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Définitivement
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27 mars 2014

...Mais subir des lieux c'est aussi la naissance

...Mais subir des lieux c'est aussi la naissance du mystère, de la légende. L'enfance ce n'est que ça dans l'esprit de chacun : de drôles de circuits tortueux ou immenses que l'on a empruntés, par exemple cette descente en pierres qu'il y avait juste à côté de la fenêtre de la chambre du rez-de-chaussée. À tout jamais ça nous parlera.

...Et même l'adolescence ce sont des circuits. Même au lycée, on pouvait monter par cet escalier-ci ou par celui-là, ils se rejoignaient et on ne comprenait pas comment. (Ceux qui ont vu se développer trop tôt leur sens de l'orientation ont à tout jamais perdu une case de poésie.)

...En fait, les circuits deviennent directions quand le Travail arrive. Au Travail, on ne parcourt pas, on va quelque part. Même ceux qui ont la chance d'avoir la dimension "chercher" dans leur pratique ou leur activité sont obligés de régler le GPS. Il faut forcément délimiter la route et comprendre pourquoi, quand on se penche, on voit des marques au sol. On se doit d'identifier certaines inscriptions. Elles ne sont pas un rêve qui a sa propre logique, elles épousent le sens qui leur a été établi. "Ah, le chemin c'était donc ça et l'escalier était comme ça ! Ah okay !" Et on n'a plus qu'à mourir.

Tiens, j'ai commencé ce texte par dire qu'enfant, ça pouvait être poétique de subir, et je termine en disant qu'adulte, on souffre de cette soumission aux lieux ? Oui, car le bourreau a changé : au début c'est le mystère de l'innocence (ou l'innocence du mystère) qui fond sur nous, puis on se laisse prendre en mains par le sens. Il ne faudrait jamais se laisser prendre en mains, par personne. Même pas par le mystère ? Disons plutôt par le jeu, alors. Oui, seule possibilité de s'en sortir : persister dans le jeu. Car on est toujours le jouet de. Comme avant.

Se dire qu'en allant au Travail on participe à une grande partie d'on-ne-sait-pas-quoi (toujours le mystère), qui dure depuis des décennies (qui est-on pour sortir du rang ?), que ça nous fera des souvenirs que l'on s'efforcera de rendre quelque peu tortueux ou immenses : essayer de retrouver les circuits qui se cachent dans les directions. Un moindre mal, en quelque sorte.

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25 mars 2014

Résumé de l'épisode précédent (il faut cliquer

Résumé de l'épisode précédent

(il faut cliquer pour)

Nouvel épisode :

Possible explication de pourquoi j'ai jamais touché à cette imposante étagère de bouquins avec que du texte dedans (en plus du fait que mon crâne ne pouvait pas se concentrer sans images) : elle faisait partie du décor, un décor qui avait été posé là, dans cette nouvelle maison, par choix de mon père, parce que c'était comme ça, il avait fallu changer d'endroit (c'était beaucoup plus grand que l'appartement, je n'allais pas m'en plaindre ; même si en fait je m'en foutais). Il ne fallait pas déranger le décor, s'il était là c'est qu'il avait une raison d'être là, fallait rien perturber : un lieu est un lieu. (Encore aujourd'hui je raisonne comme ça : quand je débarque quelque part, même si c'est dans le cadre d'un travail où je suis payé pour influer sur mon milieu, je ne vais pas vouloir mettre ma main dessus, ce qui bien entendu me sera reproché.)

Ce qui pourrait encore me faire pleurer aujourd'hui, c'est de me dire que vivante, ma mère m'aurait indiqué quels bouquins attraper là-dedans. J'aurais attrapé Michaux, j'aurais attrapé Dubillard. J'aurais agrippé l'écriture, quoi. Beaucoup plus tôt. Et j'irais mieux.

21 mars 2014

"Les Français disent que", "Les Français pensent

"Les Français disent que", "Les Français pensent que", "Les Français ont voté pour", ça y'est, on va de nouveau nous faire croire qu'on est des "Français", que la radicale diversité de nos existences nous définit moins que les injonctions proférées dans la langue qui nous est commune...

François est isolé, paumé dans son goudron péri-urbain qui laisse de moins en moins de place aux vrais parfums sensitifs et autres expériences anthropologiques. Ses parents étaient bas de plafond (lui l'a un peu remonté mais n'a pas suffisamment fini les travaux pour qu'on voie réellement la différence). Dans sa tête : pas de place à la poésie irlandaise ni aux harmonies bulgares, pas l'temps pour et pas l'coeur à ; il sait qu'il a peur de quelque chose mais il peut pas bien expliquer de quoi précisément. La télé marche encore. Il a bien raison, c'est sa seule fenêtre.

De son côté, François (un homonyme) côtoie tous les jours des compagnons de vie de quartier néo-urbain en pleine transition-culturelle-qui-va-s'efforcer-d'être-naturelle. Ses parents n'aimaient déjà pas tout ce qui entravait l'autosubsistance pleine et réelle. Dans sa tête : il pense pouvoir dire ce qui est beau ou pas, juste ou non ; une confiance acquise en se laissant emporter par des flots de lignes venant de tous horizons. La télé est éteinte depuis longtemps. Il a bien raison, il peut se faire ses propres débats intérieurs.

Pour le François en chef et ceux qui commentent son intendance, les deux François précédents sont des "Français". Aucune perception ni aucune intuition n'est commune aux deux, mais c'est pas grave, on va continuer à dire que ce sont des "Français" et qu'ils "pensent que" et "disent que".

Quand est-ce qu'on acceptera de ne plus être des "Français" ?

20 mars 2014

Envie que leurs mains se rejoignent. Sa peau sur

Envie que leurs mains se rejoignent. Sa peau sur la sienne.

Trouver une bonne occasion : par exemple faire tomber leurs cuisses de poulet pour qu'ils se précipitent dans la poubelle et qu'ainsi ils joignent leurs mains pleines de graisse en pleine confusion sur laquelle appartient à qui.

Oui, envie que leurs mains se joignent. Sa peau pleine de graisse sur la sienne pleine de graisse.

Espérons que ça glissera facilement de l'assiette !

19 mars 2014

Il met la même veste tous les samedis. Allez

Il met la même veste tous les samedis. Allez savoir pourquoi !

Allez, allez-y ! Puisque je vous dis d'aller savoir pourquoi !

Puis les personnages y vont et ils en reviennent bredouille, tout en ne perdant pas espoir.

« On n'a pas trouvé la veste mais peut-être que dans cette non-veste se cache la veste... J'ai essayé de tracer des pointillés autour de la chaise où il n'y avait pas la veste, pour que peut-être la veste puisse apparaître soudainement, pour qu'elle vienne s'y loger confortablement et qu'ensuite je la découpe avec mes ciseaux mignons. »

Mais qui vous dit qu'interroger la veste va vous éclairer sur sa présence hebdomadaire, régulière et perpétuelle sur l'homme qui la porte ?

C'est le problème de l'humanité : elle prend tout par le mauvais bout (de la manche).

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18 mars 2014

On le sait, deux interprétations de la vie se

On le sait, deux interprétations de la vie se feront face à tout jamais. Lascaux c'était célébrer les animaux et à partir de là ça peut mener à deux écoles opposées : ou bien ça montre que l'essentiel pour l'humain est de se rapprocher de ses origines naturelles qui le fascinent et l'équilibrent, ou bien ça montre que sa mission est de s'éloigner de la nature pour la soumettre à sa culture.

On le sait, c'est l'éloignement qui a gagné, comme un point de non-retour.

Non-retour, on le sait, car l'éloignement ayant créé la maîtrise et par là-même la peur de ne pas maîtriser, les idoles magiques sont nées, et avec elles la servitude et la barbarie. Pour ne plus avoir peur, il fallait encore et toujours plus maîtriser. Pour enfin se penser comme volontaire et donc modifiable, la servitude devait forcément devenir démocratie. C'est un double mouvement simultané, perpétuellement lié et irréductible, qui a amené le productivisme et les libertés politiques, pour le meilleur et pour le pire.

On le sait, c'est parce que nous sommes pour la première fois dans la nécessité absolue de briser ce sac de nœuds que l'on est tout intimidé.

17 mars 2014

Si j'ai une certaine fascination pour les

Si j'ai une certaine fascination pour les idéologues connards (nationalistes, libéraux, gens de droite en général), c'est qu'à la base il y a l'incompréhension qui crie. Comme je pense sincèrement (comme tout anar normalement constitué) que l'homme naît bon, je bute sans cesse sur cette incompréhension, je me cogne sans arrêt le front et ça fait mal et je commence à en avoir tellement marre que je cherche donc à savoir pourquoi ils sont devenus comme ça dans leur vie. Je crois que j'ai raté ma vocation de psychanalyste (ou de sociologue, c'est selon).

16 mars 2014

J'alterne hypersensibilité et relative

J'alterne hypersensibilité et relative indifférence. Quand j'ai trop d'émotion je n'ai pas assez de force pour l'exprimer, du coup je rattrape ça pendant mes périodes de regard hautain sur tout. J'essaie de me souvenir de ce que j'ai éprouvé et qui n'est pas forcément daté, j'envie presque ce moi qui a été capable de ressentir des choses il y a une semaine, j'emprunte les mêmes chemins de pensée même quand ils me semblent risibles, et j'étends tout ça. On croit que c'est sous le coup du choc que je sème, alors que c'est une coquille vide qui s'innerve rétroactivement.

8 mars 2014

Il est évident que tout ouvrage libertaire, anar

Il est évident que tout ouvrage libertaire, anar ou décroissant doit avoir en exergue la phrase suivante : "Caresser un chat est aussi un travail".

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