que c'est un carnivore il risque de dormir (lieu : parc animalier), en effet on voit juste son pelage de beau canidé endormi, à peine sa tête dans le coltard

 

3. Comment ça fait renard ! - concordance d'insaisissabilité

La seule fois où j'ai vu un renard sur un cliché de pré matinal avec effet zoom sur petit animal furtif carnivore nocturne qui n'a rien à faire là, j'ai trouvé qu'il se la jouait renard à fond et que ma foi c'était une démarche à saluer. Rien que sa façon de se retourner de trois-quarts tout en étant appuyé sur quatre pattes (un quart ne se retournant donc pas) lui permettait d'exprimer le renard, que l'on pourrait traduire par : «On me la fait pas à moi, je regarde par-ci par-là histoire de, mais on me la fait pas». Est-ce qu'il avait conscience de faire renard à ce point ?

De nos jours, nous, nous faisons assez peu hommes. Nous accomplissons, nous nous comportons, mais nous saisissons moyennement notre essence. Même si celle-ci n'existe pas, nous nous devons au moins de la mimer comme des dératés avec un air passionné, comme ce canidé évoqué dont la signification du regard était pointée toute entière vers ce cri : «Comment je fais renard dans ta gueule !»

Presque un an plus tard, ce sera le même effet mais derrière une grille (c'était forcément le même car un animal est tous les animaux).

 

4. Comment faire renard  [plutôt qu'homme] – étude empirique

Quand tu zoomes et que par miracle tu vois apparaître la face d'un renard à l’œil furtif qui zieute au loin, tu lis tout ça dans son expression :

«Je regarde quelque part car il faut que ça se fasse. Il faut que ça se fasse mais il ne fallait pas forcément que ça se fasse [instant plutôt que destin]. Il faut que ça se fasse mais on me la fait pas [nuance], je ne suis pas dupe, on est le matin donc je n'ai rien à faire là, je suis carnivore donc nocturne donc je me dépêche de sortir du cadre.»

Oui, ça s'est passé comme ça et j'ai trouvé qu'il incarnait bien son rôle. Personne n'aurait pu le tenir à sa place car chaque individu a ses qualités propres (comme ceux qu'on voit toujours faire la sieste aux heures où l'on est de visite au zoo : eux c'est leur truc de faire renard de cette façon-là).

Ajoutons à cela une démarche correspondant en tous points à son intention [au lieu d'un comportement en vue de l'accomplissement d'une valeur n'ayant plus grand chose à voir avec l'idée de départ] et une façon de se retourner de trois-quarts [attentif à l'avant comme à l'arrière] qui indiquaient pleinement qu'il était là dans un espace à percevoir comme allant de soi [au lieu d'un lieu consciemment investi dans le but de le maîtriser].

C'est à méditer si l'on souhaite migrer d'espèce. C'est à notre portée si l'on y réfléchit un tant soit peu.

 

19 novembre 2014

«Dites-moi en long, en large et en travers

«Dites-moi en long, en large et en travers pourquoi vous avez pris une tartine de confiture ce matin.» Quand on me demande de conter mes "choix", cela revient au même (quand j'écris un mot entre guillemets c'est qu'il n'existe pas, que je ne le perçois pas) : pourquoi suis-je allé par là, ai-je dévié comme ça – tout en étant le premier à le déplorer ? Je ne sais plus du tout, quelque chose de pressant, d'oppressant devait me porter plus que tout. Ça me paraissait se justifier, je n'étais ni "anesthésié" ni "inconscient" mais simplement viscéral et depuis je déteste tant ce mot que je ne le mets même pas entre guillemets, ce serait l'amoindrir. J'avais à la fois trop de dégoûts et pas assez – pas assez car je me complaisais dans mon marasme et trop car j'avais peur de m'en extirper ; cet aveuglement me répulse aujourd'hui tout en s'ajoutant à celui que j'éprouve face au monde que je ne connais décidément pas, ce qui donne un compte encore supérieur de dégoûts – mais au moins ils se relient vertueusement : je suis curieux de les briser pour me tenir tout entier.

15 novembre 2014

Normalement, écrire et lire, c'est forcément

Normalement, écrire et lire, c'est forcément traiter de la tête et de la parole. Or, les choses qui intéressent le moins les écrivains et les lecteurs sont le déroulement des pensées et l'espace du langage ! Je ne comprends pas. C'est comme un menuisier qui me dirait "ah mais moi je fais tout sauf de la menuiserie, je plaque des histoires sur du bois". Pourquoi ne jamais vouloir prendre les choses à bras le corps ? Pourquoi toujours s'éloigner de tout par des découpages, coloriages, comptines ? C'est vraiment ce que vous aimez ? Pourquoi ne pas mourir, alors ? 

14 novembre 2014

Si encore les mots ne démontraient ni ne

Si encore les mots ne démontraient ni ne décrivaient, je pourrais les aimer. Je les aime comme ça, d'ailleurs. Quand on veut parler par écrit : essayons de ne pas exposer, ou sinon faisons de la peinture mais là on parle des mots alors c'est autre chose. Ne prouvons rien, ne perturbons pas le fil, ou alors perturbons-le tout le temps et refusons de se laisser enfermer dans un discours. Ne faisons pas qu'observer, plongeons dans ce que le fait même d'observer nous fait observer, ne faisons pas croire que le monde nous intéresse sans cesse.

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8 novembre 2014

L'un dans l'autre, c'est encore plus stupide. Au

L'un dans l'autre, c'est encore plus stupide. Au moins, l'absence de réactions stupides aux stupidités te faisait moins baigner dedans. Je rigole quand j'entends parler de la supériorité du consommacteur participatif sur le flot continu du tube cathodique à papa passif. Où est le réel progrès ? L'agression permanente par des niaiseries viscérales demeure la règle. Au moins, tu pouvais éteindre le poste ; maintenant, soi-disant tu maîtrises le rythme, mais la possibilité de t'abrutir est quantitativement décuplée. À tout prendre, je préfère rien.

Le problème reste le même : nous sommes assourdis par des gens qui disent des choses. Y mettre son grain de sel ? Notre plus grande défaite, surtout quand le nombre d'intervenants est hors de toute échelle physiquement transposable. La parole et les idées, ce sont aussi des corps. Faites tenir un espace commentaires dans une salle des fêtes, elle explose de connerie cacophonique, elle qui a pourtant l'habitude. L'inouï à viser, ce n'est pas celui-là. On s'est trompé d'inouï.

La perpétuelle discussion nous étouffe. Plutôt que de penser, on réplique que les penseurs sont trop magistraux, qu'on préfère ajouter nos phrases à leurs plans au lieu de trouver d'autres aires, que c'est ça la démocratie. On réagit à, alors qu'on devrait réfléchir sur. Je dois être présomptueux car je m'imagine souvent répondre à une interview sur ma vision du monde, comme le font les gens célèbres. C'est pourtant ça qui devrait avoir lieu : plein de reportages audio ou vidéo avec ce qu'on a à dire, mais sans commentaires en dessous, par pitié, pour préserver la parole de chacun. On aurait l'avantage de la profusion sans l'inconvénient de la liquéfaction. 

7 novembre 2014

Les deux personnes qui me manquent le plus ont

Les deux personnes qui me manquent le plus ont choisi les deux options que j'ai toujours refusées, c'est peut-être pour ça qu'elles s'éloignent insensiblement. C'est plus fort que nous. La première c'est la vie qui prévoit, qui se pose et investit. La seconde c'est la vie qui se perd librement, qui choisit délibérément la création. Jamais pu me résoudre à autre chose qu'une sorte d'injuste milieu : Immobile et agité.

Encore aujourd'hui, je me refuse à me moquer méchamment de ce refus. Il y a lâcheté, certes, mais pas seulement. S'il y a une chose dont je n'ai pas à rougir, c'est de mon absence de gouvernail, car une vie qui se met sur des rails ne regarde pas celles des autres et en vient même à les oublier. Au moins j'ai une vue d'ensemble, à défaut de connaître la mienne. Ne jamais se sentir à sa place, cela a ses délices : un curieux sentiment d'étrangeté se colle à nous comme une douce mélodie mélancolique.

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