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Définitivement
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30 avril 2014

L'autre jour, j'ai écrit dans un carnet : "Ce qui

L'autre jour, j'ai écrit dans un carnet : "Ce qui est drôle, c'est de rire qu'on puisse rire". Rire qui s'auto-engendre et qui prend conscience de la chance qu'il a d'exister et qui en est tellement content qu'il continue de plus belle ? Non, plutôt le contraire. 

Plutôt se moquer du fait qu'on ait besoin de rire de la condition humaine. Rire du fait qu'il faut rire pour supporter la vie, que cela passe par la catharsis du rire mordant ou par la légèreté du rire qui change les idées. Rire même du simple fait qu'il faille sublimer ou éclater rageusement. Trouver ça vraiment pitoyable et donc ridicule et donc hilarant, car c'est l'homme et personne d'autre que lui qui s'est créé toute cette chape civilisationnelle sous laquelle il doit rire pour à la fois s'en distancier et la prendre à bras le corps. 

On le sait bien qu'à la base c'est parce qu'on est des nullards corporellement parlant. Impossible de compter sur notre animalité ratée. Il fallait inventer un remède, l'intelligence, remède tellement précaire qu'il ne se suffit pas à lui-même : c'est quand l'intelligence fusionne avec d'autres qu'on peut survivre. Mais quand on tombe dans la fusion on ne s'en remet jamais, car il ne s'agit pas seulement de se serrer les coudes (ça, c'était déjà inscrit en nous), il faut perpétuer la cohésion par des moyens magiques, vu qu'on est les plus nullards de la nature. Les chefs sont nés et on connaît la suite.

Depuis maintenant quelques temps, le pouvoir est plus diffus, on parle même de notions comme "la liberté individuelle", "la justice sociale", "l'égalité économique" : ce sont ces notions qui sont le summum de l'humour. Car elles ne font que chercher à retrouver ce qu'on a perdu au tout début. Tout ça pour ça. Ah ben dis-donc, ça en valait la peine ! (Poum poum tchac, petit tambour de music-hall.)

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29 avril 2014

« Promis, j'essaierai de tout dire. » En

« Promis, j'essaierai de tout dire. »

En raccrochant je me rends compte que ce sont eux qui doivent tout dire.

 

Moi ça va plutôt bien avec moi, je me comprends, je me saisis ; ce sont les autres qui me renvoient une image qui me fait peur. Il faut dire que j'ai peu d'occasions de les voir. Je les ai tous invités la semaine prochaine, j'ai loué une grande salle. Ça fera une grande assemblée.

 

La psychanalyse prend le problème à l'envers : penser sur soi, les gens le font déjà toute la journée entre deux boulots ; ce que nos compagnons de vie pensent sur nous, c'est là que résident les fantasmes. C'est à eux de parler, c'est aux autres.

 

Je les ai tous eus au téléphone, ils étaient contents de venir, pour la plupart. (Ceux qui ne sont pas contents seront au moins contents de dire qu'ils n'étaient pas contents.) Pas un ne sera absent (hormis ceux que j'ai oubliés).

 

Certains sont déjà là. Ils discutent sur le perron.

Je me disais justement l'autre jour que toute notre vie (à peu près) se résume à voir des gens qui attendent debout en se parlant et en changeant de positions. Il n'est pas si souvent que ça question d'un bus ou d'un train qui s'apprête à surgir, contrairement à la croyance populaire sur le nombre de minutes passées à. Il ne s'agit même pas de moments flottants puisqu'ils s'assument : il est dit qu'il faut être là dehors avec des bras, c'est le statut de la fête. Elle a toujours déjà commencé tout en n'ayant pas encore démarré. Ce n'est pas qu'il manque quelqu'un ni qu'il manque du sens, c'est ça le sens.

Pareil pour les manifestations culturelles, des deux côtés de la barrière. Malgré l'aspect de pose calculée et hormis dans le feu de l'action, les images de nos artistes préférés nous montrent des gens posés là à être là avec leurs bras.

« Cette assemblée sera à la fois fête et manifestation, du moins c'est ce que j'espère », me dis-je en ce moment sans trop savoir ce que je dis.

 

« Comment tu vas ? » Grosse bise. C'est une amie de ma mère. Elle a à peine changé. « Quel univers créatif personnel tu avais quand tu chantais quand tu faisais tes p'tits spectacles quand tu étais petit ! » Je ne sais pas si c'était moi, mais en tout cas ça correspond avec ce que j'entendais à l'époque donc ça doit coller. (Les gens qui n'ont pas changé, c'est ce qu'ils disent de nous qui n'a pas changé.)

Oui, à l'époque j'entendais souvent des choses comme ça. Il faut croire que j'avais du mérite. Quand ai-je précisément cessé d'en avoir ? On ne peut pas faire une frise temporelle si cohérente que ça. Aucun repère ni repaire pour découvrir les clés. Chercher ailleurs.

Et nuancer. Et nuancer car j'aperçois maintenant Geoffrey, dont j'aimais bien le style (à tel point que je l'avais surnommé Alain, ça lui allait mieux), qui m'avait demandé en revenant de la piscine combien de tours de nage j'avais faits. Je ne sais plus combien j'avais répondu. Ce n'est pas tant le mensonge que je retiens dans l'histoire (je ne savais pas nager), mais c'est ce blondinet sans prénom qui, des années plus tard, m'avait dit que j'étais « tout sec » en me voyant marcher le long du bord, très peu trempé en effet, faute de capacité à. J'ai appris ensuite qu'il désignait familièrement ma maigreur. Il est là devant moi, il rigole du fait que je l'aie pris pour Alain et il suppose l'association qui a eu lieu : « Et le plus drôle c'est que tout est déjà là ! Le rapport au corps : inadaptation ou dysfonctionnement ? Insouciance ou désincarnation ? » s'esclaffe t-il. Je commence à craindre qu'ils se mettent à parler de moi au lieu de penser à travers moi, mais je le salue quand même.

 

Bon, la salle est correcte. Disons qu'elle peut accueillir tout le monde, c'est l'essentiel.

(Ce n'est pas tant que ma vie a été longue, c'est plutôt que je suis curieux de savoir ce que tous ont pensé sur moi, ce qui fait un grand nombre à tous les âges.)

Je me suis demandé dès le début quelle disposition j'allais établir, quel positionnement dans l'espace. Chacun au centre quand il parle ? Moi tout le temps au centre et les autres autour ? Je ne voulais surtout pas verser dans le tribunal : je ne dois pas être jugé pour quoi que ce soit, je dois être assailli de constats. C'est à la fois bien plus violent (car bien plus général, bien plus systématique) mais aussi bien plus avantageux car il est clair que je suis le centre des attentions (un accusé n'étant après tout qu'un objet entre les mains du droit). Va donc pour le centre de la pièce. Et si le fauteuil est confortable c'est simplement parce que ce sera long, n'attendez pas là un statut solaire !

 

Je m'étais mis d'accord avec moi-même et avec les autres concernant la nécessité d'un discours de préambule. J'en reproduis ici la conclusion, le reste n'étant que messages de bienvenue, remerciements d'avance et autres salamalecs :

« ...Et n'oubliez pas, je ne veux pas que vous parliez de moi : je n'ai pas besoin de vous pour m'évoquer ! J'aimerais que vous parliez sur moi : je veux toutes les représentations que vous avez construites par dessus ce que je vous ai montré ou que vous avez semblé voir. À bon entendeur... »

Après ça, deux ou trois personnes s'en aillent, c'était prévisible. Le bruit de la porte qui claque est aussi important que leur présence, je leur en suis reconnaissant.

 

Tiens, c'est elle qui s'avance en premier. Ma plus grande amitié ratée. On s'était comporté comme des débiles. Elle reprend une phrase qu'elle m'avait écrite (ou à peu près) :

« Je suis impressionnée par la faculté que tu as de faire fi du monde autour de toi. C'est cette faculté qui définit toute ta philosophie, aussi bien son aspect béat que son aspect frondeur à deux sous (qui reviennent au même). »

Elle a raison, je me suis rendu compte en venant que c'était assez absurde d'inviter le monde alors que je ne vis pas avec lui. Je le connais à peine.

 

Bon, je dis à tout le monde de revenir dans quelques années, quand je saurai de quoi je parle.  

 

18 avril 2014

Ça y'est, j'ai trouvé le pire mot de la langue

Ça y'est, j'ai trouvé le pire mot de la langue française : "Placer". "Placer" c'est le capitalisme et l'autoritarisme, mais pas seulement. C'est aussi l'abandon des flux de vie en littérature. C'est le refus de poursuivre une fin sans moyens (l'erreur c'est de considérer les mots comme des "moyens" qui "servent"). On ne veut plus dire (oui, dire est un verbe d'action qui peut se passer de complément), on veut "placer" pour "exprimer" ou pire, pour "installer". Je n'ai rien contre les ambiances qui sont des évidences, qui s'imposent d'elles-mêmes, mais quand on "place une ambiance" c'est un calcul intéressé, on sait bien que le but est ailleurs : on veut mener là où ce sera bien construit, consolidé, balisé. Les flux c'est fini, je vous dis.

(Au lieu de "les flux", je pourrais donner dans l'éternelle métaphore musicale qui, bien que galvaudée, reste tout à fait juste pour ma part. Dans ce cas, mon goût pour la poésie du langage serait à rapprocher de celui pour la musique pop : c'est la mélodie de la voix que je cherche. Mon goût pour la philosophie et autres sciences humaines, ce serait la musique expérimentale : tout le sel réside dans les circonvolutions que ça va prendre, à la fois cohérentes et surprenantes.)

17 avril 2014

Le matérialisme du collectionneur part de quelque

Le matérialisme du collectionneur part de quelque chose de défendable : vouloir que ses étagères lui ressemblent pour qu'il puisse se sentir bien dans son antre. Mais c'est une fois qu'il juge que ça y'est, elles lui ressemblent enfin, qu'il pourrait s'arrêter là ; eh bien non car elles ne lui ressemblent jamais assez. À force de vouloir qu'elles lui ressemblent trop (par manque de permanence de soi-même, comme pour se créer une identité fixe qui n'existe pas), elles ne lui ressembleront plus, elles seront auto-caricature, maniaqueries et extrapolations. Suivra un trop-plein salutaire qui fera un gros tri là-dedans et qui pourra recommencer à zéro en se trouvant une nouvelle passion, au départ enthousiaste et aventureuse puis envahissante et nauséeuse.

11 avril 2014

Trois autres paragraphes autobiographiques (+ un

Trois autres paragraphes autobiographiques (+ un entre parenthèses qui prend beaucoup de place car il veut démontrer)

Concernant "mon petit travail" (pour reprendre une belle expression de Robert Pinget), je suis tiraillé entre deux extrêmismes dont je dois me débarrasser : celui qui dit que tout a été dit, qu'il n'y a rien à rajouter ; celui qui dit que rien n'a été dit, qu'il y a tout à explorer. Les deux sont des illusions. Oui, j'ai déjà dit un certain nombre de choses importantes et peut-être que "tout est déjà en germe", comme on dit, mais il faut que je trouve une nouvelle manière de les dire ; et c'est cette nouvelle manière qui me permettra sûrement d'en dire d'autres.

Comme je n'avais encore rien lu jusqu'à il y a peu, je ne pouvais rien écrire qui soit de l'écriture. C'est arrivé quand ça pouvait arriver, quand les connexions ont pu se faire. Ce n'est pas forcément bien quand cela arrive trop tôt : les écrivains qui se vantent d'avoir connu les grands auteurs dès l'âge de douze ans sont bien souvent ceux qui ont le style le plus anodin, comme si monter dans le train dès le départ condamnait à devenir imitateur à chaque gare ; il faut plutôt guetter le bon wagon, à mon sens.

(De plus, ça me paraît être la pire chose que de lire ce dont on ne peut saisir le sel à aucun degré ; certes, ça peut interloquer mais ça peut aussi dégoûter. On sait très bien que la plupart des romans étudiés au collège et au lycée seront perdus, gâchés, qu'ils ne parleront à personne puisqu'ils demandent d'avoir vécu. À l'inverse, on sait très bien aussi qu'on philosophe depuis la maternelle, mais on continue à attendre le dernier moment. Cette primauté de la littérature et cette venue tardive de la philosophie m'ont toujours été incompréhensibles et ont en grande partie généré mon rejet des "histoires". Car quel autre argument que ce besoin supposé "d'histoires qui se tiennent" sert à justifier la présence littéraire massive de tous ces réalismes d'adultes ? Et qui peut encore croire que la littérature est forcément le meilleur vecteur "d'histoires" ? Faire découvrir qu'elle sert surtout à autre chose pourrait enfin lui donner une raison d'être auprès de notre génération gavée de médias narratifs en tous genres.)

Le risque que j'avais d'écrire, c'était la perte de confort, hier et aujourd'hui. Au lycée j'étais une star grâce à ma débilité autodidacte (applaudissements sincères dans les salles et les couloirs) : au sein de l'ignorance je me distingue par une certaine finesse. Par contre, au sein de la finesse je suis parmi les plus balourds. Apprendre la bonne respiration c'est toute une histoire pour ma maladresse ; ça lui suffit comme mission, comme fiction. Cela ne peut que mener à l'anonymat et à l'indifférence, mais soit.

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10 avril 2014

Trois paragraphes autobiographiques Si je me

Trois paragraphes autobiographiques

Si je me complais parfois dans la confusion de la pensée, c'est parce que la certitude, la grille bien achalandée sont mortifères, tout le monde le sait. J'arrêterai le jour où cette confusion deviendra système et par là-même posture.

Je trompe mon monde en faisant croire que "je ne crois pas en moi". Vu l'indifférence que ce monde porte à ce que je fais, vu mon insistance à en faire toujours plus ou moins, à persister quand même malgré tout, si avec ça "je ne crois pas en moi", je ne sais pas à ce que je crois ! Ou c'est peut-être juste que je n'ai rien à faire d'autre, ça peut être ça aussi.

Ou alors en fait si, on peut dire que "je ne crois pas en moi", mais c'est à un moi fixe, constatable et observable auquel je ne crois pas (et là on rejoint le premier paragraphe, magie). C'est pour ça que je ne crois pas en "l'autobiographie" comme genre. Rien ne me dit que je peux avoir affaire à des faits ou des pensées qui correspondent à une "identité", qui me "révèlent" plus que d'autres. Ce qui me "révèle", ce qui est mon "identité", c'est justement cette absence d'importance donnée aux manifestations concrètes, qu'elles soient actes ou états d'âme. Ce que je cherche en moi, ce sont les flux discordants. S'arrêter sur un moment donné ne serait que de l'arbitraire servant à "faire oeuvre". Si le but de "l'autobiographie" n'est que de "faire oeuvre", alors elle n'apporte rien (à part peut-être un plaisir masochiste à se replonger dans des choses dont on s'est déjà débarrassé mais dans lesquelles on va refouiller pour passer son temps d'artiste).

5 avril 2014

L'humour est partout et nulle part, c'est bien là

L'humour est partout et nulle part, c'est bien là son problème.

(Comme souvent, les inventions servent à tout ce à quoi elles ne doivent surtout pas servir. On aurait pu profiter de l'internet pour enfin expérimenter la lenteur et l'approfondissement, or c'est la vitesse qui a gagné une fois de plus. C'est bien une preuve que ce n'est qu'un outil, un symptôme entre les mains de nos maux.)

Tous ceux qui passent leur temps à sortir des vannes en paradant sur nos écrans, j'aurais envie de leur dire qu'ils se trompent du tout au tout, qu'ils font d'eux ce que tout le monde attend. Qu'avoir conscience de soi est la base de l'humour, or ils avancent toujours plus loin vers l'absence de conscience. À partir de là, à quoi cela sert-il d'être drôle ou pas ? Qu'est-ce que ça change ? Le plus intéressant ne serait-il pas de ne surtout pas chercher à être drôle (et c'est peut-être ça qui pourrait être vraiment drôle, d'ailleurs) ?

À l'inverse, dès qu'on parle de choses sérieuses et que l'humour devrait donc logiquement arriver pour nous rappeler le fondement des choses, il n'y a plus personne. Le trio libéralisme-nationalisme-xénophobie est devenu un sujet comme un autre que l'on détricote, alors que c'est au contraire la solidité de ses mailles qu'il faudrait interroger. Dès qu'on défend une posture (même celle de n'en défendre aucune et d'être cynique), on s'interdit d'être moqueur envers soi-même, alors que c'est ce qui ferait ressortir la solidité ou pas de nos élans. S'ils tiennent à quelque chose, l'humour servira justement à démontrer l'inconséquence et l'hypocrisie des autres. On a tout à gagner. C'est juste un risque à prendre.

(Par exemple, devant un rétif à l'immigration : lui proposer d'inventer une machine à remonter le temps qui empêche le colonialisme, comme ça les sauvages n'auront jamais découvert qu'on est des gens cool pouvant les abriter sur nos terres progressistes. Formuler les choses comme ça et voir ce qu'il répond. S'il ne répond rien, étudier sa réaction faciale sera aisé pour déterminer qui est dans la justesse des sentiments.)

2 avril 2014

Dans ce rêve, cette connaissance me disait, ou

Dans ce rêve, cette connaissance me disait, ou plutôt écrivait sur une feuille : "Peut-être qu'après tout, ce qui est puéril c'est de se creuser un chemin". Non seulement le tracer ("la voie toute tracée" déjà critiquée depuis des décennies), mais aussi le creuser, c'est-à-dire piétiner tellement les herbes et écarter tellement les branches qu'on en perd les évidences. Pour prouver ce qu'il avançait, il dessinait un pré défiguré par des circuits humains qui avaient cru qu'ainsi on allait lui donner notre figure alors qu'on lui donnait juste la forme de nos pieds et de nos véhicules. Explorer c'est souvent conquérir et conquérir c'est dénaturer à force de vouloir exulter. Et si se blottir suffisait ?

1 avril 2014

Hier soir, un mec a réitéré l'exploit de

Hier soir, un mec a réitéré l'exploit de s'adresser simultanément à soixante-six millions de Français qui lui auraient dit des choses qu'il a entendues. Prochainement, d'autres performances sont annoncées : s'adresser à une forêt, s'adresser à de l'eau qui bout, s'adresser à la musique pop, s'adresser aux intestins.

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